JOEY GOT A GUN
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CONCOURS UNE BALLE
JOEY GOT A GUN
PERSONNAGES
Joey : Joey est un crétin fini et en plus, il n’a pas de chance dans la vie. Il veut remédier à tout ça.
Johnny (son frère) : Johnny tient un stand au Marché aux Puces de Montreuil. Il voit un psychiatre. Son frère devrait en faire autant. Il lui fait de la peine, il se fait du souci pour lui depuis qu’il est venu lui acheter une arme.
Latika (sa femme) : Latika n’a jamais aimé son mari. Elle a un amant.
Graziella (sa voisine) : Graziella est une femme sublime marié à Pavel, un homme qu’elle adore.
Pavel (son voisin) : le mari de Graziella est psychiatre. Il a un chien appelé Einstein à qu’il fait faire des tests de logique. Johnny est un de ses patients.
Georges (l’amant de sa femme) : Georges travail à l’hôpital où il a connu Latika son amante. Il a des vues sur une petite nouvelle.
Gloria (la femme de l’amant de sa femme) : Gloria est coiffeuse. Elle compte Graziella parmi ses clients. Elle est amoureuse de Johnny.
Synopsis
Joey en a gros sur le cœur. La vie n’est pas tendre avec lui. Il décide d’en finir avec tout ça aujourd’hui même. Il a acheté une arme et il a l’intention de s’en servir : il n’aura pas assez de balles pour descendre tout ceux qui l’emmerde à commencer par sa femme et son amant, son voisin, le chien de son voisin et le Malien qui a le malheur se garer devant chez lui ce dimanche là.
Johnny son frère : est tombé amoureux de son psychiatre, il décide d’aller chez lui pour lui déclarer sa flamme.
Latika sa femme : trouve l’arme dans les affaires de Joey. Elle l’a vide avant de l’enterrer dans le jardin.
Graziella sa voisine : nettoie l’arme trouvée par Einstein le chien. L’arme n’est pas chargée, mais Graziella pense qu’elle pourrait s’en servir pour se protéger si jamais son voisin pervers venait l’embêter. Elle cache le revolver dans sa cuisine.
Pavel son voisin : est sûr le point d’avouer son homosexualité à sa femme.
Georges l’amant de sa femme : veut se débarrasser de Latika. Il sait que son mari a acheté une arme. Il envoie une lettre à Joey pour mettre le feu aux poudres.
Gloria la femme de l’amant de sa femme : est au cœur de tous les secrets. Mais elle n’a toujours pas compris que Johnny, son client préféré est gay. Elle le suit chez le psychiatre d’où il sort, blessé par balle.
Chute : Sur le parking de l’hôpital, Gloria attend ni son coureur de mari Georges, ni Johnny qui vient de mourir dans les bras de son frère. Elle attend ce pauvre Joey qui n’a vraiment pas eu de chance dans la vie.
JOEY GOT A GUN
1 JOEY
Joey est en rogne. Et ça fait un moment.
Il est en colère.
Plus que ça, Joey est en rage.
Et il a de bonnes raisons.
À commencer par son prénom.
Quand son frère et lui avaient décidé ensemble de changer leurs prénoms. Il avait trouvé « Joey » original pas comme « Johnny » qu’avait choisi son frère. Puis avec « Friends » et Joey le débile, il avait l’air de quoi ?
D’un imbécile, d’un crétin fini.
Ce prénom devait changer sa vie. Il s’est encore fait avoir.
Sur son acte de naissance il s’appelait non seulement Guido mais aussi, Gennaro et Guiseppe. Son frère pareil: Gianni, Giacomo, Giovanni.
Déjà bloqués sur la septième lettre de l’alphabet (le 7 devait porter chance), ses parents n’étaient même pas capable de lui trouver un prénom qu’il aurait pu franciser : Leonardo, Gerardo, même Franco quoi !
Il se voyait bien en « Leonardo », ça faisait cultivé avec l’art et tout ça. Avec « Le Da Vinci Code » aussi, ce prénom aurait pu être à la mode et pour une fois, il aurait été dans le coup. Mais non ça aurait été trop beau.
À l’école c’était : « hé, il te manque rien sur ton vélo Guido ? » ou « tu connaît la blague sur l’Italien qui voulait faire le Tour de France ? ».
Pour « Guiseppe », personne n’était au courant, il n’en avait jamais souffert. Là c’était juste une humiliation personnelle, une de plus : un mec qui passait à la télé incapable de trouver une fiancée sans sa mère, il fallait qu’il s’appelle Guiseppe.
