Ma vie (1)

arthur-roubignolle

Ma vie (1) – Par Arthur R.


Un feuilleton autobiographique en quinze épisodes et dix volumes...


Tout le monde s'en fout, mais je naquis un 30 Juin 1958 dans le douzième à Paris. Pas le douzième arrondissement, mais le douzième régiment d'Artillerie du Fort de Vincennes, où mon père (d'Origine Gasconne) était artilleur... (Ma mère accoucha à la caserne avec l'aide du médecin-major et d'une cantinière qui passait par là...).

Cet événement, assez anodin j'en conviens à l'échelle planétaire ne fut toutefois pas banal pour moi puisque c'est à ce moment précis que je vins au monde pour la première fois de ma vie.

Vous conviendrez avec moi que, si au niveau de l'espèce à laquelle nous appartenons, nos vies individuelles ont peu d'importance, elles sont néanmoins nécessaires pour nous mêmes en tant qu'individus individualisés, sinon nous n'existerions pas en tant que personnalités, (ni même en tant que personnes alitées lorsque nous sommes couchés.)

Pour vivre au sein de son espèce et noyé dans la masse de ses semblables il est en effet fondamental de naître en tant qu'individu, même si l'on fait comme tout le monde, c'est à dire rien qui ne nous distingue des autres tout en étant individualiste comme la plupart des gens...


Ah la vie ! Elle en a suscité des débats, des controverses, des opinions, et elle en suscitera bien d'autres encore, ce n'est pas fini, on en a qu'une de vie, et elle est importante parce que c'est la sienne et pas celle d'un autre, et on y tient vu qu'on veut pas lâcher le morceau tout de suite, d'autant plus qu'une force irrésistible  nous pousse à vivre afin de poursuivre l'expérience surprenante de l'existence, quoiqu'il en coûte et quoiqu'il advienne et ce jusqu'au bout de ce qu'il est convenu d'appeler « son destin ».

Vous y croyez-vous au destin ?

Moi ça dépend des jours et de ce que j'ai mangé la veille...


Je vis donc le jour un 30 juin, jour des vacances, ça tombait bien j'avais besoin d'un peu de repos après avoir passé neuf mois dans le ventre de ma mère, (une femme particulièrement fatigante pour son entourage proche...).


A peine étais-je né que je pensais : combien de temps devrais-je supporter cette exténuante personne ? 

Combien de temps devrais-je entendre cette voix stridente qui m'abreuve d'inepties sans queue ni tête ? Qui me demande sans cesse : « Alors, tu l'aimes ta maman ? ». Mère amère qui veut me forcer à l'aimer tellement elle a peur que je ne l'aime pas...


Là, il faut que je vous parle de mon père, quand je pense qu'il a couché avec ma mère ! Mais qu'est-ce qui lui a pris !

Et ma mère, pourquoi s'est-elle laissée faire par mon père ?

Gourgandine? Inconsciente? Les deux?

Non, ne vous méprenez pas, je ne suis pas pudibond, je n'ai rien contre le sexe, bien au contraire, mais quand on y réfléchit, savoir que ses parents ont couchés ensemble et qu'ils ont copuler (peut-être ?) comme des bêtes en poussant des râles obscènes, c'est scandaleux !

C'était d'autant plus scandaleux pour moi qu'on me fit croire à l' époque que j'étais né dans un chou.

Si l'on ne m'avait pas raconté ces salades, je n'aurais jamais été choqué. J'aurai pris ça de façon naturelle comme cela doit l'être. Pas de quoi en faire un plat non plus, mais voilà, secrets et mystères autour de la procréation régnaient dans cette famille que le hasard m'avait donné.

En mon âme chaste et vierge de toute pensée impure, j'imaginais donc que mes parents étaient d'innocents jardiniers arrosant chaque soir,  pour la faire pousser, la graine de chou que j'étais...

