L'homme du 4ème

Nikita Jones

Pour un homme carmin.

Sa porte était fermée, et de l'extérieur, les voisins ne se demandaient pas qui était l'homme du 4ème, ils ne se souciaient de rien, quand ses cheveux de jais flottaient tout autour de lui, pendant qu'il montait lentement les étages interminables de son appartement, au beau milieu de la nuit.  

A son arrivée, la pièce se couvrait d'un voile de fumée, et les lumières rouges se reflétaient sur le mur tandis qu'il posa sur une chaise son manteau rouge, puis s'allongea dans son lit rouge et commença à découvrir les premières pages d'un roman à couverture rouge. L'homme du 4ème était un homme carmin. 

Un thé froid sur la table, des instruments de musique éparpillés, des portes ne menant pas bien loin et des femmes, qui allaient et venaient, qui vivaient encore dans sa tête, même des heures après.

L'homme du 4ème ouvrait les yeux quand son coeur le désirait, ses yeux sombres, mais ses yeux verts quand-même. Il fronçait les sourcils quand le soleil zénithal le saluait depuis la fenêtre de sa chambre-salon.

Que pouvait-on savoir de cet homme de grande taille qui, marchant dans la rue sous la nuit tombante, ne vous adressait pas le moindre regard ? Ce fantôme translucide demeurant paisiblement dans les rues de la ville, suivi par l'air entraînant d'un duo de guitares.

Qui sait ce que l'on pouvait trouver en franchissant ce paillasson ancien ? Qui sait combien de fois ses vinyles ont tourné ? Peut-être plus de fois que toutes les têtes qu'il avait fait danser ces derniers soirs. Il sourit dans un dernier souffle de fumée et alors, des ombres se mirent à se mouvoir et s'agiter au-dessus de sa tête. Allait-il être surpris cette fois ? Il aimait les surprises. C'est ce que l'on disait.

Des fois, il s'absentait des jours durant, laissant le monde à sa réalité, tandis qu'il vibrait dans les bras chaleureux d'une énième partition musicale.

Si on le voulait vraiment, à une heure trop tardive, en regardant par le trou de la serrure, on pouvait apercevoir une ombre mystérieuse.                                                       

Peut-être était-ce l'ombre de celui que l'on appelle communément: l'homme du 4ème.


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