Les volets clos
ipanema
Les volets clos, les premiers rayons de soleil, les valises posées sur le bord de l’allée jonchée de giroflées, on aperçoit la glycine entrelacée au-dessus de la terrasse.
Le décor est campé, celui d’une promesse douce - heureuse de siestes alanguies le temps d’une parenthèse bercée par un été enchanteur.
L’heure de la terrasse a sonné, a retenti l’appel pour tous les amoureux du Sud.
Une hirondelle a annoncé bien avant le retour des frêles journées d’été, des petits-déjeuners gourmands aux craquantes tartines ruisselantes de confitures du figuier et autres fruits du jardin.
Ma terrasse aux couleurs du Sud prend vie à chaque roucoulement,babillage de la fauvette, du rossignol et autres passereaux annonçant la belle saison.
Ma terrasse s’éveille à chaque nouvelle arrivée quand la poussière d’hiver s’envole à l’ouverture des volets qui claquent aux premiers rayons de soleil.
Ma terrasse du Sud balayée par le mistral, l’alizé ou le sirocco évoque avec elle la musique des longues nuits d’été qui venant du salon vient murmurer sur la terrasse comme une ultime halte paresseuse.
Tantôt pergola, varangue, hacienda, ma terrasse prend des airs de fêtes, de siestes, de salons et autres moments de causeries pour venir agrémenter ces délicieuses journées aux couleurs du Sud.
Inondée par les Lumières du Lubéron ma terrasse accueille des retours de bal, que des ballades champêtres et pittoresques aux brassées colorées de cueillettes et bouquets viennent enivrer de leurs effluves la nuit tombée.
Au ciel de l’aube, à la lueur d’un bleu suave et velouté, au premier souffle de la brise, ma terrasse s’éveille.
Sous les rayons du soleil ardant, un souffle délicat vient faire froufrouter les feuillages légers de la glycine qui accompagne les succulentes variations culinaires d’une journée désaltérée par un rosé bien frais.
Ainsi, se dégustent les pauses gourmandes ponctuées de tendres repos bercés par le chant des cigales.
Non loin de là, c’est dans la haie de pommiers que se livre le va et vient incessant des abeilles, qui, prenant le contre-pied de ces journées de flânerie à la terrasse, témoigne d’une vie laborieuse et frémissante de la ruche.
Une saison plus tard, mes hôtes viendront déguster le doux fruit du travail de nos abeilles butineuses.
Aux rythmes endiablés du Flamenco ma terrasse s’éveille sous le pas des danses chaloupées et ardentes d’un Sud tellement réchauffé !
Ma terrasse, est tout cela à la croisée des Suds, amicale, aventurière, endiablée, poète à ses heures, elle raconte d’innombrables rencontres, des aventures, des amitiés et toujours des moments partagés.
De la Provence en escapade à Capri à la croisée des chemins il n’y a qu’un pas jusqu’à Formentera.
Là-bas, j’ai croisée à l’ombre des tentures brise - soleil celle qui organise sa vie sur la terrasse baignée d’un azur éclatant.
Au rythme des brûlantes journées d’été, la dame de Formentera tisse et coud jusqu'à la nuit tombée.
De la terrasse nimbée par la brume marine, le chuchotement lointain de la houle laisse deviner si proche la mer enchanteresse.
De ces voyages n’en suis-je revenu qu’il m’en prenne a toujours visiter chaque été ma terrasse au grand Sud !
L’appel de la garrigue est aussi fort que le mistral qui souffle à hurlevent.
De thym et de sauge mêlés tous mes sens sont du Sud et font vibrer à l’unisson ma passion autant que mes songes.
Comment résister au parfum enivrant des lavandes et autres effluves qui donnent le vertige à ces moments d’été.
A pleines gorgées, les orangeades et goulées anisées rehaussent la fraîcheur tant méritée des goûters sur la terrasse.
Au fond de l’allée, sous l’ombrage des tilleuls la terrasse fixe l’horizon comme un firmament.
C’est vers l’oliveraie, l’échelle posée sur un des centenaires qui donnera l’élixir doré déposé plus tard dans de fines carafes de verre et de cristal, que l’âme du Sud se dévoilera.
Ma terrasse au grand Sud, j’en ai rêvé et je la vis à l’ombre des cannisses, dans ma cabane à Cassis, du haut de mon rocher, les pieds dans l’eau à Elounda.
Tout près des citronniers en fleurs, le murmure des fontaines nous fait deviner la douce musique dans les montagnes alentours.
De vallons pentus et arides, j’ai arpenté la garrigue et découvert comme un trésor tant de beautés aux couleurs de "Sainte Victoire".
D’ici ou d’ailleurs la terrasse est aux couleurs du Sud quand bien même à l’ardeur vacillante des rayons du soleil, le moment est venu de refermer les volets.
Les volets clos, vers un nouvel été et un prochain automne, l’hiver viendra sommeiller sur ces moments remplis des couleurs du Sud.