Mais tu vas avoir froid !

« Mais tu vas avoir froid ! »

Quoi de mieux pour commencer cet article, qu'une phrase culte sortie à tous les petits étudiants Erasmus qui se sont décidés à partir, non en Espagne, en Italie ou en Angleterre mais.. En Finlande ? C'est étrange de voir comme ce pays est effacé de l'imaginaire collectif en temps normal, comme s'il était trop loin, trop étrange pour qu'on s'y attarde.       

Si je dis "Italie", la personne en face de moi me dira, tout sourire, "tu vas manger plein de pizzas !", mais si je dis Finlande, j'aurais droit d'abord à quelques minutes de silence, un regard me qualifiant d'Ovni, puis une appréciation brève qui sonne comme une bouée jetée à la mer : "Mais tu vas avoir froid !". 

Hum... oui, c'est un peu le concept. J'y vais pas vraiment pour faire la danse du ventre sur une plage de sable blanc.       

S'en suit alors le pourquoi du comment j'ai choisi une telle destination pour six mois. C'est une décision mûrement réfléchie et très personnelle, car je crois que choisir un tel pays, c'est aussi le meilleur moyen de s'exiler de tout ce que l'on connaît vraiment. Et, pour tout vous dire, je crois que c’est aussi la consécration d’un ras-le-bol qui m’a démangé ces derniers mois : la pression sociale.

Mon premier déclic s’est fait avec Facebook : j’ai réalisé qu’entre les mecs avec qui j’ai flirté, les potes de primaires qui veulent juste s’exhiber, les gens qu’on côtoie sans vraiment les connaître, et les amis. D’une manière tragique, j’ai réalisé que FB cristallisait le passé d’une manière si étouffante, que je voudrais recommencer à zéro.

Et puis j’ai réfléchi à cette petite part de moi-même que je n’ai jamais vraiment assumé. Vous savez celle qui soulève le sourcil d’un pote qui vous connaît trop bien, ou qui n’est pas prise au sérieux par la famille.        Celle qu’on exprime par des choix qui déroutent l’entourage, qui explique pourquoi l’on répète parfois dans un murmure «  tu ne me connais pas vraiment ».

Et puis vient cette fine distorsion ou parfois, on commence à se dire qu’on est plus vraiment sur la même longueur d’ondes que d’autres, et on surprend plus d’affinités avec d’autres. Et s’il existait un terrain neutre ? Si on avait la chance d’être dépouillée de tous les regards, calques, masques qui nous recouvrent et qu’on était complètement nue – ceci est une image, rho - , quelle image ressortirait de nous ?  Est-ce qu’on serait pas différentes ?

Est-ce qu’on ne serait pas plus honnête avec soi-même ? C’est la question que je me pose. C’est la question qui me motive à vivre pleinement là où l’on ne m’attend pas, là où j’ai envie d’être. C’est la raison pour laquelle je cherche un nouveau départ, de nouvelles personnes, de nouvelles expériences. C’est la raison pour laquelle j’ose, aussi.            

Alors, ouais, je vais me les cailler dans le pays du Père Noël, mais je peux te garantir une chose : je vais m’éclater à voir ce que ça fait d’être soi-même. 

Besos Caribou !