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Louve

Avec les mots : percuter - échine - navigation - phare - parfait.
Ce soir-là, comme tous les soirs, Mallory rentrait chez lui, après sa journée de travail à la ville. Pour cela, avant de rejoindre son village, il devait longer une partie de la forêt de Brocéliande. Il ne se lassait pas d’en admirer les grands arbres rongés de mousse, dont les branches, cependant légères, s’étalaient en une tonnelle au-dessus de la route. Il lui semblait que leur feuillage voulait furtivement le caresser au passage. Cependant, à cette heure, le vent secouait furieusement les branches et des trombes d’eau faisaient comme NAVIGUER, son véhicule de droite et de gauche, sur la petite route de campagne, bien sombre à cette heure. Quand soudain, dans les PHARES, il eut juste le temps d’entrevoir l’animal. Pas moyen de s’arrêter bien sûr, et la biche, car c’en était une, fut PERCUTEE de plein fouet. Mallory n’était certes pas PARFAIT, mais jamais il ne se serait enfui. Abandonnant sa voiture quelques mètres plus loin, il courut vers le bosquet où la bête s’était terrée. Mallory se laissa tomber à genoux, à son flanc. Sous l’ ECHINE ensanglantée, un cœur battait encore. De grands yeux apeurés, suppliants, l’accueillirent cependant avec reconnaissance. Rassemblant ses forces, il entreprit de soulever la biche mais voilà qu’elle se révéla d’une légèreté incroyable. Il lui sembla même sentir ses pattes se nouer autour de son cou. Lorsqu’il la déposa sur la banquette arrière, il faillit tomber à la renverse : devant lui, une jolie et gracieuse jeune femme lui souriait. Une hallucination ! Il ferma un instant les yeux et lorsqu’il les rouvrit, la biche, haletante, le scrutait d’un regard à la fois profond et doux. Cela ne me vaut rien d’avoir écouté, gamin, au coin de l’âtre, les histoires des anciens, sur la forêt de Brocéliande, songea Mallory. Il se rendit le plus vite possible chez le vétérinaire, qui était devenu un ami, car il prenait soin de ses chiens depuis bien longtemps déjà. Il souleva délicatement la biche, qui lui sembla encore une fois, vraiment très légère. -Vite, je l’ai renversée, je ne sais pas si elle vivra longtemps ? -C’est ta nouvelle conquête ! lui répondit, hilare, l’homme qui se tenait devant lui. - Tu as une façon bien originale de faire les présentations. -Oui…bredouilla Mallory, en déposant la jolie créature sur le sol. -Elle n’est pas blessée, mais elle est vraiment habillée très légèrement…lança l’homme soudain perplexe. Mallory, retira vivement sa veste et recouvrit les épaules dénudées de la jeune femme, qui ne portait qu’une robe couleur ciel, d’une transparence inouïe. -Entrez, avant qu’elle ne prenne froid, ajouta le spécialiste. -Non…nous sommes pressés en fait, une autre fois ! Cette fois, sans aucune aide, la demoiselle marcha jusqu’à la voiture et se réinstalla, d’elle-même, sur la banquette arrière. Je deviens complètement fou, pensa Mallory, en s’installant au volant. Mais que faire à présent ? -Ramène-moi dans ma forêt petit homme ! Qui avait parlé ? Mallory se retourna. La biche était de nouveau là, le sang sur son échine avait disparu, elle semblait avoir retrouvé toute sa forme. -Merci pour ton aide Mallory, tu as un grand cœur, mais ça, je le savais depuis le temps que je te vois passer sur cette route. Je voulais juste faire un peu mieux ta connaissance. -Mais qui êtes-vous au juste ? -Je suis la fée Morgane, tous les elfes de la forêt sont mes amis. De temps à autre je me transforme, en biche par exemple… -Mais quelle imprudence, nous aurions pu nous tuer tous les deux ! Non pas, une fée ne meurt jamais, et il ne te serait rien arrivé, tu étais sous ma protection. Mallory, encore abasourdi, reprit la route en sens inverse et lorsqu’à l’orée du bois, il ouvrit la portière, il n’eut que le temps, une fois encore, d’apercevoir la gracieuse biche s’échapper sous les frondaisons. Depuis, il ne se passa pas un seul dimanche où Mallory ne partit pas s’égarer dans la mystérieuse forêt et parfois il lui semblait entendre des chuchotements, des petits rires au creux des mousses, sous le berceau du feuillage. Une fois, une fois seulement, il l’entrevit là-bas, sous le couvert des arbres, mais il savait, il savait qu’elle était toujours là, non loin de lui, et cela lui faisait vraiment chaud au cœur. -Quant à son ami, le vétérinaire, un jour que celui-ci, lui posait la question : -Et alors, c’est déjà fini avec ta belle ? -Hé, oui, mais je sais qu’elle pense encore à moi, quelle ne m’oubliera jamais… Tandis qu’il s’adressait à l’homme, ce qu’il vit alors le cloua sur place : devant lui, se dressait un splendide cerf ! -Je n’en doute pas mon ami, je n’en doute pas ! rétorqua ce dernier. La forêt de Brocéliande ne prenait-elle pas, peu à peu, possession du village et de ses habitants… ???
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