Lettre ouverte à l'enfant de demain
Solenne Hernandez
Le temps de ton premier sourire, de tes premières larmes, de ta première inspiration, ou tout simplement celui du premier battement de ton cœur n'est pas encore venu, et pourtant, on parle déjà énormément de toi, par ici. On parle de toi, et de tout ce qui serait soit-disant idéal pour ton équilibre. Oui, on te prend comme prétexte pour mener des combats contre des principes fondamentaux, comme l'égalité. Ca me désole, sois-en sûr, et je ne peux laisser toutes ces choses se dire sans intervenir. Laisse-moi donc te raconter ce qui t'attend.
Tu vas rapidement t'apercevoir qu'il existe de nombreuses personnes qui en plus de se mêler de ce qui ne les regardent pas, se permettent de protester et de lutter non pas pour leurs droits, mais pour éviter que tout le monde puisse bénéficier de ces droits dont eux-mêmes ne sauraient pas se passer. Oui, c'est étrange, n'est-ce pas ? Ces personnes luttent contre le droit des autres d'avoir le choix de faire ce qu'ils veulent de leur vie. De prendre des décisions, tout comme elles en prennent de façon légitime, sans que qui que ce soit ne vienne remettre cela en cause.
Et en plus de lutter en clamant haut et fort que leur vision des choses est la seule et unique vision qu'il faille accepter, ces personnes se permettent de juger ceux dont l'opinion oserait différer. Ceux dont le comportement ne coïncide pas avec ce sacro-saint schéma qu'elles épousent et affectionnent tant, sans réfléchir à des façons simples et concrètes de l'améliorer, dans le respect et la tolérance d'autrui. Oui, tu le verras par toi-même, il y a des combats qui se mènent, et qui en laissent beaucoup perplexes, tant ils touchent à des changements qui pourraient s'opérer de façon naturelle.
Sache-le, quelle que soit la famille dans laquelle tu grandiras et recevras de l'amour, elle ne sera aucunement inférieure à une autre famille. Peut-être que tu auras un père et une mère, peut-être que tu auras deux pères, ou deux mères. Peut-être que tu ne seras élevé que par l'un des deux. Peut-être. Mais tu seras chéri, aimé, et protégé de la même façon. Ne crois pas qu'il y a plus d'amour dans un modèle que dans un autre. Ne crois pas que tu as deux pères, deux pères, une seule mère, ou un seul père, parce que personne d'autre n'aura voulu de toi. Ne crois pas qu'ils s'occuperont de toi et t'aimeront par dépit. Ne crois rien de tout ce que ceux qui ne comprennent pas et n'acceptent pas pourront venir te raconter. Ne crois que ce que tu verras, et ressentiras. Ne crois qu'en tout cet amour que tu recevras.
Ne crois pas que tu ne ferais que de la cuisine et de la couture avec une mère, ou que du bricolage et des parties de pêche avec un père. Ne te laisse pas dire que chacun n'a qu'un rôle et qu'il doit s'y tenir. Sois libre d'être qui tu es, de penser ce que tu penses et de ressentir ce que tu ressens. Ne laisse personne te dire ce que tu dois croire, ce pourquoi tu dois te battre, ce que tu dois faire, ce que tu dois regretter.
Tu te poseras sans doute des questions, quand tu glisseras un œil vers les familles de tes amis. Et ce sera normal ! Tant de différences ! Celui-ci aura deux papas, celle-ci aura un père et une mère, et elle, elle aura un père, une mère et une belle-mère. Lui, il ne vivra qu'avec son père et ses sœurs, tandis que cet autre aura deux mamans, et un papa. Ca en fait, des familles différentes. Et oui, tu auras envie de comprendre pourquoi.
Certains te parleront alors d'égoïsme, et pointeront du doigt ces parents qui ont pensé à eux avant de penser à toi. Et pourtant, tu es le centre de leurs préoccupations depuis des années. Eux qu'on pointe du doigt, savent t'aimer, t'éduquer, et te guider mieux que personne d'autre. Ils répondront à toutes tes questions, et t'expliqueront que la vie, et sa richesse, se trouvent dans la différence. Que c'est cette différence qui est notre véritable ressemblance, et que c'est elle qui rend la vie si belle et si pleine de surprises. Ils t'expliqueront que la différence n'est pas à craindre. Qu'elle se comprend, et s'accepte aussi facilement qu'un sourire. Ils t'apprendront à la respecter, à l'aimer, et à ne même plus la remarquer, tant elle te semblera naturelle. Tant tu comprendras que finalement, ces gens que tu pensais différents te ressemblent, au fond.
Je ne serai alors jamais désolée pour toi, mais bel et bien heureuse que tu connaisses l'amour d'une famille, la chaleur d'un foyer, les sourires dans le cœur et les souvenirs d'une enfance heureuse et emplie d'amour. Je sais la chance que tu auras de grandir entouré, par des parents qui feront rimer ta vie avec bonheur, quoi que ceux qui ne sont pas capables de le comprendre puissent bien en dire.
Et je me battrai, toujours, pour que tu puisses connaître ce bonheur, cette richesse, et cette merveilleuse vie qui t'attendent. Je me battrai toujours pour que chacun soit libre d'aimer qui il souhaite. Je me battrai toujours pour que quand viendra le temps ton premier sourire, de tes premières larmes, de ta première inspiration, ou tout simplement celui du premier battement de ton cœur, les choses aient changé.
Nous sommes riches de nos différences et les partager demande de la tolérance !
· Il y a presque 12 ans ·Michele Hardenne
partagé sur ce sujet, ce texte apporte un autre point de vue, mais mettre la technique au service de la procréation (on peur aller jusqu'au clonage ) me laisse perplexe
· Il y a presque 12 ans ·franek
En effet, bravo ! Merci à Célestin du partage.
· Il y a presque 12 ans ·Le jour où le regard de la société changera, on aura avancé d'un grand pas. Malheureusement pas gagné...
Mathieu Jaegert