Love

little-wing

L'amour n'a pas de couleur. Pas de sexe, pas de forme. Pas de sens, pas de raison, pas de pourquoi. Il n'a pas non plus d'âge.

L'amour n'a pas de règles.

On est amoureux et c'est tout. Comme ça, sans se poser des questions. On ne range pas l'amour dans une case. Et pourtant, on le stigmatise. On le martyrise. On pose des limites. Voler, oui, mais à condition de redescendre. L'amour, oui, mais pour tout le monde. Pas se placer au-dessus des autres. Pas de jaloux.

Ça devient dangereux, l'amour. Une substance secrète. Une drogue échangée entre deux bouches frauduleuses. L'amour devient l'emblème des rebels, de ceux qui osent afficher leur bonheur. Se tenir par la main ? Quand on déroge aux normes ? Quand on n'est pas un homme et une femme du même milieu ?

L'amour nous tombe dessus mais s'il se trompe ? On nie ? On cherche à nier, à oublier. C'est nous que nous trompons. On s'imagine alors aimer quelqu'un d'autre, la « bonne personne ». Celle avec qui il est correct d'être. On épouse une image. On rentre dans un moule. Non, on baigne déjà dedans, tout noyé, depuis les premiers pas.

Les riches avec les riches, un homme avec une femme, à peu près le même âge, et après ?

Un homme et un homme qui s'affichent, ça fait toujours jaser, ça apparaît dans les tabloïds, un scandale, des gens atterrés de voir ça en pleine rue alors qu'on voit des jeunes impudiques se bécoter tous les jours. On voit des hommes mater des femmes, rigoler, et c'est normal. On voit des femmes séduire des hommes, adresser des regards lourds de sens, et c'est normal.

L'amour, c'est pas fait pour être normal. C'est fait pour être extraordinaire. Lumineux. Un feu d'artifice dans le ventre, le plaisir diffusé dans les veines par une simple présence, un simple regard. Peu importe la personne, l'âme sœur, à qui il est destiné.

« Oui, mon fils, j'accepte ta petite-amie mais tu ne feras pas ta vie avec elle. » « Ton amie est homosexuelle, ma fille, mais tu ne l'es pas pour autant n'est-ce pas ? » « J'ai vu ton meilleur ami embrasser un autre gars… heureusement qu'il n'a pas flashé sur moi ! »

J'ai honte pour ces gens qui sont incapables de voir plus grand. Incapable de ressentir avec plus de force. Pleurer de bonheur, pleurer d'amour. Incapable de découvrir plus que l'inconnu.

Ils s'attendent que même les petites choses de la vie entrent dans des cases spécifiques. Parqués, comme dans un zoo. Où est le plaisir de la surprise ?

L'amour n'a pas règles.

Il est là et c'est déjà un exploit. Etre amoureux… une drogue de privilégiés. L'amour, faut avoir les couilles de l'assumer. Le fabriquer tous les jours, en même quantité. Vivre l'explosion des synapses. Bander, jouir. Rire. Enlacer, embrasser. Aimer à s'en faire mal. Eprouver le manque. Réclamer d'autres pulsations dévastatrices. Et vivre avec.

Vivre avec, aux yeux de tous. Parce que l'amour, c'est beau. Peu importe qui, comment, pourquoi. Etre deux, c'est être déjà plus fort.

L'amour c'est déjà suffisamment intense pour pas qu'en plus on rajoute le stresse des regards des autres. Tant que tu aimes, vis-le. On sait jamais, ça pourrait ne pas durer.

C'est aussi ça avec l'amour, il nous tombe dessus d'accord, mais après il nous laisse pantelant, blessé - une flèche dans le cœur, à terre. Quand il n'est plus là, on doit se relever tout seul. Apprendre à aimer, tout seul, sans l'exaltation du début. Et ça, peu importe qui, homme et homme, femme et femme, milieux opposés, âges différents.

Peu importe qui l'on est, l'amour fait autant de dégâts. Autant de bien. Autant d'heureux… Des chanceux.

Alors, quand on l'a, pitié, ne le lâchez pas.

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