Non, Joey n’avait vraiment pas de chance dans la vie. Mais aujourd’hui, Joey allait changer tout ça.
2 SA FEMME
Joey n’a pas eu besoin de sa mère pour trouver une fiancée. Certes, il a du aller un peu loin pour la trouver, mais à l’époque il pensait avoir fait une bonne affaire.
Plus maintenant, c’était une erreur d’en prendre une qui avait dix ans de plus que lui. Avant, ça ne se voyait pas. Maintenant ce n’est plus possible, une vrai mémère !
Ca le fait pas pour sortir, ou même pour rester à la maison.
-Ils doivent penser que c’est ma mère, mais il en a qui peuvent penser que c’est ma femme et ça je ne peux pas le supporter. Ils doivent me plaindre…
La voisine par contre, elle est classe ! Juste le genre de femme qui m’ira. J’entends sa voix à travers le mur côté cuisine, le timbre grave et mélodieux. Du coup je fais très attention à placer la mienne quand je parle dans la cuisine où le lundi quand je lis le journal à haute voix à son attention. Le plus souvent c’est un article de l’Équipe mais peu importe, avec l’épaisseur du mur ça pourrait être le journal télé, on n’entend pas de façon précise.
La voisine, elle, j’en suis sûr qu’elle capte que des vibrations chaleureuses et viriles, mais parfois je prie pour qu’elle ne soit pas de l’autre côté du mur :
-Latika, tu me tournes le dos !
-Hé, regarde moi quand je te parle !
Comme si je n’existais pas, ma femme m’ignore.
Elle continue de tourner les pâtes dans l’eau bouillante comme si c’était difficile et qu’elle était obliger de se concentrer.
Elle regarde le mur, je regarde le mur.
-Merde, la voisine !
Là ma femme me donne toute son attention.
-Tu disais ?
Latika a un amant, c’est sûr, Joey veut qu’elle parte.
3 SON QUARTIER
Joey voulait rester à Paris. C’était la faute à sa femme s’il a atterri dans cette banlieue de deuxième zone (à une station de bus près). Elle voulait de l’espace et un jardin pour les enfants. Des jardins il y en avait plein à Paris mais elle n’aimait pas les squares et les jardins publics. Ca c’était un mystère pour Joey, mais il faut dire qu’il ne les a jamais accompagnés.
Trop de bazar, trop de gamins.
Elle est têtue comme une mule. Ils ont déménagé.
Ici c’est autre chose. Juste un peu plus loin dans la rue, un foyer de travailleurs immigrés. Pas besoin de voyager, tout l’Afrique défile devant la porte. Le dimanche s’il ne fait pas gaffe, ils sont même capables de lui piquer sa place de parking. Devant sa porte ! Sans blague, ils ont peur de rien ces Maliens avec leurs caisses pourries.
En plus ils balancent des rognons de maïs dans le caniveau devant la maison. Tous les jours c’est pareil, du maïs !
-Ils ne peuvent pas les ramasser et les recycler pour en faire quelque chose ? De la bouillie un truc comme ça ? Non ? Je me demande à quoi ça sert d’avoir élu une maire écolo ?
À vrai dire, Joey n’a élu personne. Joey n’a jamais voté de sa vie.
- Bien trop malin !
C’est comme le voisin avec son gros chien merdeux.
Lui ce n’est pas du maïs mais des grosses crottes, juste sur son pas de porte.
Pourtant ce cochon le salue l’air de rien :
-B’jour le voisin !
-Bonjour ! puis plus bas :
-Espèce de connard !
Puis dans sa barbe :
-Tu ne l’as mérite pas ! Elle est trop belle pour toi !
4 SA VOISINE
Joey sait qu’elle s’appelle Graziella.
C’est beau.
Elle a du souffrir comme lui à l’école, avec des bonnes blagues du style :
« Pas la peine de lui adresser la parole elle est toujours dans les nuages la gratte-ciel ».
Elle est grande en plus, sublime.
Dans le jardin, parfois elle se trouve juste là de l’autre côté du mur mitoyen. La clôture fait plus de deux mètres, mais il sait que c’est elle qui gratte le sol derrière le mur. Il fait semblant de s’occuper des mauvaises herbes de son côté. Il peut presque la toucher, la sentir…
Si il n’y avait pas ces fleurs débiles hyper parfumes que sa femme a plantées : des magnolias, freesias, zinnias, et autres trucs inutiles finissant en « a ».
