L'Universel

ornithorynque_exquis

Universel : adjectif. 1) Qui s'étend à l'univers entier, qui embrasse la totalité des êtres et des choses. 2) Qui s'étend à la terre entière.

On dirait que ce mot a été inventé pour toi : tout le monde te connait et tout le monde t'aime. Absolument tout le monde, ça en est presque indécent. Bon, il y a bien un humoriste qui a tenté de monter un comité contre toi, mais c'était pour rire et ça n'a pas duré. Tôt ou tard, tout le monde finit par craquer.

 A commencer par Internet. La quantité de sites qui te sont consacrés est hallucinante, et je ne parle même pas du nombre de tes fans sur Facebook. Ménagères de moins de 50 ans, hipsters, enfants et personnes âgées, personne ne te résiste. La moindre photo de toi sur un réseau social provoque une avalanche de likes, et ce même (et surtout) si tu arbores dessus un air hautain insupportable.

Les gens trouvent sûrement que ça te donne un air mystérieux. Ou alors c'est à cause de ta beauté incontestable, va savoir. En tout cas, personne ne remarque à quel point tu sembles mépriser tous ceux qui t'entourent. Un peu comme si tout cet amour t'était dû. En même temps, tu as l'habitude ! Cette extase généralisée existe depuis ta naissance. Alors pas étonnant d'être aussi pourri gâté.

Du coup, je devrais m'estimer extrêmement chanceuse de vivre avec toi et de te voir autant que je veux. Enfin, quand tu daignes m'honorer de ta présence, ce qui n'est pas toujours le cas. Une fois, tu es même parti 2 semaines, sans donner aucun signe de vie, et puis tu es revenu, l'air innocent, comme si de rien n'était. Aucun respect pour celle qui partage ton quotidien. Et le pire c'est que je n'ai même pas protesté ; je me suis dit que c'était le prix à payer pour être avec toi : te laisser ta liberté.

Même quand tu es là, tu n'es pas toujours disponible, et dans ces cas-là, il vaut mieux ne pas t'approcher, parce que tu peux être plus que désagréable. Voire agressif. Tu mets ça sur le compte de ton besoin de solitude et d'espace. Ben voyons.

En plus, au quotidien, tu es franchement pénible. La plupart du temps, tu ne fais absolument rien à part m'honorer de ta présence. Tu es bordélique, tu salis les choses, tu n'as pas vraiment de respect pour les objets. Tu te considères sûrement bien au-dessus de tout ça. Tu ne le dis pas mais c'est clairement sous-entendu.

Tu as aussi tout le temps faim, mais rarement envie de ce que j'ai eu la gentillesse de te préparer. C'est vrai que ta bouffe improbable qui te fait puer de la gueule, c'est tellement mieux. De toute façon tu t'en fous, ça se voit pas sur les photos, tes fans n'imaginent même pas ce côté de toi.

Et encore, tout cela n'est rien à côté de ton rythme de sommeil étrange. Plus que décalé. Parfois tu dors toute la journée, et je ne dois faire aucune remarque sinon tu fais la gueule.

Par contre, tu n'hésites pas à me réveiller au beau milieu de la nuit si tu as envie de divertissement. Et dans ces cas-là, toute résistance est inutile. Que je proteste ou que je fasse semblant de dormir, tu insistes. Et lourdement. C'est absolument inacceptable, et j'ai beau te le répéter, cela t'est complètement égal. Tu n'écoutes jamais ce que je te dis.

En bref, t'es un sacré enfoiré. Mais malgré tout ça, quand je te vois chaque matin t'étirer sur mon lit en me jetant le regard de celui qui sait qu'on sera ensemble jusqu'à ce que la mort nous sépare, je te pardonne tout. Parce que je trouve ma vie plus agréable avec toi que sans. C'est juste que je trouve la tienne un peu trop facile. En plus, il parait que t'en as neuf.

Je t'aime quand même, saleté de chat.

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