L'oreiller et l'édredon

tolum

Dans un grand lit,
Au fond d’une ancienne et noble maison,
Arriva un oreiller tout neuf et bien garni.

Aussitôt, il s’en prit au vieil édredon
Qui s’étalait, la panse rebondie,
Dans sa  housse  défraîchie :
Eh, je vous plains, gros mollasson,
Avec votre mine de vieux chiffon !
Moi, je suis garanti
Ergonomique et anti-acarien,
Vous êtes décati
Et ne semblez plus bon à rien.
Mon maître sera heureux de me confier son front.,
A vous, il ne laisse  que son bedon,
Et ses  petons en roupillons.
Vos plumes sont  fanées, depuis longtemps démodées,
Je vous préviens, on va bientôt vous jeter…
Le soir vint, la nuit tomba,
Le vieil homme se coucha,
Se tourna et retourna,
Se mettant à maugréer,
Tâtant longtemps l’oreiller,
Finalement il le jeta. :
« Félicité, ma chérie, s’il te plaît,
Rapporte-moi le polochon
Qui  va si bien avec notre édredon,
Et qui met nos deux têtes à l’unisson. »

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