Triple Shots

Véronique Locart

Synopsis :

 Candice est au mauvais endroit au mauvais moment. Elle a la malchance d’être la nièce d’un oncle influent. Pour une fois qu’il accepte qu’elle s’éloigne du confortable cocon familial pour une expédition dans le grand nord, Candice se retrouve avec une balle dans la poitrine, affalée dans la neige. Charles, un chercheur sauveteur qui travaille non loin de là, s’est douté de quelque chose. Il est parti à la recherche du couple qu’il a vu passer. Il récupère Candice, inconsciente et inerte. Les collègues de Charles la prennent en charge. Pour la scientifique, il s’agit de localiser l’ogive que l’agresseur de Candice a menacé de faire exploser. Pour le médecin, il s’agit d’extirper la balle de la poitrine de Candice. Pour Charles, le chercheur-sauveteur, il s’agit de retrouver les affaires de Candice, de l’identifier et de prévenir sa famille. Lorsque Candice est en bonne voie de guérison, une équipe vient la récupérer par hélicoptère. Sauf qu’à bord, s’est glissé l’agresseur de Candice. Il tente de faire exploser Candice en même temps que l’hélicoptère. Candice est à nouveau blessée et récupérée par Charles. Son ennemi est fait prisonnier. Trois jours plus tard, John, l’oncle de Candice vient la récupérer tout en remerciant l’équipe de Charles. Lors du procès de Robin, l’ennemi de John et Candice, Charles est appelé à témoigner. Lui et son équipe sont invités à se joindre à eux pour diner. Lors de cette réception intime, Charles se laisse aller à son désir d’embrasser Candice, qui y est favorable, puisqu’elle accepte sa demande en mariage. Un peu plus tard, un homme de la sécurité leur demande de se mettre à l’abri en urgence, la propriété est attaquée. Candice se fait tirer dessus une nouvelle fois. Charles attendra que Candice se remette de sa nouvelle blessure pour l’épouser.

1-Premier Shot :

 L’homme la regarde avec un intérêt vicieux. Ils sont debout face à face, ils s’enfoncent dans la neige jusqu’aux genoux. Heureusement que Candice a prévu des vêtements chauds et en plusieurs épaisseurs. L’homme extirpe une arme à feu de la poche de son blouson fourré. Il n’a pas sourcillé ni quitter Candice des yeux.

-Si tu t’en sors, tu diras à ton tonton chéri que je possède l’ogive. Elle sera activée au-dessus de ta ville dans … il consulte sa montre … à peine soixante-douze heures. Dors bien.

Le coup de feu part dans un éclat bruyant, assourdissant aux oreilles de Candice. La répercussion du coup de feu résonne dans l’immense espace blanc désert. Candice ouvre grand les yeux. Une insupportable brûlure s’ensuit à la terrible douleur. Candice tombe en arrière. Elle peut voir l’homme qui s’enfuit. Affalée au sol, elle se rend compte que le silence l’entoure désormais. Petit à petit elle sombre dans un gouffre noir. Elle est pourtant entourée de neige blanche immaculée. Dans son dernier souvenir, il était près de midi dans ce coin reculé au nord de la planète. Silencieusement, du fin fond de son gouffre noir, elle fait ses adieux.

 Charles a remarqué, depuis les hublots de son repaire, qu’un couple se déplaçait dans la neige. Ils paraissaient avoir des difficultés à se déplacer, comme un manque d’habitude. Et puis, l’homme n’avait pas l’air très sympathique avec la femme. Il décide de partir en exploration à leur recherche. Il s’équipe de son matériel habituel.

-Je m’en vais. Dès que j’ai trouvé le couple, je reviens avec ou sans eux, dit-il.

Sans attendre de réponse de la part de ses collaborateurs, il fonce dehors, dans la neige. Grâce à ses gigantesques spatules qu’il a chaussées, grâce aussi à sa connaissance du terrain, il avance rapidement. Il regarde souvent autour de lui. Il se dit que c’est impossible que ce foutu couple soit allé aussi loin en aussi peu de temps, par une météo pareille. Il neige fort, il vente encore plus fort, le froid le frappe de plein fouet. Soudain, à une centaine de pas, droit devant lui, une tâche rouge attire son attention. Il avance encore plus vite. Il approche avec prudence lorsqu’il est tout près. La femme est affalée au sol. Ses jambes sont repliées d’une façon bizarre. Ses bras sont relevés au-dessus de sa tête comme si elle avait tenté d’attraper le téléphone qui a glissé un peu plus loin de sa tête. Il la secoue légèrement. Il déballe une cordelette de moyen diamètre. Il l’attache à la cheville de la femme. Il va le plus vite qu’il peut pour regagner son repaire en déroulant la cordelette. La longueur est largement suffisante pour recouvrir le pôle nord en entier. Il attrape sa remorque-luge, il l’accroche à son quad des neiges. Il démarre l’engin et part retrouver la femme. Il suit la cordelette qu’il rembobinera ultérieurement lorsque la femme sera à l’abri. Il charge la femme avec le plus de délicatesse possible. Il la ramène dans le repaire et la dépose avec une fermeté agaçante sur la table du laboratoire de Pierre Cajol, son collègue et ami.

-Qui est-ce ? Demande ce dernier.

-Je ne sais pas. Elle est blessée. Regarde ce que tu peux faire pour elle. Je récupère la cordelette, je vois si je trouve son ballot, un téléphone ou une radio.

 Candice revient à elle petit à petit. La douleur est atroce au fur et à mesure qu’elle reprend connaissance du monde qui l’entoure.

-Je suis en enfer ? Grogne-t-elle.

