Lettre ouverte
Thomas Toledo
Ou bleue.
Voilà. Je tenais donc, ce soir, à remercier chaleureusement M. Petitsaintleu sans qui, à l'heure actuelle d'aujourd'hui (oui je fais de monstrueuses fautes de français et je vous merdoie), je serais très probablement en train de faire n'importe quoi ce soir, comme par exemple poursuivre ma certification de développeur frontend.
Et donc, puisque Petitsaintleu s'est retrouvé accroché aux wagons de mon train absurde, je vous propose de le retrouver alors qu'il partage ses radis avec une saleuse de la DDE...
Cela faisait désormais quatre heures que les ouvriers de la DDE dégustaient de succulents radis à bord de leur saleuse. À leur côtés, un homme d'âge moyen, à l'apparence moyenne et à la moyenne moyenne moyen moyen moyen moyen.
Deux phrases, et déjà l'auteur pétait les plombs tandis que les joyeux drilles faisaient une pause dans leur pique-nique pour reprendre leur souffle et, surtout, ne pas se brusquer. Il aurait été tout à fait dommage de se froisser un muscle, et pour cause : on était le 23 juillet, et déjà des ralentissements avaient lieu sur les routes qu'ils arpentaient.
Dans un premier temps, parce qu'une saleuse n'avait rien à foutre sur les routes un mois de juillet. En effet, il eu été préférable de la sortir durant le chassé croisé des juilletistes et des aoûtiens, ces derniers étant désignés par un mot qui rappelait celui de cette immonde bestiole qu'était l'aoûtat, et ce afin d'engranger le plus efficacement et le plus sûrement possible une partie réussie de DDE.
Dans un second temps, parce que "les conditions météorologiques nous obligeaient à ralentir le traffic".
La SNCF venait donc d'entrer dans la partie tandis que les trains, eux, rechignaient à entrer en gare. Petitsaintleu, qui était à la base ici pour choper le train de donze heures moins le tiers en provenance d'On-Ne-Sait-Où et en direction de Nulle-Part, devint soudain très attentif.
Les oreilles aux aguets, l'oeil vif et la verve prête à être dégainée à la moindre entourloupe, il imposa le silence sur les routes. Cela faisait bien longtemps que les voitures ne circulaient plus à cause de la saleuse. Et, désormais, doucement, en essayant vainement de faire le moins de bruit possible, certaines d'entre-elles reculaient, s'écrasant au ralenti sur d'autres, trop captivées par la scène qui se jouait devant leurs phares ébahis.
Les ouvriers de la DDE, que d'habitude rien n'effrayait, se réfugièrent dans leur casque comme de doux escargots se repliant sous leur carapace. La tension monta d'un cran. Les oiseaux s'arrêterent de voler et allèrent s'écraser comme des endives dans les champs environnants.
Délicatement, en prenant soin de ne faire aucun bruit, Petitsaintleu descendit de la saleuse. Soudain, un inconscient klaxonna, avant de se prendre un radis, habilement lancé par notre ami dans sa tête. Un coup de maître. Le bruit du klaxon s'évanouit comme une trompette qu'on étouffe avec du jambon.
Et puis le monde explosa. Doublant soudainement la saleuse, le train de l'absurde entra en gare sans s'arrêter. Les conducteurs se mirent à klaxonner à tout va, les endives se remirent à voler et du jambon jaillit en mille feux d'artifices depuis des trompettes qu'on savait pas ce qu'elles fichaient ici. On aperçu par la suite de nombreuses personnes se défenestrer depuis leurs voitures pour au final rater leur coup et retomber mollement le long de la vitre.
Puis ce fut au tour des Artilleurs à Poivre et des Saleurs de Radis de charger dans toute cette salade composée. Dès lors, le croupier l'annonça, fatidique, terrible : les jeux étaient faits, plus rien n'allait. Il fallait miser le 32, rouge, mais Petitsaintleu n'avait plus le temps. Courant à côté du train, un grapin dans la main, l'autre extrémité accrochée à son tracteur, il essayait tant bien que mal de s'y accrocher avant de comprendre qu'il n'irait jamais assez vite.
Alors, dans un dernier élan d'espoir, comme le premier jet de l'artiste qui se dessine sur la feuille, notre ami tendit sa carte imaginaire pour finalement voir le train partir et disparaître dans l'horizon lointain.
Essouflé, en sueur après une telle course, Petitsaintleu se retourna pour regagne son tracteur. Ce fut à ce moment là qu'il réalisa qu'il ne se trouvait, pour ainsi dire, Nulle-Part.
L'exploration allait pouvoir commencer.
A ce train-là, vous risquez de trouver quelques wagons de plus, dont voici le mien ( et non, je ne dégaine pas plus vite que mon ombre moi, il m'aura fallu plus de temps pour relever le défi petisaintleuïen )
· Il y a environ 9 ans ·http://welovewords.com/documents/who-let-the-dogs-out
fionavanessa
Traffic, c'est en anglais m'sieur. Je le sais, j'habite Saint-Denis, ville d'importants trafics.
· Il y a environ 9 ans ·petisaintleu