ma vie en fumée

gribouille--2

Le tabac tue, tout le monde le sait maintenant, petit à petit , à petit feu, tu n’es que poussière de cendres, tu retourneras en poussière, tout part en fumée.

Mais le tabac, on le sait maintenant, ne fait pas que tuer, il enrichit les fabricants, les marchands, les distributeurs, les commerçants, les pays.

Oui, le tabac pue, on le sait maintenant, mais on n’en disait pas autant il y a cinquante ans, On trouvait ça bien de fumer, On se positionnait socialement, On s’affichait, on frimait, on cranait, on se flattait la croupe, on s’entourait de gens bien, on se classait socialement, qui de la pipe, qui du cigare, qui de la cigarette de luxe, ou du travailleur, de la marque x ou z, on nageait dans des volutes de fumées, grises, bleues, vertes, on s’en enorgueillissait.

Sauf que ce tabac a diminué mes défenses immunitaires au début, qu’il a, par ma mère inhalé, provoqué un accouchement avant terme, détraqué quelques trucs au hasard dans ma caboche, a empêché mon être de s’accomplir au niveau de l’ossature, et je suis arrivé fragilisé, plein de volonté de vivre pourtant, mais incomplet.

Alors le tabac, je le balaye de devant ma porte de bistro, je le vide des cendriers des chambres fumeurs, je le raye de rouge sur des dessins, je le cercle, le barre, le condamne avec d’autres.

Mais, sans ce tabac maudit je n’aurais pas rempli mes poches de pourboires, car un sommelier a aussi l’étiquette de cigarier dans les grands restaurants, bien souvent du moins, en plus d’être alcoolique, il respire, hume et déguste et vend, conseille, recommande.

Chanté par certains, hissé à l’ode des dieux, révéré par d’autres, collectionné par les uns, diversifié par les autres, les accessoires se sont multipliés pour accompagner ces feuilles de nicot roulées.

Oui, j’ai fumé, enfumé, dès mes sept ans, et j’ai respiré le tabac des autres pendant, ouf, au moins cinquante ans, bin , non, je ne suis pas mort encore, je respire mieux, autre chose, des pesticides, des insecticides, des trucs dans les murs, dans les peintures, dans les champs, dans les villes, dans mes habits, dans la bouche des autres, dans leurs lits défaits, dans leurs chambres vides ou pleines, mais je respire la vie mais la fumée que je préfère est celle de mon bon vieux feu de bois, dans ma cheminée, dans ma maison, dans ma campagne.

Au fait à quoi sert la fumée déjà, ou plutot autrefois ?

Demandezdonc aux andouilles qui pendouillent, aux saucissons et poissons !

Donc, avant d’enfumer les autres, choisissez votre fumée, merci.

  • super...

    · Il y a environ 14 ans ·
    Ptidej 92

    Capucine De Chabaneix

  • Beau texte
    @ Lézard des Dunes LOL "Tu fum's pas ! T'a s bien d'la chance...
    C'est qu'la vie pour toi c'est du v'lours
    Le tabac, c'est l'baume d'la souffrance
    Quand on fume, l'fardeau est moins lourd ..." LOL Du Gris. 1931
    Parole E. Dumont
    Musique F L Benech
    Reprise par Renaud dans le ptit bal du samedi soir.

    · Il y a environ 14 ans ·
    Default user

    buffalosev

  • Ce texte est génial.. pourtant je suis une fumeuse notoire... mais je ne désespère pas à arrêter.. merci pour ce superbe coup de gueule... (à mettre dans "finis ton verbe)

    · Il y a environ 14 ans ·
    15592326 141051769716160 1919602287 n

    thelma

  • J'ai fumé pendant 1 mois, 4 par jours, puis j'ai décidé que c'était de la merde et j'ai arrêté... Ça pue de la gueule la clope !

    · Il y a environ 14 ans ·
    Dargon d absinthe orig

    Lézard Des Dunes

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