Libellule
Christian Boscus
Libellule
Je vous ai vu passer un jour sous ma fenêtre…
Depuis, je ne dors plus avant de me soumettre
Au supplice de l’écrit… et sur des kilomètres
Je dépose mes mots sur des milliers de pages
En mélangeant ma joie et un zeste de rage
Car votre cœur est pris, par un autre, en otage.
Lorsque je vous ai vu, j’aurai dû vous faire boire
Un filtre qui efface toute votre mémoire :
Vos ébats avec lui en tutu dans le noir…
J’aurai dû l’écarter, simplement par la ruse
Lui offrir un billet pour l’or de Syracuse
Le perdre en Australie au-milieu des méduses…
Lorsque je vous ai vue passer courte-vêtue
Petite libellule volant sans sa vertu
Mon cœur a rebondi… J’ai dit : je suis foutu
Mais non ! J’étais vivant, pour la première fois
Et mes yeux éblouis et mon âme en émoi
Ont joué du hautbois… Assez parlé de moi !
Vous sembliez voler telle une libellule
Au-dessus des cailloux, des ronces qui pullulent
Au-dessus de la foule qui tremble et gesticule…
J’ai couru pour vous voir, vous parler, vous connaître
J’ai été pétrifié au soleil de votre être
Je n’avais plus de mots ; j’inventais des peut-être …
J’aurai voulu rester dans cet instant radieux
Les yeux tout ébahis à l’abri de vos yeux
Ecouter votre voix éclabousser les cieux
Et poser des étoiles… en plein jour… Ca alors !
Ça ne s’est jamais vu, même en technicolor
Vous êtes sorcière… aux dons multicolores.
Vous êtes magnifique ! Juste avec un sourire
Vous pourriez provoquer une foule en délire
Et moi je serai là, aussi, pour applaudir.
Les taches de rousseurs semées sur votre peau
Sont des étoiles d’or saupoudrées en copeaux
Par un peintre céleste éperdu du pinceau.
Votre chevelure fauve, qu’un moindre vent taquine
Donne à votre élégance une saveur rouquine.
Ah, si vous étiez moi, vous seriez coquine !
En écoutant mes mots frapper à votre oreille
Vous laisseriez tomber le coquin qui sommeille
Parfois à vos côtés … Avant qu’il se réveille
Vous fileriez en douce avec moi sur la lune.
Je saurai vous combler et soigner tous vos rhumes
Et poser de l’amour au-dessous de vos plumes…
Profitez donc du vent qui soulève les ailes !
Venez jouer à l’aigle dans mon ciel sans javel !
C’est si bon de planer près des neiges éternelles !
Charmant!
· Il y a environ 12 ans ·Frédéric Cogno
C'est doux, comme un songe d'enfant, mais racontés par des yeux d'adultes plus si enfant que ça. Merci pour ce poème de beau matin !
· Il y a environ 12 ans ·Lézard Des Dunes