Lettre à mon amour
medusa
Tu sais, j'ai écris pas mal de choses sur toi.
Des textes, des bribes de poèmes, quelques bouts de pensées, d'amour parfois de chagrin parsemé de colère.
Notre histoire ne peut être comme mes précédentes tout simplement parce que t'aimer est un véritable combat contre moi-même. Un combat permanent.
Prendre le risque de t'aimer, c'est prendre le risque de te laisser me détruire. Chaque être humain sur cette planète vit des épreuves. Énormément d'épreuves, parfois. Des épreuves qui laissent des traces, des marques, certaines blessures restent indélébiles et perdurent pendant des années, voire pour toujours.
J'ai eu cet homme qui me battait, cet homme que je craignais, cet homme qui m'éclatait la tête contre les vitres des magasins, cet homme qui me menaçait au couteau, quasiment un soir sur trois. Cet homme qui m'a étranglé, cet homme qui a voulu me tuer. J'ai réussi m'échapper ce jour-là. J'ai eu énormément de chance de survivre ,ce jour-là. J'en suis consciente. Je remercie la vie de m'avoir épargné de ses mains de bourreaux ce matin-là.
Il y a aussi eu tous ces hommes qui m'ont violé. Qui m'ont touché, pénétré, sans mon accord. Malgré les larmes, les cris, les « non », et puis parfois ,pendant ces longs silences de torture où aucun mot ne pouvait sortir de ma bouche. Tétanisée, incapable de bouger, de murmurer, de pleurer. Les sens en alerte mais comme coupés. Comme si mon corps entier était sur pause alors que mon cerveau hurlait.
J'ai connu l'humiliation, la trahison, le harcèlement, la maltraitance psychologique, parfois physique. Je n'ai pas eu la meilleure des familles. J'ai eu de celle qui détruit.
Je ne t'écris pas tout cela pour me faire plaindre ou pour que tu aies pitié, loin de là. Au contraire, cela me rendrait furieuse que tu ressentes ces sentiments envers moi. Je te dis cela pour que tu comprennes.
Le chemin pour arriver à la personne que je suis à été très long. Je m'affirme aujourd'hui, je vis, aujourd'hui. Mais j'ai ces peurs encore enfouies qui parfois, prennent le dessus.
Je suis terrorisée. Je suis terrifiée Jacques.
Je t'aime. Je t'aime si fort. Notre amour est beau, pur et doux. Mais parfois tout vole en éclats. Alors, dans ces moment-là, j'explose, puis je fuis. Mon cerveau panique. Alors, je choisis la voie qui m'épargnera ; la fuite.
Je t'ai jeté tellement de fois. Dès la moindre dispute. Dès la moindre once de paranoïa.
Tu sais, je me suis longuement dit, à plusieurs reprises, que je n'étais sûrement pas prête, que je devais encore attendre un peu.
Continuer à préférer ma solitude.
Celle que j'ai appris à tant aimer. Celle que je haïssais avant de m'avoir choisi.
Et puis, j'ai compris. J'ai compris que c'était avec toi, que je devais travailler tout ça, que je devais avancer. Je sais que tu ne crois pas en beaucoup de ces choses qui m'animent. Je sais que parfois ta patience n'est pas ta principale qualité. Mais, je pense qu'avec un peu de ton amour, tu sauras me rassurer. J'ai peur de mal faire, j'ai peur que tu me fasses mal.
J'ai peur que tu changes, j'ai peur que tu me laisses.
J'ai toujours eu l'impression que les autres restaient des inconnus, même lorsque nous partagions tout. Qu'il y avait toujours ce moment où l'Autre se métamorphosait et devenait cet inconnu dangereux qui menaçait ma vie et ma santé.
Alors je me suis réfugiée avec moi-même, dans cette petite boîte qu'est mon cerveau. J'ai préféré m'éloigner de tous ceux que je pouvais aimer.
Fuir est devenu tellement plus facile au fils des mois.
Mais, je t'aime. Et je n'arrive pas à changer ça. Et au fond, je crois que je ne le veux même pas.
Je ne veux pas changer ça.
Je t'aime. Et je ne veux pas te changer.
Je t'aime. Et je ne veux pas que tu me changes.
Tu es beau sous les aurores qui se lèvent, de tous ces matins que l'on partage et pour tous ceux que l'on partagera.
Le chemin sera encore long avant de pouvoir te faire confiance. Avant d'arriver à vouloir réellement tout te donner sans condition, à fermer les yeux et à te laisser nous guider.
Je me choisirai toujours. Mais si tu savais à quel point j'ai envie de te choisir, de nous choisir.
Je vais avoir besoin de toi pour tout cela.
Si tu acceptes de vraiment faire ce chemin avec moi tu dois prendre conscience de tout ce que cela implique.
Toi qui aime que tout soit clair, limpide, sans prise de tête, tu risque être un peu bousculé. Ta zone de confort risque d'être un peu perturbée.
Mais, au fond, tu as aussi besoin de ça. Et, tu le sais.
Tu ne m'aimes pas sans raison.
Vois comme nos traits parfois se mélangent. Vois comme nos manques parfois, résonnent ensemble.
Laisse nous nous élever ensemble.
Si tu l'acceptes, choisis moi, choisis toi, choisis nous, toi aussi.
Merci pour ce texte.
· Il y a presque 3 ans ·Laurent Cacciatore
Quelle belle déclaration ! Votre lucidité est plus qu'émouvante !
· Il y a presque 3 ans ·Gabriel Meunier