Ma Muse.

Je l'ai croisée par hasard, pourrait-on se dire, mais non en fait elle est simplement là, sur mon chemin, elle m'attendait depuis si longtemps, avec ses petits bagages à côté, juste assise là, calmement à m'attendre, une petite fossette se dessinant sur son visage dès notre première rencontre, dès notre retrouvaille. Car c'est bien cela,. C'est juste comme si tout s'accordait à poser le temps, ce temps de communion, ce temps de réception. Une reconnexion digne de ce nom, qui vous transperce et vous laisse sans voix tellement c'est puissant, tellement vous vous sentez porté, emmené là où c'est juste le bon endroit, celui où les mots glissent le long de vos doigts, se posent sur une page blanche, une page sans fin, une page qui a toujours  été, simplement que vous ne l'avez jamais regardée. Alors là, les mots se bousculent, comme si ils voulaient tous se voir inscrits à jamais sur ce fichu papier, ce support en quête de vérité, simplement être gravés là jusqu'à l'Eternité. Mon âme est en joie, elle s'illumine et me fait danser, comme lorsque l'on reçoit le premier des baisers. Elle s'envole doucement et tendrement, elle se laisse même bercer, elle me remplit de force, de douceur me pousse au delà des frontières que je m'étais construites en quête de bonheur, de sécurité, ou bien simplement de peur de me voir sombrer. Tout mon être frétille, s'agite, tout se bouscule, se précipite, me fait vibrer jusqu'à n'en plus pouvoir, jusqu'à même ressentir les étoiles dans le ciel venir m'illuminer pour ce moment si beau, si beau que l'on croirait la fête du printemps, celle du renouveau, celle du débutant, celle où tout ne demande qu'à vivre et à grandir, à prendre place et à enfin s'ouvrir. Les mots me viennent, ils se calent tout doucement, s'alignent et prennent place, telle une jolie guirlande apprêtée pour l'occasion, pour ce cérémonial digne de ce nom. Je me pose, je respire, et prends bien mon temps, ce temps si précieux, si unique, et tellement abandonnant. Celui où je délivre mes trésors, mes espoirs, mes craintes et mes voeux si enfouis. Alors, comme une douce mélodie, mon coeur se hisse, mon âme aussi, et puis mon être aussi, ils sont fins prêts pour cette ultime étape, cette étape sans escale, ce trajet direct, lancés à grande vitesse, ce voyage inoubliable, ce voyage de l'extase. La pulpe de mes doigts commence à s'agiter, même à me chatouiller. C'est comme si juste là, dans ces bouts si fragiles, cette partie de moi, se trouvait ce nectar ne demandant qu'une chose, de couler , de se disperser calmement, si calmement que l'on croirait une note étirée produite par l'archer d'un violon, le doux chant d'un pinson, le léger bruit produit par les gouttes de pluie qui traversent mon coeur. Les touches de mon clavier se laissent caresser par mes mains si légères mais si sûres que pas une d'elles ne rechigne à se faire tapoter. Elles attendent même leur tour, avec si grande envie, ce grand désir, de se faire toucher, de se faire presser, simplement pour se dire, moi aujourd'hui j'ai, parlé, je me suis affirmé, j'ai simplement pleuré, ou simplement crié, et simplement dire ce que je voulais au monde entier, je me suis révélé, je suis tellement fier, que j'ai enfin parlé. Ces petits notes de musique qui parcourent ma tête, et puis mon coeur, me transpercent sans cesse à mon plus grand bonheur, juste pour les écrire et puis encore te dire, merci, merci à toi ma Muse, merci d'être juste là, juste là au bon endroit, juste pour moi, juste pour cela.