L'inspiration

lespizzasjoey

Tu écris pendant des années et des années, et tu te retrouves comme une conne un soir devant une feuille blanche, sans la moindre idée des mots que tu vas glisser dessus. D'ailleurs les mots n'ont jamais glissé, ni sur une feuille de papier, ni sur ta bouche ou celle d'une autre. Ils n'ont fait que t'effleurer, et puis ils sont partis. Quelques fois, quelques fois seulement, tu les retrouves pour quelques heures de nostalgie, et tu les manies avec autant de dextérité qu'avant. Parce qu'il fût un temps où tu savais écrire même si tu n'avais pas de talent.

Ce n'est pas l'angoisse, c'est l'insatisfaction qui traverse le vide. Ton vide. Tu n'as plus les mots, tu ne sais plus écrire comme avant, tu te tortures l'esprit au lieu de te laisser aller à l'émotion. Tu ne te laisses pas submerger, tu t'effondres.
Ce n'est pas de l'angoisse que tu éprouves mais de la honte. Tes mains de chaque côté de la tête te disent qu'elles ne savent plus quoi faire pour t'aider. Le stylo sur la feuille blanche ne veut pas les rejoindre et encore moins griffonner quelque chose. Même pas un mot, même pas une lettre. Rien. Le vide.


Tu ne peux pas réfléchir, pas comme ça, alors que le brouillard a envahi ce qui te restait d'espoir. Tu as l'impression de te cogner contre des parois inconnues. Tu as mal aux épaules, ta gorge devient sèche, ta langue rugueuse. Tu trembles un peu. Une goutte de sueur tombe sur ta joue, ou bien est-ce une larme... Tu ne sais pas. Tu ne sais plus rien. Tu te crois perdue, totalement perdue dans un monde que tu ne connais pas.

Et pourtant, dans ce chaos tu as appris une chose merveilleuse : l'écriture ne se commande pas.

Tu as connu ta première panne d'inspiration, et tu as tout remis en question. Tu as souffert sans pouvoir faire glisser les mots hors de ta bouche, ou de tes mains. 

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