Lettre à Aphrodite
octobell
Aphrodite, Déesse de l’amour et de la beauté. Ô affreuse Aphrodite, tu m’as piégé. Mon cœur d’homme, trop peu habitué à battre, est meurtri, en lambeaux, avachi dans le fond d’un torse qui peine à se soulever. Car j’ai été terrassé par ce don que tu as donné à l’une de tes créatures : la beauté. Permets-moi de me rebeller contre cette cruelle irrégularité de la Nature, qui nous force à nous combler d’une telle futilité.
Aphrodite, dis-le moi, je t’en supplie. Rester dans l’ignorance me tue. Je meurs d’asphyxie, j’ai le souffle coupé, chaque fois que mon regard rencontre cette pure beauté. Alors oui, dis-moi : à quoi sert-elle, la beauté ?
Je n’y vois rien d’autre que la preuve de ta vilénie, un tour macabre pour nous affaiblir et t’adorer. Il n’y a pas de beauté sans amour, et plus l’amour est là, plus ta force s'accroît. L’amour se cache dans le coin d’un sourire, dans l’éclat d’une prunelle, dans le grain d’une peau ou dans le parfum de l’être aimé. L’amour rend aveugle, il nous enferme dans cette caverne où sont projetées au mur les images que seul notre cœur nous permet de voir.
Aphrodite, tu as pris ma raison en otage. Je n’ai désormais plus de distance avec le monde sauvage. Rends-la-moi ! Rends-moi ce que j’étais. Rends-moi mon indifférence, mon imperméabilité. Rends-moi mes rêves et mes utopies, et en échange, je te remets la réalité. Je ne l’aime pas. Elle n’est pas belle.
Quel mot menteur que celui-ci : réalité. Tout n’est qu’illusion, écran de fumée. Réalité pervertie par la beauté. Qu’en est-il du monde tel qu’il est ? Je dois te féliciter, Aphrodite, car tu as réussi ton œuvre. Tu es partout, dans chaque cœur, dans chaque regard. Le monde te recherche, comme si tu étais l’artefact ultime dans cette quête du bonheur. Mais l’amour n’est pas le bonheur. Je suis Galahad et j’ai regardé dans le Graal. J’y ai vu la vérité. La véritable réalité. L’amour fait mal ! Il tue ! Il me tue ! Et je vais te tuer à mon tour, car je ne veux pas être le seul à payer de ma vie dans cette lutte. Je ne crois pas en toi, Aphrodite. Je ne crois ni en l’amour, ni en la beauté.
Je me sens déjà revivre, revoir. Les nénuphars qui compressaient mes poumons se fanent et je respire à nouveau. Combien l’air est pur et le ciel est beau. Bleu. Bleu comme ses yeux. L’air a l’odeur de sa peau. Le vent a le son de sa voix.
Quelle fatalité !
Je suis condamné.
Condamné à l’aimer.
Magnifique ! Je n'ai pas d'autres mots ! Je dirais même : masterpiece !! CdC donc, évidemment parce que là... là... MAIS LA !!! Rafistoleuse a raison, c'est réellement une nouvelle facette de ton écriture, quelque chose de neuf et c'est comme si, à travers ce texte, tu livrais quelque chose de toi... J'aime, j'aime, j'aime !!
· Il y a plus de 11 ans ·elhys
Je redécouvre une autre facette de ton écriture et j'aime énormément.
· Il y a plus de 11 ans ·Tout est transcrit avec intensité, l'abandon de soi, la fatalité, la passion, les tiraillements ... tout ça, tu l'a décrit très justement. C'est magnifique.
CDC de Waow.
rafistoleuse
Merci à vous ! :)
· Il y a plus de 11 ans ·octobell
C'est magnifique! Et puis ça change de s'adresser à une déesse comme ça.
· Il y a plus de 11 ans ·alcestelechat
Confession d'un cœur amoureux ! Entre négation et soumission à Aphrodite ! CDC
· Il y a plus de 11 ans ·matt-anasazi