L'intrigante passagère

Chris D

Un homme doit se rendre en train à une conférence, ce qui ne l'enchante guère... Durant le trajet, il va vivre l'expérience la plus érotique de toute sa vie.

Ce lundi, malgré ce soleil magnifique de mai,  je m'éveille avec une appréhension. Me rendre à ce congrès, à plus de deux cents kilomètres, ne me ravit pas. En plus en train! Je déteste prendre le train, tous ces gens qui se bousculent, la proximité avec des inconnus … Vraiment pas pour moi !

Le bruit de la douche me tire de mes pensées et la voix de Sarah emplit la salle de bain. Elle fredonne, son habitude du matin. J'aime ça, l'entendre me fait sourire, elle chante faux mais sa bonne humeur est contagieuse. Cela me fait repenser à notre conversation d'hier soir, peut-être pourrait-elle en effet apporter quelques affaires de chez elle.

Sarah, une serviette nouée à la taille, fait irruption dans la chambre. Après un regard entendu sur ses seins luisants d'eau, je m'extirpe rapidement du lit et l'attrape par derrière avant qu'elle ne file. Je la tourne vers le miroir sur pieds, ainsi enlacés, nos regards se croisent.  Mon torse, encore chaud de la chaleur du lit, se couvre de frissons au contact de son dos trempé. En remontant les mains sur ses seins, je lui chuchote à l'oreille : - Rien que de voir  ton corps mouillé me fait bander.

Pour étayer mes propos, je me presse contre ses fesses.

-  Deux minutes, par derrière, contre l'évier. Juste le temps dont j'ai besoin.

Elle me sourit d'un air contrit tout en s'éclipsant.

- Ton train part dans une heure. Tu sais qu'on doit se dépêcher et je dois te conduire à la gare. Tu te souviens, c'est moi qui garde ta voiture…

Elle me regarde avec un regard taquin, elle sait à quel point l'idée du train me fait horreur. D'accord, que cette journée commence ! J'y survivrais même sans câlin du matin.

Habillé de mon trois pièces marron, j'attends sur le quai, moins bondé que je ne pensais. Je trouve un wagon presque vide et m'y installe.

Je sors directement ma tablette, il me reste un dossier d'analyse à lire sur le sujet de la conférence. Après cette lecture, je serais plus à même d'essayer de comprendre ce qui va être dit. J'ai déjà lu deux pages, je les ai même comprises, lorsque de nouveaux passagers embarquent. Un jeune homme vient s'asseoir à côté de moi et une dame en face. Le train redémarre et je replonge le nez sur ma tablette.

Après quelques minutes, j'étouffe un bâillement en levant la tête. Deux grands yeux marron me fixent. La jeune femme assise en face de moi, que dis-je, la magnifique jeune femme assise en face de moi, a son regard braqué sur moi. Ses lèvres ébauchent un sourire embarrassé et elle tourne la tête pour regarder par la fenêtre. Je me fais des idées ou elle me reluquait carrément ? Perturbé, je recommence à lire sans conviction. Je ne peux m'empêcher de jeter un œil à ses chaussures. Noires, petit talon, pas trop haut, ouvertes qui découvrent des orteils vernis en gris clair. J'avoue, mon regard monte. Ses jambes, bronzées, dorées plutôt. Une jupe au-dessus des genoux, également noire. Un joli chemisier blanc avec des coutures en dentelle au niveau du décolleté….

Que suis-je en train de faire, je ne suis pas du style à se rincer l'œil, d'ailleurs, je ne supporte pas ce type de personnage. Je remarque bien si une femme est jolie ou pas, mais ça s'arrête là.

Pourtant, ce décolleté…. A la bordure de la dentelle, de façon discrète, se dessine la naissance de ses seins. Dorés, comme ses jambes. Mon regard s'attarde, je n'y peux rien, comme un instinct primitif. Je relève le regard pour croiser ses yeux noisette. Pendant un temps qui me semble interminable, je me plonge, me noie dans ce regard. J'ai une boule au ventre et au fond de la gorge, terriblement embarrassé et interloqué par ce qui se passe mais je maintiens ce moment. Je ne suis pas habitué à ce qui se produit. Je sais être un bel homme mais je n'ai jamais ressenti le besoin d'en user. Là, en ce moment, j'ai envie de plaire, de lui plaire.

 Elle ébauche un sourire. La forme de ses lèvres me bouleversent, pleines, gourmandes. Je ne fais rien de mal, je la regarde. Elle croise les jambes et dans son langage corporel, je crois comprendre qu'elle me donne son accord. Mes yeux redescendent sur ses jambes, les formes cachées sous la jupe, le petit triangle entre ses seins, son cou, son menton, ses lèvres.

Pas habitué à porter un pantalon de costume, je réalise soudain que mon sexe gorgé, pratiquement prêt à exploser, fait une bosse absolument impossible à cacher dans ce genre de tissu. De la façon la plus discrète, j'essaie de changer de position lorsque ma compagne de voyage toussote. Mort de honte, j'ose lui jeter un coup d'œil pour me rendre compte qu'elle regarde sans gêne mon appendice. Elle penche alors la tête avec un air coquin voulant clairement dire « alors, moi, je n'ai pas le droit de regarder ! »

Ah, elle veut jouer… Je suis mal à l'aise, on est dans un train! Mais, j'ai envie de jouer moi aussi. Elle m'électrise, me fascine, mais je ne connais pas les règles de son jeu…

Elle chipote soudain dans son sac, pour en sortir une tablette, un morceau de papier et un stylo. Elle griffonne quelques instants, si bien que je me dis que son petit manège s'arrête là. Ok, c'était marrant. Je suis prêt à me replonger dans ma lecture lorsqu'elle me tend le bout de papier. Ce que j'y lis, attise ma curiosité:«voici mon adresse mail, voulez-vous discuter discrètement pendant le trajet ? »

Je vais directement sur ma messagerie et envoie donc un message à mon inconnue.

