Livre-toi à moi

Etienne Bou

Il y a-t-il meilleure création que l'écriture ? Je ne pense pas. 

Il faudrait nobéliser l'idée, féliciter le premier homme qui a retranscrit une image, une lettre, un mot, une phrase. Bordel, ça relève du génie ! J'aurais aimé assister au tout premier trait de conscience de transcription. La main posée, le geste serein mais dément de se lancer dans l'inconnu puis… ça y est, l'humanisation de l'être par la lettre. La genèse de notre éternité. Quelle bête folle a animé cet illuminé ? Je ne sais. Mais nous lui devons tout à ce jour... Ce pouvoir démiurgique et instinctif esquissant l'ère de la créativité. Merci à la Mésopotamie d'avoir enregistré la parole, telle la première pellicule photo de la verve du monde. Une sorte de 16 :9eme, format large, de notre liberté idéologique. Nous pouvions dès lors tout exprimer : les émotions, les ressentis, les vécus, les pensées, les créations, les objections… 

Permettre d'ouvrir le monde à une autre réalité de folie Prométhéenne. Et oui car si Prométhée a offert la condition par le feu, alors l'écrit a permis l'évolution par la rédaction. Alec jacta es, nous serons vivant mes frères ! Laissez fleurir la prose qui inonde vos lèvres, gravez votre philosophie à l'encre de vos passions, démocratisez vos pensées en un flot de traits inachevés, c'est notre héritage, c'est notre avenir. 

Et puis, comme j'aime à le dire, c'est au fil de la ligne que s'effilent les copeaux de nos maux... 

Alors libérons nous... Prenons la plume... Eternisons notre existence...

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