Comment pouvais-je imaginer dans mon esprit d'enfant pur et innocent, dans mon âme tendre et naïve, que pour me concevoir ils avaient pu êtres semblables à des bêtes sauvages en rut  ?


Lorsque j'appris la vérité, lorsque je compris que je n'étais pas né dans un chou mais dans un ventre de femme, lorsque, comble de l'horreur je sus que j'avais séjourné dans les testicules de mon père (je n'ai rien contre elles mais enfin, c'était tomber de haut bien bas quand même), j'en conçus une cruelle désillusion.

Certes, ce séjour dans les testicules de mon père dut être assez bref, mais c'était horriblement gênant de le savoir à présent, (surtout en présence de mon père).

Mes parents m'avaient  dissimuler cette réalité  pendant des années, abusant de ma candeur d'enfant.

C'est lorsque j'atteignis l'age de 22 ans que mon père me prit à part et me dit solennellement (et en toussant) : « Fils, tu es assez grand maintenant et il est temps pour toi que tu sois au courant de certaines réalités de la vie, il est temps que tu saches comment tu es né ! ».

Il me décrivit tout, ne m'épargnant aucun détail... (que je vous passe tant ils sont triviaux!).

Découvrant avec stupéfaction et de façon très brutale la réalité biologique qui nous amène tous sur cette Terre, ce jour là vit à jamais ma confiance dans les adultes se briser en mille morceaux...

Je me jurai de ne plus jamais croire de ma vie un adulte (et c'est pourquoi je n'ai pas voté Macron, je ne me suis pas fait avoir sur ce coup!).


Mes parents ne voulaient pas d'enfant, (je le sais ils me l'ont dit sur leur lit de mort pour me mettre bien les boules avant de partir..). Ils auraient préférés adopter un chien à la SPA. Un teckel précisément.

Heureusement pour moi, le jour de ma conception, la SPA était fermée, et c'était un samedi soir, alors, ne sachant que faire certainement, mes parents plantèrent un chou, pardon firent l'amour, à la place d'adopter un chien.

Et ce qui devait arriver arriva, je vins au monde, émerveillé par tout ce que je voyais autour de moi, mais avec une sacrée frousse quand même de ressembler à un teckel !


Mon prénom d'Arthur me fut donné non par mes géniteurs, mais par un oncle de ma mère.

Oncle Gustav était un original.

D'origine Russe, fils de cosaques qui avaient immigrés en France dans le but de faire chauffeurs de taxi et accessoirement d'échapper aux Rouges qui voulaient les étriper, il avait comme tous les slaves un net penchant pour la vodka. Quand il avait bien bu, il récitait des poèmes de Rimbaud, poète qu'il affectionnait particulièrement.

C'est lui qui influença mes parents pour qu'ils m'appellent Arthur, en hommage à son poète favori.

Mon oncle Gustav connaissait par cœur le « Bateau ivre » le fameux poème de Rimbaud, (ce qui est normal pour un ivrogne et marin de surcroît.)

Oncle Gustav était en effet lieutenant de quart dans la marine marchande, sur un pétrolier de plus de deux cent mille tonnes qui s'appelait... l'Amoco Cadiz ! Eh oui l'Amoco Cadiz, qui s'échoua en 1978 sur les côtes bretonnes.

C'était mon oncle qui était à la barre ce jour là, bien imbibé comme à son habitude. Le hasard n'est-il pas stupéfiant parfois? Quand je pense à tous ces romanciers qui se creusent la tête pour inventer des histoires alors que la réalité est souvent bien plus surprenante et inventive que la fiction.

Mon oncle, on ne le voyait pas pendant six mois lorsqu'il était en mer. Par contre, on l'avait sur le dos pendant les six autres mois ou il restait à terre.

A terre il passait son temps à pleurer sur sa Sainte et Éternelle Russie, patrie perdue à jamais tombée aux mains des Rouges...

Je pense que ce n'était en fait qu'un prétexte pour justifier les litres de Vodka qu'il ingurgitait...

