ma terre d'ivoire

Aurélia Le Goff

Ma terre d’ivoire

Où es-tu, mère nourricière au cœur d’ébène,

Qui m’as donné le jour, à manger et à boire,

Tu m’as bercé, choyé, tu as tari mes peines

Et m’as appris à vivre, moi blanche parmi les noirs.

Ta lourde et douce moiteur manque à ma peau

Qui se craquèle, se meurt, se languit de tes bras ;

Tes parfums, si piquants, tant enivrants et chauds

Ont fait place aux odeurs de la ville et du froid.

Je sens encore, rouler, se cacher sous mes pieds

Le sable chaud et fin, aux grains d’or vaporeux,

Je vois encore les vagues et l’écume argentée

Qui perle mes paupières et joue dans mes cheveux.

Les hommes de la brousse ne clament plus d’écho;

Les rois de ta savane dans mes livres sont couchés,

Aujourd’hui je les vois sur du papier glacé,

Et la voix des tam-tams se perd dans le métro.

Quand, quand te reverrai-je, ma terre tant adorée ?

Mon Afrique si chère, qui se laisse déchirer !

Toi qui as séché tant de larmes par l’espoir,

Tu renaitras bientôt, ô toi, ma terre d’ivoire !

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