-Vous êtes dans mon labo et je fais du mieux que je peux pour vous soigner, souffle Pierre.

-J’espère que Charles va retrouver une trace de la dame, dit Pauline Dandot, collègue de Pierre.

La jeune femme d’une vingtaine d’années, brune aux yeux bleus, est aussi petite qu’elle est ferme et distante. Elle est toutefois une collègue efficace et une amie sans faille. Elle est la scientifique du groupe. Pierre est un homme d’une trentaine d’année, brun, de magnifiques yeux gris foncé, de taille moyenne, il est un ami indéfectible. Il est aussi le médecin et le chercheur du groupe.

-Pauline, vient m’aider, s’il te plait. Je vais injecter un somnifère à cette demoiselle. Pas d’alliance, donc, pas de madame qui tienne.

Pauline l’aide et Pierre injecte le produit soporifique dans le bras de Candice.

Charles revient au repaire plusieurs heures plus tard, munit d’un énorme sac à dos. Il tend le téléphone portable à Pauline, qui s’en empare.

-Trouve le moyen de réactiver ce téléphone.

-Je m’en occupe, assure-t-elle.

-Qui est-ce ? Tu as pu discuter avec elle ? Est-elle morte ? Demande-t-il à Pierre.

-Une question à la fois, d’accord ? S’énerve Pierre.

Charles s’assoit sur un des sièges non loin de la table du labo. Pierre tourne autour de la table.

-Qui est-ce ? Je n’en sais rien. La seule parole qu’elle a grogné, c’est « Je suis en enfer ? ». Et c’est tout. Et pour finir, non, elle n’est pas morte. Elle ne devrait pas tarder à se réveiller. J’ai extrait la balle de sa poitrine. Elle n’était pas enfoncée trop loin, grâce à l’épaisseur de ses vêtements.

Pierre montre la balle qu’il maintient entre les branches d’une énorme pince métallique. Charles observe la balle. Il grogne quelque chose entre ses dents.

-Je sais de quel type d’arme provient cette balle, lance Pauline. Et maintenant, je connais le numéro de téléphone de la demoiselle. Mon ordi recherche la correspondance des numéros du répertoire avec les numéros de son annuaire téléphonique. Il devrait smatché au minimum un numéro.

-Chut … chut … chut … la demoiselle se réveille, murmure Pierre, excité.

Charles se redresse sur ses jambes et s’intéresse à la demoiselle. Pierre s’est immobilisé près du visage de Candice. Pauline s’approche lentement de la blessée. Candice parvient à ouvrir les yeux.

-Ce n’est pas possible … je ne peux pas être morte … pas maintenant … mon téléphone … prévenez John … mon oncle … une ogive … dans plus beaucoup d’heures … soixante heures …

Candice essaie de résister à l’endormissement.

-Ecoutez-moi, ajoute-t-elle. Je sais que vous êtes là … je peux sentir votre présence.

Candice tourne la tête vers Charles. Il est surpris de la beauté des grands yeux verts de celle qu’il a sauvée d’une mort certaine. Les mêmes yeux que les siens. Il quitte la pièce. Elle soupire.

-Qu’est-ce qu’il a ? Grince-t-elle sous la douleur encore très présente.

Pierre se met à portée des yeux de la belle demoiselle.

-Votre nom, vous vous en rappelez ?

-Candice Larac. Cherchez John dans mon téléphone … appelez-le … l’ogive va être activée …

-Restez calme. Nous allons nous charger de prévenir votre oncle John.

Pauline retourne à son ordinateur. Elle fait de grands signes à Pierre. Elle a trouvé plusieurs smatches. Un seul correspond au nom cité par Candice. Charles réintègre la pièce. Il compose le numéro sur un téléphone cellulaire.

-John Larac ? Je suis … peu importe qui je suis … votre nièce Candice Larac s’est fait tirer dessus. Nous l’avons retrouvée baignant dans son sang dans la neige au pôle nord. Elle est ici près de nous. Nous sommes une petite équipe de chercheurs. Votre nièce nous baragouine des paroles bizarres à propos d’une ogive qui va être activée. Cela vous parle ?

Charles a parlé d’une traite sans reprendre son souffle, sans laisser le temps à son interlocuteur de l’interrompre. Désormais, il écoute la réponse de son interlocuteur.

-Bien, nous allons transmettre notre position à vos services. Nous maintenons votre nièce en vie. Elle est devenue notre priorité.

Charles coupe la conversation d’un coup sec. Candice ouvre à nouveau les yeux. Elle n’a rien perdu de la conversation entre Charles et son oncle.

-Merci, chuchote-t-elle à l’attention de Charles.

Charles s’en va du labo, il a besoin d’un café. C’est urgent. Une femme, dans ce repaire, est source de problème. Pauline est une femme, mais pour elle, c’est différent, elle fait partie de l’équipe.

-Pourquoi est-il aussi … asocial ? Demande Candice. Est-ce à cause de moi ?

-Pas vous. Votre présence. Vous êtes une femme, une étrangère, avec une balle dans la poitrine. Vous êtes, donc, un triple risque. Le premier risque est de nous faire repérer, le second risque est de nous battre entre nous pour vous et le troisième risque est de nous faire tirer dessus pour vos beaux yeux, rit Pierre. En vérité, il n’y a que le troisième qui me fait flipper.

Candice grimace à la place de sourire.

-Puis-je me lever ?

Candice tente de se redresser.

-Non … non … non … vous êtes pratiquement nue et … Charles est … je suis sensible au charme féminin et Charles n’est pas fait que de … il est aussi un homme …

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