Ma mère s'appelle de son nom de jeune fille : « Olga Anastasia Polkochvkaia Roubignolsky ».

Fille aînée d'une famille de six enfants, elle est née sur les bords de la Volga, avec Oncle Gustav c'est la seule de cette nombreuse fratrie qui est née en Russie, un 21 janvier 1924, le jour même ou Lénine mourut !

Pardon, j'oublie mon Oncle Stanislas (Stanislav en russe), lui aussi est né en Russie. Ma grand-mère maternelle accoucha de lui dans la neige, comme une vraie femme de cosaque alors qu'elle allait faire ses courses à Kiev en troïka...

Tous mes autres oncles et tantes sont nés en France, terre d'Asile pour les Russes blancs fuyant le bolchevisme.

Ils sont tous devenus chauffeurs de taxi à la G7... (Sauf l'Oncle Hubert qui est devenu ostréiculteur en Bretagne on ne sait  pourquoi...)


S'ils avaient su que j'allais prendre un jour ma carte aux Jeunesses Communistes, ils m'auraient étripés...


Ils auraient eu tort, je n'y étais rentré que pour suivre ma bien aimée, la douce et fougueuse Alejandra Florès Garcia Jimenez, fille d'un réfugié politique chilien, mais ceci est une autre histoire...



(A suivre...)

(si j'y pense!)










  • j'l'avais raté ce texte !

    · Il y a plus de 5 ans ·
    40405 (2)

    Lady Etaine Eire

  • Le capitaine de l'amoco cadiz avait-il des yeux de velours, où avait-il abusé du velours de l'estomac , le célèbre vin des rochers qu'il arrosa de sa cuvée ?

    · Il y a plus de 6 ans ·
    30ansagathe orig

    yl5

    • En voilà encore une remarque judicieuse, le vin des rochers à coup sur...

      · Il y a plus de 6 ans ·
      P1000170 195

      arthur-roubignolle

  • Grâce à toi, j'ai décidé d'écrire mes mémoires. j'ai commencé ce matin. J'en suis à la page 666. Je suis en train de naître :)

    · Il y a plus de 6 ans ·
    275629861 5656871610996312 6495493694404836520 n

    Mario Pippo

    • Prolifique tu es! Et tu notera les bienfaits thérapeutiques d'une auto-biographie totalement inventée de toute pièces; A moins que tu n'écrives une VRAIE autobiographie?

      · Il y a plus de 6 ans ·
      P1000170 195

      arthur-roubignolle

    • Non, j'déconnais, mais si je devais m'exécuter, tout en restant vivant, si je peux, ça parlerait surtout de grande musique et d'opéra :)

      · Il y a plus de 6 ans ·
      275629861 5656871610996312 6495493694404836520 n

      Mario Pippo

  • Ils sont tous devenus chauffeurs de taxi à la G7... (Sauf "l'Oncle Hubert qui est devenu ostréiculteur en Bretagne on ne sait pourquoi...)" <<< Mouhaha ! perso, de la Russie et des pays de l'Est, je ne retiens que la Trabant qui véhicule autant de bons souvenirs pour les bolchéviks que la 2CV n'en véhicule plus depuis longtemps pour les français de la France :o)))

    · Il y a plus de 6 ans ·
    Gaston

    daniel-m

    • Les Trabans valent maintenant un "pognon de dingue!"

      · Il y a plus de 6 ans ·
      P1000170 195

      arthur-roubignolle

  • Heu d'accord, mon commentaire est un peu capillotracté...mais après un tel texte, j'ai des excuses ..

    · Il y a plus de 6 ans ·
    Agenda ateliers ecriture 300x219

    muri-elle

    • Non, c'est tout a fait raccord. Merci de ta lecture en tout cas.

      · Il y a plus de 6 ans ·
      P1000170 195

      arthur-roubignolle

  • Oh l'gars...c'est trop chou :-)

    · Il y a plus de 6 ans ·
    Agenda ateliers ecriture 300x219

    muri-elle

Signaler ce texte