L’Europe

Je sais, l'évènement n'a pas été très relayé par les médias… Pardon ? Pas du tout ! Oui ! Ok, admettons ! Donc, je vous le dis pour éclairer votre lanterne : « Hervé Lénervé est sorti de la Zone Euro ! »

Effectivement, pas plus tard que la veille d'un autre jour pour être plus précis, je me suis déclaré à la mairie de mon petit pat'lin, patelin, palatin, comme ne voulant plus faire partie de la zone euro.

Mon geste peut paraître symbolique, certes, pourtant j'attends, j'espère faire des émules. Aussi je vais vous décrire quelles sont les conséquences pour un simple citoyen lambda, comme moi, de ne plus faire partie de l'Europe ?

Faisons le bilan, quelles ont sont les avantages et les inconvénients ?

Je commence par les avantages, c'est plus rapide… il n'y en a aucun ! Ça c'est fait ! Maintenant les inconvénients au quotidien.

Le premier, mais pas des moindres, la monnaie. J'ai repris les sesterces. C'est une monnaie qui en vaut bien une autre, mais qui n'a aucune équivalence avec l'euro, le dollar ou même le dong vietnamien, car les bureaux de change ne l'échange pas et les commerçants sont réticents à remplir leur caisse de ferraille toute rouillée et grossièrement poinçonnée. En clair, votre patrimoine en liquidité n'existe plus. Ou en plus clair encore, toutes vos économies… y'en a plus ! Envolées, disparonez, vos épargnes en cash. Cela comprend aussi, vos assurances vie, vos fonds de placements, vos caisses de pensions et de retraites, vos dissimulations aux îles Caïmans. Il ne vous reste que vos biens immobiliers qui ne peuvent pas être vendus à moins de trouver un Centurion qui aurait encore plein de sesterces dans ses bourses. Donc, je ne vous prends pas en traître, sachez qu'avant quand j'étais encore Européen, j'étais un nantis, aujourd'hui je suis libre, mais je suis un mendiant qui ne peut pas mendier, car je n'accepte pas l'euro vade retro !

Deuxième inconvénient, vous ne pouvez plus sortir du territoire, car vous n'êtes plus considéré comme français. En refusant individuellement l'Europe, vous perdez votre nationalité nationale. Vous êtes devenu unique ! Unique, mais apatride et comme il est interdit d'être apatride, vous êtes un délinquant répréhensible par la Justice d'un Etat qui n'est plus le vôtre.

Actuellement, comme je suis encore le seul dans ce cas unique. Je me suis réparti les fonctions comme suit :

Président de la zone France, hors euro, monsieur Hervé Lénervé. Premier ministre du gouvernement de la zone pas  Franche, hors euro, monsieur Hervé Lénervé et ainsi de suite… Je suis le premier et le dernier homme de mon non-Etat.

Mais tout cela c'était avant ! Aujourd'hui, je mène une campagne pour expliquer mon choix et la situation particulière qu'engendre d'un tel choix. Sincèrement, je reste assez confiant pour la suite, car le public à mes conférences semble intéressé et même franchement enthousiaste, si je me fie aux exclamations résonnant dans les salles !

« Encore ! Une autre ! Raconte celle des deux fous qui repeignent le plafond ! T'as pas une clope ? Grahoubala ! Grahoubalai ! Grahoubalaichaud ! »

C'est vrai que je ne suis conférencier que dans l'asile psychiatrique qui a bien voulu m'héberger et m'aider à monter le projet de ma petite Nation Personnelle. Les psychiatres se sont montrés attentifs en prenant des notes, alors que les banquiers ne m'avaient même pas écouté et s'était contenté, sans fondement, à me faire mettre dehors, à coups de pied dans le fondement, par la sécurité.

Bref ! Rejoignez mon mouvement, les amis, il y a de la place pour chacun et même pour tous, dans mon nouveau Pays. Je vous joins un bulletin d'adhésion par pigeon voyageur. Verser vos dons uniquement en sesterces directement dans la poubelle, je passerai relever les compteurs une fois par kilomètres parcourus. Optez pour la liberté de vie, mais pas pour celle de penser, car ça fait du mal à la tête de dedans, là, sous le crâne, il y a la plage. Merci ! Mer morte et mort à l'euro ! Eh, t'as pas un clope ?