Lettre à ma petite personne

compteclos

 Chère petite personne,

Et souffle le vent de l'hiver, il paraît que Janvier est un mois à suicide. Il ne sera pas mon mois.

Je veux mourir sous un soleil brulant, la seringue dans le bras, ne plus tergiverser sur ce monde qui n'en vaut plus la peine à cause de ces Ignorants, ces abrutis d'Hommes aux convictions douteuses et aux pratiques malsaines. Je suis néfaste paraît-il. Mais néfaste pour qui ? Est-ce que vous vous êtes regardés ?

J'ai, toujours, assumé mes choix, mes erreurs, mes fautes, mes raisons.

J'ai su pardonner lorsqu'il le fallait. Aujourd'hui, je n'ai plus rien à me reprocher, je peux enfin mourir en paix. Mais, je ne sais pas, quelque chose me bloque, quelque chose d'oppressant qui me maintient sous l'eau, qui m'empêche de remonter à la surface.

Peut-être est-ce la mort de cette femme que j'aimais tant, peut-être est-ce l'approche imminente de la mort de mon papy, peut-être est-ce la dépression de ma mère, ou bien, ma propre dépression.

Non, je ne suis plus en dépression, je l'ai vaincu.

Arrêtes de délirer, t'as replongé bien comme il faut. T'es même pas foutu de faire ton deuil. Et puis, tu te prends pour qui à faire ces leçons de morale sur le monde dans lequel tu vis et essaie chaque jour de t'intégrer ?

 

J'suis une marginale, depuis que je sais parler. J'ai toujours été exclu, comme si l'étiquette «  ne m'approchez pas » était collée sur mon front.

Sûrement est-ce ainsi. Sûrement était-ce mon Destin.

Qu'est-ce que tu racontes encore... Tu n'as jamais cru au Destin, pauvre idiote.

Alors, je continue, j'essaie de ne pas lâcher, j'essaie de résister à la tentation. L'appel de la lame est sanglant, je le sais. L'appel de la lame ? Dur de résister.

Je craquerai à nouveau, peut-être. Mais je lutterai quand même, toujours.

On me dit «  forte », « battante ». À moi de leur prouver qu'ils n'ont pas tort, à moi de ne pas cesser de me battre pour ma propre vie. Chacun est maître de son existence, autant faut-il savoir se saisir des rennes.

T'es complètement folle, tu dis aux autres de tenir « leurs rennes », alors que tu as lâché les tiens il y a de cela bien longtemps !

Je vais arrêter cette lettre ici. Mes pensées m'empêchent d'y voir clair.

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