L'UN ET L'AUTRE

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SYNOPSIS

Deux hommes, Etienne et Stéphane, que tout oppose, sont liés à jamais par leur histoire. Etienne, employé modèle du service Back-Office, d’une grande société bancaire est un homme prudent, cherchant la sérénité et le bien-être. Il retrouve chaque jour aux mêmes heures, Stéphane, « trader » à son compte, aimant le vice et le risque. En ce début d’année 2008, Etienne quitte sa vie solitaire de la région parisienne, afin de passer quelques jours à la campagne, chez sa mère. A son retour, sa vie a changé, Stéphane a usurpé son identité pour plonger dans le vice le plus total, les jeux d’argents et la drogue. Etienne se retrouve alors en danger, dans sa vie aussi bien personnelle que professionnelle. Il découvre que Stéphane profite, depuis bien longtemps, de ses absences pour abuser de sa propre vie. Stéphane est dangereux et menaçant. Etienne se méfie. Alors qu’il souhaite l’ignorer définitivement, Etienne se retrouve dans l’obligation de fuir. La situation est telle que la seule personne sur qui il peut compter, est Stéphane, l’accompagnant dans sa fuite.  Ne pouvant pas vivre l’un sans l’autre, ils décident d’un pacte de confiance clair et établi. Mais leurs choix les amènent à s’affronter régulièrement et violemment. La seule chose dont ils sont certains, c’est que si l'un disparaît à jamais, l'autre pourrait sombrer dans sa propre singularité, et le faire périr.

Chute : Etienne et Stéphane ne sont qu’une seule et même personne. Il se retrouve confronté à lui même, menacé et surendetté. Les médias annoncent plusieurs détournements de fonds et investissements boursiers problématiques. La Bourse s’effondre. Etienne est recherché activement par la police, ainsi que par une grande figure du banditisme, Mr Kuscezk. Dans un élan de folie, Etienne propose à Mr Kuscezk, une partie de poker, dans laquelle il mettra en jeu un million d’euros et plusieurs centaines de titres d’actions au porteur. Etienne se rend armé d’un pistolet, dans un hangar de banlieue. Durant la partie, Etienne se lance dans une confrontation schizophrénique, dont l’issue révèlera sa vraie personnalité. Intérieurement, Stéphane fait vivre un enfer à Etienne, il le séquestre et le torture. La tension se fait ressentir dans cette partie de poker.  Etienne essaie de raisonner Stéphane, en lui expliquant qu’il n’y a plus aucune issue. La police va débarquer, prévenue par Etienne. Stéphane se sent alors trahi et décide d’en finir avec Etienne. Dans un élan de colère, Stéphane tente d’étrangler Etienne, au sol. Devant le bandit, Etienne ne bouge pas, mais transpire et suffoque. Mr Kuscezk commence à se méfier de la tournure des évènements. Entre les mains de Stéphane, Etienne sort une arme et le tue, d’une balle dans la tête. Le RAID intervient. Mr Kuscezk et ses hommes se rendent. Etienne est menotté par la police. Intérieurement, Etienne s’assoit un instant, Stéphane gisant sur le sol. Dans le fourgon, Etienne est assis souriant, à côté du cadavre de Stéphane.

TEXTE (EXTRAIT) 

Paris, 13 Mars 2008, une fibre de poussière prend son envol depuis le sommet de la Tour Eiffel. La fibre flotte sur les courants d’airs, se laisse porter par les vents. Son chemin n’est pas semé d’embuches et ne vise aucun objectif, la fibre est libre. Au-dessus de la place du Trocadéro, elle perd de sa vitesse. Sa trajectoire est détournée par l’envol d’un pigeon. La poussière succombe, peu à peu, aux lois de l’attraction. Abandonnée, dans un trou d’air, sans vent, elle chute de plus en plus bas. Aucun obstacle ne peut lui barrer la route, qui la mènera droit vers sa dernière seconde de liberté, le sol encore humide du passage d’une lessiveuse.  A moins de trois mètres du sol, elle profite. La fin du voyage est proche. Cette chute fut brève mais intense. Et puis un nez renifle. Prise dans les filets de la muqueuse de ce pif suintant la vinasse, la poussière s’agite, au milieu d’autres. Au bout de quelques secondes, leur persévérance, provoque une réaction défensive des sinus, qui les expulsent toutes dans un vacarme incroyable. Certaines fibres de poussières sont emportées par les flots agressifs de mucus qui les mèneront tout droit vers une existence plus que banale, tandis que quelques autres reprendront leur chemin aérien, voltigeant parmi les vents et les courants. La particule n’a fort heureusement, pas été piégée. Prise dans un fort courant d’air, elle prend de la vitesse, et remonte de dix mètres, au moins. Elle vacille entre les croisées incessantes des pigeons affamés. Elle avance, sans retenue, sans idée, sans pensée. Son altitude assez importante, la rend indifférente  au-dessus du Boulevard Périphérique. Seule une plume tombant lourdement au-dessus d’elle lui fait perdre quelques mètres. La plume est alors secouée par une visière de casque, d’un chauffard à mobylette passant à toute vitesse le Pont de Neuilly. La poussière, libérée de sa lourde plume, est alors prise dans un courant d’air, effroyable. Elle parcoure plusieurs centaines de mètres, à la vitesse d’un oiseau en chasse, en direction d’un immeuble haut de cinquante étages. Longeant la paroi vitrée, la particule plane pour ses derniers instants. Alors qu’une multitude de vents contraires chargent dans sa direction, la fibre est éjectée de sa trajectoire, puis aspirée par une fenêtre entrouverte. Dans l’éclat chaleureux d’un rayon de soleil, sa trajectoire tumultueuse ralentit violemment. Un œil la fixe, durant cet instant. La quiétude de cet endroit, l’amène à se laisser tomber, lentement. Elle finit par se poser délicatement sur le bord d’un gobelet. L’œil qui la fixe, la vise et l’emporte de son doigt, la libérant au-dessus du paradis des poussières, une moquette.