           -Salut

Je sais, je manque d'originalité mais que pourrais-je écrire d'autres ? Le message en retour ne tarde pas.

- Salut, c'est la première fois que je vous voie dans ce train ?

- Oui, je vais juste à une conférence. Vous voulez discuter avec moi mais on ne se connait pas, de quoi pourrions-nous bien parler ?

- Et bien, vous me regardez et je vous regarde …

Elle est directe! Le rouge me monte aux joues. Je sens que la situation va un peu trop loin.

- Je suis désolé si je vous ai laissé penser que…enfin, je suis avec quelqu'un.

- On ne fait rien de mal. On va juste discuter et à la fin du trajet, salut et on effacera cette conversation ainsi que nos mails. Ok ?

- Ok

Nous discutons ainsi sur nos vies respectives, le travail et sans que je m'en rende compte, je suis déjà à la moitié du trajet. Je passe un bon moment. Nous ponctuons nos échanges écrits par des sourires, des regards. En n'attendant rien de plus, je redirige la conversation.

-         C'est vrai, je vous regardais tantôt. J'étais un peu charmé.

-         Je suis vexée sur le un peu……j'avais cru voir que vous étiez un peu plus que charmé …. Vous me plaisez et c'est réciproque … allez, c'est juste des mots …

Pris de cours par sa réponse, je reste interdit. Si je continue à communiquer avec elle, je sais que l'on va jouer un petit jeu dangereux et coquin. J'écris …

-         Vous me plaisez aussi

-         Allez, juste des mots, qu'est-ce qui vous plait chez moi. Qu'est-ce qui vous a fait bander ?

Après avoir lu sa réponse, je redresse la tête pour la regarder. Loin d'être intimidée par ce qu'elle a écrit, elle me fixe droit dans les yeux. Je comprends que le jeu commence vraiment. Avoir ce type de conversation dans un train, au milieu du monde est grisant et terriblement excitant. Ok, ma belle, tu veux jouer, moi aussi.

La dentelle sur tes seins, tes yeux, ta bouche. J'adore ta bouche.

Elle étouffe un petit bruit dans sa main en lisant, je crois qu'elle ne me croyait pas capable de rétorquer à ses avances. Je suis plutôt fier de moi, aussi je continue sans lui laisser le temps de répondre.

- Tes jambes que j'ai eu envie d'écarter.

- on se tutoie déjà

Je ricane de sa réplique, serait-elle déjà à court d'arguments ?

Oui, vu la tournure des choses, j'ai pris la liberté de te tutoyer ! Choquée ?

Agréablement choquée, que voudrais-tu faire une fois mes jambes écartées ?

J'imagine un shorty en dentelle comme ton chemisier, Je l'enlève délicatement, je le mets dans ma poche. Je relève ta jupe et te fais avancer sur la banquette.

Nous ne nous regardons plus, en tout cas, moi, je n'ose plus. Je reste la tête penchée sur ma tablette ; je bois ce qu'elle écrit.

-   Dis-moi ce que tu me fais après. 

-  Rien. Je ne te fais rien. Je m'assieds confortablement et je regarde. Je regarde en détail ton sexe, ton clitoris, probablement gonflé d'envie de ma langue; ta fente, humide.

Et là, je la regarde, pendant qu'elle lit. Sa respiration est rapide. Ses seins se soulèvent à chaque inspiration.Je fais mouche et j'ai de plus en plus envie de jouer. La réplique arrive et me laisse la bouche sèche.

J'écarte mes lèvres avec mes doigts pour mieux m'exposer à toi. J'ai envie de sentir ta langue. J'ai envie que tu me lèches. J'ai envie que tu suces mon clitoris de plus en plus fort, jusqu'à m'en laisser des marques de suçons. Je ne porte pas de shorty, j'ai un ensemble slip et soutien-gorge mauve pâle. Regarde …

Elle fait bouger ses cheveux de manière naturelle et se gratte l'épaule de manière à dévoiler la bride de sa lingerie. J'ai l'impression d'avoir quinze ans tant cette simple vue m'excite. J'avoue qu'elle sait très bien y faire…

 

Très douée, ou plutôt extrêmement. Tu avais déjà discuté comme ça avec un inconnu en lui montrant tes dessous?

- Je sais que l'on pourrait le croire mais c'est totalement inédit! Je ne sais pas, tu m'as plu et voilà …

J'entends l'annonce de ma destination et ressens une immense déception.

-  Je vais bientôt descendre, zut! J'ai adoré ça …

-  Moi aussi, j'ai adoré! J'ai une idée …. Sors par l'avant du wagon.

Sur cette réponse, elle se lève et se dirige vers cette direction.

Je me lève à mon tour et arrive devant la porte mais aucune trace d'elle. Au moment où le train s'arrête, quand tout espoir me quitte, elle sort des toilettes. Sa main effleure la mienne et y laisse un souvenir.

Sur le quai, comme un abruti, je regarde le train s'éloigner en glissant dans ma poche le tissu que m'a laissé cette intrigante passagère. Je n'ai pas pris la peine de le regarder mais je sais que sa couleur est mauve pâle et que sa présence et le souvenir qu'il laisse m'empêcheront d'écouter le moindre mot de cette conférence.

 

 

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