Stupides, des fleurs stupides. Il allait tout arracher et planter des vignes.
Parfaitement des vignes. Comme ça, il pourrait enfin se faire mousser auprès des écolos du coin, et attirer l’attention de Graziella qui devait sûrement partager ses racines italiennes.
Son mari avait un drôle de nom, du genre slave ou russe même.
« Joey le vigneron », ça sonne bien, authentique.
Elle appréciera, c’est sûr.
Il ne lui avait jamais encore adressé la parole mais il était sûr que l’attirance était réciproque. En dehors du jardin, il n’avait malheureusement jamais eu l’occasion de la fréquenter. Elle ne promenait jamais leur molosse crado, la bête appartenait sans doute à son animal de mari.
Le voisin l’emmerde, Joey veut qu’il parte.
5 GRAZIELLA
La neige a fondu et il fait beau.
-Belle journée pour travailler un peu dans le jardin, chérie.
Pavel s’adresse à Graziella par dessous son recueil de poésie russe, installé comme toujours dans son gros fauteuil Chesterfield avec Einstein le dogue allemand, couché à ses pieds.
-J’y allais. J’espère seulement que ce gros pervers de voisin ne traine pas dans son jardin.
-T’inquiétes pas ma chérie, il a l’air inoffensif. Il me salue gentiment tous les jours. Mais je m’occuperai des mauvaises herbes du côté du mur mitoyen tout à l’heure, si tu veux.
Graziella déteste son voisin Joey machin chose. Elle connait son prénom parce qu’elle entends sa femme l’appeler parfois. Avant, elle percevait leurs disputes à travers les parois mais avec l’installation de l’isolant phonique, c’ést terminé.
Il est toujours à trainer dans le jardin, à raser le mur mitoyen, à faire semblant de quelque chose. Elle l’observe du premier étage. Parfois il se met carrément à quatre pattes derrière le mur pendant que Pavel gratte le sol. Elle se demande ce qu’il peut bien y faire. Il a l’air d’écouter attentivement, elle trouve ça bizarre. Un jour elle l’a vu en train de se frotter la joue contre le mur…là c’était plus que bizarre, c’était flippant.
Malgré ce que dit son mari, elle trouve malsaine l’attitude de ce type et elle s’en méfie.
Pourtant Pavel est forcement de bon conseil, il est psychiatre après tout. Graziella adore son mari et lui donne toujours raison mais quelque chose lui dit qu’il se trompe sur le compte de Joey le voisin. Il lui fait peur, elle aimerait qu’il parte.
6 LATIKA
Latika est amoureuse. Georges, son chéri travaille tout comme elle, à l’Intercommunal. Son boulet de mari aussi. Ce n’est pas commode.
Elle a faillit mourir de peur l’autre jour quand elle a vu Georges se garer devant chez elle puis sonner chez son voisin, le psychiatre. Ce plaisantin lui a même fait un clin d’œil quand il l’a vu à la fenêtre. Qu’est ce qu’il pouvait bien faire chez les voisins ? Elle craignait déjà qu’il tombe sur Joey au boulot mais venir là dans sa rue, c’était de la provocation ! Non pas que son mari aurait pu imaginer quoi qu’il soit entre eux, il était bien trop bête pour ça.
Latika s’était mariée avec Joey uniquement pour avoir des papiers et même ça il ne l’avait toujours pas compris. Il faut dire qu’il est vraiment tarte, ce gros naze de Joey ne comprend jamais rien.
Pas comme George. Beau comme un dieu, son George réussit tout. Comme elle, il est marié mais il ne veut pas quitter sa femme pour le moment, il ne veut pas lui faire de la peine. Latika comprend, ça prouve que c’est quelqu’un de sensible, pas vrai ?
Mais en attendant, elle est obligée de supporter Joey. Alors elle l’ignore la plupart du temps, ou elle se fiche de lui. Il s’est entiché de la voisine, la femme du psy. Ca l’amuse de le voir ramper dans le jardin pour tenter de l’approcher. Elle a l’air d’une dinde avec son brushing bien comme il faut, jamais un cheveu qui dépasse mais juste le son de sa voix suffit à faire baver Joey. Il n’a aucune chance avec elle. Gloria, la femme de George la coiffe et d’après lui, elle l’a entendu traiter Joey de tordu.