Ma petite grenouille
Aurelie Blondel
Je vais vous conter l'histoire d'une grenouille.
Comme toutes les grenouilles, elle est née têtard.
Ce petit têtard n'était pas comme les autres.
Un collège de crapauds l'avait dit à ses parents: Ce têtard ne deviendra jamais un triton, quelque chose s'est passé dans le bassin qui l'en empêchera. On ne l'explique pas très bien mais des fois ça arrive. C'est la loi de la nature.
Des paroles difficiles à entendre et à accepter pour des parents heureux d'agrandir leur famille de grenouilles.
Mais contre toute attente, ce petit têtard était très combatif et il était bien décidé à devenir un triton, quoique les crapauds en disent.
Et il est devenu triton. Mais pas un triton comme les autres.
Il lui manquait des ventouses au bout des pattes avant et arrières. Il ne parvenait pas à ouvrir ses paupières, il ne parvenait pas à bien respirer et s'alimenter dans ce bassin et il n'avait pas développé d'appareil reproducteur.
Les crapauds le savaient. Il éprouverait toutes ces difficultés à l'extérieur du bassin également en dix fois pire. S'il parvenait à sortir du bassin un jour.
Les parents de ce triton ne savaient pas encore s'il serait un petit mâle ou une petite femelle. Et vu la tournure des événements, ils préféraient ne pas le savoir finalement, c'était déjà suffisamment douloureux.
Mais les vilains crapauds ont gaffé et annoncé que ce triton aurait pu devenir une grenouille à princesses.
Il aurait pu oui.
Mais il ne l'est pas devenu.
Ce triton s'est battu des mois durant mais sa volonté hors du commun n'a pas suffit et il est parti rejoindre ses compères au Mont Myôboku, une montagne sacrée où résident des grenouilles au destin tragique ou aux pouvoirs extraordinaires.
Elle est triste cette histoire.
Ses parents ne s'en sont jamais remis. Et ses grandes sœurs grenouilles n'ont jamais eu la chance de le connaître autrement que sous sa forme de triton.
Ce joli petit triton souffrait d'une forme rare de handicap très bien connu. Ce handicap porte le nom de Syndrôme d'Edwards communément appelée trisomie 18.
Vous connaissez des trisomiques 18 ? Non, car ces grenouilles là sont condamnées, inexorablement.
Cette grenouille s'appelait Simon. Il était mon fils.
Il est gravé sur ma peau, près de mon cœur pour l'éternité. Car je suis sa maman et je l'aime.
Pourquoi une grenouille ? Car il ressemblait à une petite grenouille tout simplement.
Une magnifique grenouille à princesses.
Maman
Savais tu que je ne connaissais même pas l'origine de ce tatouage ? Je le et te comprends mieux... Bisous ma chérie
· Il y a plus de 5 ans ·florence-thronel
Très belle métaphore de départ et belle hommage pour votre Ange, je ne pourrais pas dire mieux que Etaine Eire. Bravo à vous deux.
· Il y a plus de 5 ans ·staff
Magnifique témoignage.
· Il y a plus de 5 ans ·Utiliser les mots pour soulager voir guérir les maux est une très bonne thérapie.
La vie pour certaines personnes n'est pas simple. Vous expliquez avec beaucoup de délicatesse les moments durs que vous avez vécu dans votre vie.
Vous ne cherchez pas à nous appitoyer, vous nous expliquez tout simplement, un peu comme on le fait à un ami.
Si vous ne connaissez pas, intéressez-vous à la "résilience".
Bonne continuation à vous.
Lady Etaine Eire