Lucie.(1)

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« Quand tu entres dans une forêt de macaques, ce qui surprend le plus outre l'odeur de beurre de cacao en suspens, c'est l'amour qui s'en dégage... ça copule de partout ! Les branches branlent dans tous les sens et ça couine à tous les étages ! »

Lucie rentrait ravie de son voyage d'études en Indonésie. Missionnée par un grand groupe alimentaire pour comptabiliser les palmiers afin d'évaluer le stock d'huile restant, elle semblait toute ressourcée. Elle enchaînait merveille sur merveille.

« C'était trop de la balle ! J'ai vécu des trucs de ouf ! »

« Comme quoi ? »

« Ben par exemple, le truc le plus dingue qui me soit arrivée, c'est quand un petit ouistiti est venu sur mon épaule ! »

« Pour quoi faire ? »

« Ben j'sais pas, ça devait lui plaire ! »

« Qu'est-ce qu'il t'a dit ? »

« Ben rien ! C'était un ouistiti ! »

« T'as pas essayé de lui parler ? »

« Pour lui dire quoi ? Pfff ! »

« Ben moi mon chat, quand il vient sur mon épaule, je lui tape la discute ! »

« Déconne ! Tu parles à ton Kiki ? T'as pas reçu la foudre ?»

«  Pourquoi que j'aurais reçu la foudre ? ! Ça se fait de parler aux animaux ! Robert Redford il murmure bien aux oreilles des chevaux dans L'homme qui murmurait aux oreilles des chevaux, alors pourquoi que moi je taperais pas la discute à mon chat sur mon épaule quand il est sur mon épaule ? »

« Ouais mais quand même ! Tu peux pas comparer un cheval à un minou... ça a pas la même gueule ! T'as une photo, une vidéo qui montre ?»

Lucie avait besoin de certitudes pour pouvoir avancer dans la vie. Tant qu'elle n'avait pas vu de ses propres yeux ce qu'il fallait voir avec les siens, elle ne manquait pas de vous exprimer ses doutes quant à la véracité de vos propos.

Lucie vivait avec son Maxime adoré. Pour elle, Maxime avait des dons dans tous les domaines. Il pouvait aussi bien reboucher des trous de souris pour endiguer les ponts thermiques d'un bateau, que réussir la cuisine au beurre sans trop mettre de gras pour anticiper le taux de méthane dans l'atmosphère et préserver ainsi la planète. Aussi, il avait la main bien plus verte que celle d'un diéséliste moteur de chez Renault entré en reconversion chez Botanic pour l'apprentissage du goutte à goutte avec les arroseurs automatiques, puisqu'il était capable de récupérer les eaux pluviales d'un toit Breton pour faire pousser des endives à la cave et leur donner un p'tit goût de champignons de Paris. Bref, Maxime était à ses yeux, un bon ! Quand plus personne ne savait trop quoi faire de ses dix doigts et de sa vie, on appelait en secours la tronche et les petites mains de Maxime.

Maxime et Lucie formaient le couple idéal. Elle s'occupait de quantifier nos ressources, quand lui s'ingéniait à les valoriser.

C'est vendredi dernier, alors que j'avais donné rdv à Lucie à mon Leclerc pour m'aider aux achats bios de mon panier de courses pour une soirée tartiflette et palourdes farcies en entrée, que vers le milieu de nos achats, entre la poire et le fromage, vers le rayon glaces allégées, une annonce sortit du plafond du supermarché : Mademoiselle Coppens est attendue à l'accueil ! Mademoiselle Coppens ! Merci ! 

« Putain, ça c'est sûrement Maxime qui me cherche ! J'ai vu qu'il avait laissé sa burette de 3 en 1 et sa perceuse pour un trou dans le balcon de chez ma mère, dans la voiture ! »

« Tu t'appelles Coppens comme Coppens ? Lucie Coppens ? »

« Ben ouais, c'est mon père qui m'a fait ! Tu l'connais ? »

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