Madame Irma.

Nous venions de louer une petite maison. Sur l'annonce il était mentionné qu'il y avait une grande baie vitrée donnant sur la mer et les coraux, et un portail automatique encastré dans une haie à feuilles toxiques et malodorantes, pratique pour empêcher les voleurs et faire s'en aller pisser les chiens. Il n'y avait pas de photos jointes mais le descriptif suffisait à combler nos désirs: voir l'océan depuis le salon, et ne pas avoir à sortir de la voiture pour se choper une dermatite irritative en rentrant chez nous, un chenapan, ou même un teckel raté. Betty aurait voulu en savoir un peu plus sur la couleur des murs, s'il n'y avait pas de tapis ridicules placés un peu partout pour cacher une décoration de merde et engendrer des allergies en laissant un Biba ou un Télérama sur une table basse.

Pour emménager nous avons acheté un lave-vaisselle moderne et hyperpuissant qui lave les verres posés à l'endroit, sans devoir forcément les retourner dans le panier. A l'intérieur, j'imagine que ça doit faire comme dans un œil de cyclone, où tout doit être aspiré par le milieu et se laisser violemment déposer dans les joues de la machine, dans l'inox de ses parois. Mais comme dit Betty, je ne suis pas Madame Irma, je ne sais voir plus loin que le bout de mon nez.