L'homme assis

Corvus Corax

Lorsque les ombres s'agitent sur les parois humides, d'autres gisent sur ce sol que l'on a oublié...

  L'imbécile heureux sur son trône d'Homme assis, regarde ce qu'on lui montre. Il jouit et il pleure par ce regard, mais sa peau, elle, ne ressent plus que la surface rêche et tiède de son ennui.
Tant pis, il l'a oublié cette peau.

  L'Homme assis ne fait qu'entendre et regarder, mais il ne sait plus ni voir, ni écouter. Et quand il parle, ce sont ses oreilles et ses yeux qui murmurent.
  Lorsque les silhouettes sur la pierre lui disent, ses oreilles, abaissées comme celles d'un chien battu, accueillent ces marées de mots et les laissent croupir dans le marécage qui lui sert de cerveau.
   Ces eaux s'enfoncent dans la glaise de sa peau molle et ressortent quand il pisse et quand il parle (c'est pareil !).

  Mais ses yeux ! Ah ! Ces yeux ! Arides, assoiffés de sang, de foutre et d'horreurs. Ils procurent la nourriture que réclament les vermines et parasites qui prospèrent dans les étangs de son crâne.

  L'Homme assis, tellement activé à complaire sa passivité, tellement occupé à combler son ennui...

  -Il faudrait du feu pour ainsi assécher ces mares boueuses et brûler ces orbites gloutonnes qui lui servent d'yeux !-


Image : Bronze de Christophe Rouleau
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