Dans une tour de la Défense, Etienne porte son gobelet, à sa bouche. Il boit une gorgée de café tiédi par l’attente. Il guette son premier ordre de bourse, à valider. Etienne est un opérateur du Back-Office de la Banque Populaire Nationale. Il confirme les échanges boursiers soumis par ses traders, en relation directe avec les actionnaires de sa société et il supervise une grande partie des comptes.  Etienne a ce sentiment de supervision, qui définit souvent, un homme de pouvoir, avec la satisfaction d’avoir une partie des clefs de l’économie en main. Ne prenant aucun risque à son poste, il se méfie du danger, son objectif étant de rassurer ses partenaires. Comme chaque jour, à dix heures et trente minutes, il assiste au conseil d’administration, en tant que consultant. Il n’intervient jamais dans les grandes décisions, mais reste un support utile, en cas de question relative au domaine du Back-Office de la société. Autant dire qu’il n’a pas souvent le droit à la parole. Comme chaque jour, Etienne se dirige, aux alentours de onze heures et cinquante minutes, en direction du restaurant de l’entreprise, plus communément, appelé cantine. Salsifis et côtes de porc, le plat que François aime le moins. Comme chaque jour, il trouve son plaisir dans la tarte « Tatin ». Après le repas, il n’est pas de ceux qui fument une cigarette devant l’immeuble, en buvant leur café. Il préfère, boire son café sucré, seul dans son bureau, consultant les dernières offres promotionnelles pour des vacances au soleil. Il ne prend pas de décision pour autant, car avec qui pourrait-il y aller ? Il se pose chaque jour la même question. Il a bien pensé à sa mère, ou encore à inviter une amie d’enfance, mais elle est mariée depuis plusieurs années. Etienne entretient l’idée que des vacances de rêve relèvent du fantasme et qu’elles doivent le rester. Il profite des cinq dernières minutes de sa pause pour appeler sa mère, vivant à la campagne, pour lui proposer de venir chez elle, durant ses deux prochains jours de congés. Après une centaine de transactions validées, plusieurs dizaines d’appels, provenant de partenaires internationaux, une quinzaine d’allers-retours à la photocopieuse, deux pause pipi et quatre cafés, Etienne termine sa journée en cliquant sur « éteignez l’ordinateur ». Pour rejoindre le parking, il prend l’ascenseur. Durant la descente des  trente-trois étages, il se retrouve  en compagnie d’une dizaine de personnes, fluctuants au gré des étages. Seul un homme reste à ses côtés, c’est Stéphane, qu’il retrouve chaque jour, le long de ce trajet. Etienne et Stéphane se connaissent depuis très longtemps. Mais ce n’est pas pour autant, qu’ils parlent beaucoup. Dans cet ascenseur, les principales discussions sont « bonjour », « quel étage ? », « merci » ou encore « Au revoir et bonne soirée ». Stéphane est comme un soulagement pour Etienne, car ce dernier ne conduit pas. C’est donc Stéphane qui l’amène au travail et le ramène chaque jour.  Stéphane est un trader à son compte, qui travaille en partenariat avec l’entreprise d’Etienne. Il aime le risque et l’aventure. Il n’a peur de rien, et provoque même parfois un malaise chez Etienne qui ne le comprend pas toujours dans ses choix. Ils sont, tous deux si différents, mais liés par leur histoire.

I

Etienne attend, seul avec une valise bleue,  un train pour vingt heures et trente-deux minutes, à la gare Saint-Lazare.  Il se dirige tout droit vers un week-end relaxant chez sa mère, dans une petite bourgade de la campagne normande. En attendant son train, Etienne consulte les magazines dans une presse de la gare. Il prend au hasard, suivant les couvertures qui l’intéressent. Au passage devant le rayon «chasse et pêche », son regard se détache légèrement sur le rayon supérieur, le temps d’un instant très court, attiré par le titre du magazine « BOOBS&BABES ». Gêné, il se dirige alors vers le comptoir, un quotidien sportif à la main, et souhaite prendre un jeu à gratter. Le vendeur lui réclame la somme de six euros et cinquante cents. Etienne met la main à sa poche et ne trouve pas son portefeuille. Un léger moment de panique l’envahit, dû au fait qu’il déteste être le fautif d’une file d’attente pressée, généralement cible de protestations injurieuses. Il abandonne sa transaction, perturbé par sa perte. Il se place sur le côté pour ne pas déranger, tout en cherchant son bien. Etienne aperçoit au loin, Stéphane, qui arrive en courant dans la gare, pour lui rapporter son portefeuille, qu’il avait oublié sur le siège de la voiture.  Etienne est rassuré et remercie Stéphane, qui s’enfuit aussitôt. Etienne, laissant esquisser un léger sourire de satisfaction, paye ses achats, puis se dirige vers le quai. Il s’assoit au centre du train, en attente, et ouvre sa tablette. Il déplie son magazine sportif,  pour consulter les derniers résultats. Un homme, portant un chapeau noir, fume sa cigarette sur le quai.

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