L'oncle d'Amérique

aile68

Plus on faisait de bêtises, plus il nous pardonnait, plus on disait de bêtises, plus il nous aimait, il était comme ça notre oncle. Il avait vu l'Amérique, il nous la racontait comme si elle était sienne. New-York, Little Italy, les bonnes odeurs des épiceries italiennes, les filles émancipées qui travaillaient. Il voulait encore voir sa mère avant qu'elle parte, il était là depuis trois mois, et resterait encore autant, il était venu avec sa fille aînée qui portait le même prénom que moi, et que notre grand-mère: Maria. En Amérique il avait débuté comme vendeur de cacahuètes et de pop-corn, on le voyait  l'après-midi avec son matériel, dans les avenues et les parcs, tout petit bonhomme à la voix chantante, les yeux souriants, qui vous disaient toute la saveur de son pays. Les mois et les années passant il a ouvert un drugstore, dans Brooklin, y avait bien des jaloux, mais il avait ses méthodes pour les éloigner ou s'en faire des collègues. La mafia il a pas voulu y tremper, il ne payait ses taxes, trop fort mon oncle! Avec lui on allait le soir sur la place, et on mangeait des glaces au citron, les meilleures, il nous offrait des petits cadeaux, un tambourin, un ballon en plastique avec sa petite raquette, il était gentil et avait de l'argent. Sa fille avait appris la langue de son père rapidement, le napolitain en fait, que nous parlions seulement avec la famille d'Italie. Durant les vacances d'été il en arrivait de partout, de France, d'Allemagne (ceux d'Allemagne avaient les plus grosses voitures), et de l'Italie du Nord. J'aimais ce mélange cosmopolite. ça faisait de grandes tablées joyeuses, où la pasta, le vin et le melon rouge ( la pastèque par chez nous) étaient à l'honneur. Les grands profitaient de ces heures délicieuses et reculaient l'heure du départ jusqu'à la nuit.

Plus on faisait de bêtises plus il nous aimait notre oncle, il portait le nom d'un ange, Gabriele, il est rentré dans son pays d'adoption avec sa fille en bateau. On s'était promis de se revoir, il nous reste des photos et quelques souvenir, moi j'étais petite, j'avais l'âge de faire plein de bêtises, il m'aimait bien mon oncle d'Amérique.

  • Comme Marie, j'ai lu l'amie prodigieuse....et j'ai aussi le souvenir d'un oncle qui me lisait des poèmes de son cru, avec qui je me promenais et allais au cinéma.nous étions si complices ! comme je l'aimais !
    Un beau texte Aile !

    · Il y a plus de 4 ans ·
    Louve blanche

    Louve

    • Merci ce texte fictif me rappelle plein de souvenirs de vacances entourée de ma famille d'ici et d'ailleurs. C'est beau d'avoir eu un oncle comme le tien!

      · Il y a plus de 4 ans ·
      Coucou plage 300

      aile68

  • Un texte vraiment touchant...merci Aile Ton texte me fait penser quelque part à l'Amie prodigieuse d'Elena Ferrante :)

    · Il y a plus de 4 ans ·
    W

    marielesmots

    • Merci Marie. Je ne connais L'amie prodigieuse que de nom, il a fait l'objet de feuilletons télévisés en Italie.

      · Il y a plus de 4 ans ·
      Coucou plage 300

      aile68

    • Et en France aussi, une écrivaine irrégulière dans l'intensité de ses récits ! assez surprenant !

      · Il y a plus de 4 ans ·
      W

      marielesmots

    • Merci pour l'info!

      · Il y a plus de 4 ans ·
      Coucou plage 300

      aile68

Signaler ce texte