L’essence de la vie.

Hervé Lénervé

Après des contes trop longs, une histoire courte pour me faire pardonner.

Il y a du monde à la station-service, mais j'étais sur la réserve, je n'avais pas le choix. Heureusement, je repère une pompe désertée, il n'y avait qu'une voiture garée devant et son propriétaire était en train  de se servir. Enfin pas encore, car comme c'était une pompe automatique, il fallait rentrer sa carte bancaire avant.

Je me gare derrière et je n'en reviens toujours pas de la chance que j'ai eue. En patientant sagement pour m'occuper, je balaie d'un regard satisfait, les files de voitures qui attendent leur tour aux autres pompes surchargées et je m'aperçois que tous les conducteurs me regardent avec un air mi-fille, mi-raisin. Bien sûr, ils sont jaloux, ils n'avaient qu'à être plus rapides et c'est tout. Par contre, personne ne vient attendre derrière moi. Etrange, non ?

Ensuite, mes yeux se posent sur le gugusse à la pompe qui devrait déjà être en train de se servir de l'essence. C'est un vieux, j'appelle vieux schnocks tous ceux qui semblent être plus vieux que moi et jeunes cons, ceux qui semblent plus jeunes. Il fait chaud, par ma glace ouverte, je l'entends marmonner en lisant les messages affichés sur l'écran de la pompe.

Un, introduire sa carte bancaire ! Où ça ?

Deux, taper votre code à l'abri des regards. Putain ! C'est quoi le code déjà ? Ah le voilà, je l'ai noté, le 2, le 3, le 6, et le 9.

Trois, choisir son type de carburant. Comment je pourrais bien le savoir ? Ah, les cons !

Quatre, allez vous servir. Ça marche pas leur truc !

Cinq, POMPE HORS SERVICE ! Comment on peut se servir, s'il n'y a pas de service ? De toute façon, m'en fous, j'ai déjà le plein, c'était au cas où !

Quand je manœuvre penaud pour me coller derrière les six voitures qui attendent à la pompe voisine, je m'aperçois que tous les chauffeurs rient sous cape. Ah, les farceurs !

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