L'Espérou - Chap.8

marivaudelle

Je me secoue pour sortir de mes pensées. J'aperçois Catherine qui sort de je ne sais où et qui ne prend pas le chemin le plus court pour revenir à notre table, contournant celle où est assis l'homme aux cheveux blancs.
Celui-ci semble la suivre des yeux. Elle exagère !
Perdue dans mes pensées, je n'ai pas vu s'il avait regardé dans ma direction.
- Tu dragues ostensiblement, Cath ! Tu es allée aux toilettes ou simplement fait le tour du bar ?
- Il m'a regardée passer ? où est-ce toi qu'il a regardée ?
- Quand tu es revenue, passant volontairement près de lui, évidemment qu'il t'a suivi du regard. Du moins , je crois.
- Peut-être que c'est un homme fidèle ou bien il est peut-être homo.
- Il est aussi possible que lui ait pensé que nous étions en couple…
Je repensais aux années passées, à notre jeunesse, à notre amitié, notre intimité.
- Tu plaisantes ! On n'a pas l'air d'un couple de lesbiennes !
- on peut être mariée et bisexuelle, ma chérie, je ne t'apprends rien !
 
Nous sommes deux femmes, dans la quarantaine, passage difficile ; deux femmes qui ne s'apprécient pas vraiment.
Deux femmes coincées dans leurs mauvaises expériences. Bloquées par la crainte de ne pas savoir reconnaître le plaisir.
Deux femmes qui ne sont tombées que sur des hommes qui les ont plus bloquées qu'épanouies.
 
« Tu as raison, ma chérie. Je n'ai pas d'homme dans ma vie capable de m'épanouir. Toi non plus. »
- Si, j'en ai un, tu le sais bien, mais lui ne le sait pas.
- Non, je ne le crois pas. Sinon, tu ne serais pas là avec moi, mais tu serais avec lui, dans ses bras, dans son lit… »
- Je suis avec lui, c'est le problème. Il m'obsède, il m'envahit.
Tu es une femme qui essaie de se tromper elle-même, tu te réfugies dans la rêverie, l'irréel.»
- Ça te va bien ! Et toi, tu ne te trompes pas toi-même ? Sciemment ? Tu fuis tes envies, tu multiplies les rencontres et puis quoi ?
Ne regarde pas… Il nous regarde, c'est manifeste, j'aperçois un léger sourire…
« - Je ne regarde pas mais j'aimerais bien savoir qui il est. Juste comme ça…
Je sais bien qu'au fond, j'ai tort de courir partout.
Je me sens assez nulle de me satisfaire de coucheries passagères, espérant me noyer au moins dans le plaisir sexuel, dans la jouissance rapide…
En fait, je n'ai jamais retenu un homme vraiment… Je me laisse faire… Ils sont si égoïstes, les hommes, ils jouissent vite fait,
ils ronflent, au revoir et même pas merci… Pas même se soucier si nous avons eu du plaisir.
Les fesses, le cul, le petit trou, la fellation, çà m'a toujours rebuté, donné des hauts le cœur. »
- On est bien mal fabriqué, toutes les deux ! Même si je ne suis pas aussi coincée que toi, tu le sais bien.
Et pourtant… si seulement je pouvais…
  • Les hommes et les femmes ont des buts différents dans la pratique de l'amour. Donc, pour atteindre ces buts, des chemins autres. D'où ce fossé, parfois, qui les sépare et l'incompréhension réciproque qui s'installe.

    · Il y a plus de 6 ans ·
    Coquelicots

    Sy Lou

  • Une bonne vision, à mon avis, sur la vie...les hommes.
    L'amour c'est parfois douloureux, mais il faut foncer et ne rien regretter !

    · Il y a plus de 6 ans ·
    Louve blanche

    Louve

    • Merci Louve, foncer est souvent dangereux.

      · Il y a plus de 6 ans ·
      Mauve

      marivaudelle

    • Oui, mais ne rien faire peut-être frustrant et les regrets peuvent s'installer.

      · Il y a plus de 6 ans ·
      Louve blanche

      Louve

  • Deux femmes émouvantes dans leurs difficultés pour atteindre une vie heureuse et équilibrée. Leurs visions sur les hommes...

    · Il y a plus de 6 ans ·
    Oiseau... 300

    astrov

    • c'est un peu cela en effet, merci Astrov

      · Il y a plus de 6 ans ·
      Mauve

      marivaudelle

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