Manarola, j'ai tout quitté pour toi.

maewords

Bien loin du luxe de Paris, des fêtes de Rio, de la technologie de Tokyo, il existe un petit paradis, niché en Italie, une utopie nommée Cinque Terre.

Je me murmure cette phrase et me rappelle…

Lorsque, avachis sur notre canapé, Vincent ouvrit ses grands yeux verts émeraude et me dit « je veux aller ici » je restais bouche bée quant à la splendeur des lieux, que je ne vis, à ce moment là, seulement sur le site AirBnB. Un décor de carte postale. Nul besoin de rappeler que nous sommes souvent déçus par les décors de carte postale, arrivé sur les lieux. En un clic, nous réservions notre nuit à Manarola. 

Nous longeâmes la côte Italienne durant quelques heures, nous nous perdîmes. Seules les montagnes nous entouraient, ainsi que des chemins de terres, étroits et zigzagants. Quelques minutes ont suffit à se demander ce qu'on faisait ici, que déjà un panneau indiquant notre entrée sur le territoire des Cinque Terre fit son apparition. Nous n'avons pas eu le temps de passer le panneau Manarola qu'un grand bonhomme nous fit signe de nous garer sur un parking où reposaient seulement quelques voitures. Il nous dit, dans sa langue régionale que je pu déchiffrer grâce à mes deux années d'Italien « Votre véhicule doit rester ici le temps de votre séjour, les Cinque Terre sont fermées à la circulation dans le souci de préserver leur espace naturel. Vous devez prendre tout le nécessaire avec vous et continuer le chemin à pieds ». 

Le périple n'était pas terminé! Nous marchâmes durant de nombreuses minutes. Quelle ne fut pas notre surprise en arrivant au cœur du village. Le décor était digne des plus grands films Italien, les odeurs, les couleurs, l'architecture, Manarola me rappelait la Sicile. Des citronniers à perte de vue, des papys assis sur les bancs, des enfants jouant aux billes sur la place du village. Je n'avais jamais rien vu d'aussi authentique. Nous arrivâmes à notre suite. Un monsieur d'un certains âge nous ouvrit. Nous étions très gênés par la prestance que dégageait cet homme. Vincent et moi nous amusions à siffloter un air du « Parrain » tellement l'ambiance y était semblable ! Nous n'avions pas eu le temps de défaire nos valises que Marco revint, une bouteille de Limoncino à la main. La langue ne fut pas une barrière. Français, Anglais, Italien, nous mélangeâmes tous les styles pour nous comprendre bien que le papy nous grondait d'une voix douce sur notre mauvais italien! 

La vue qui se dressait devant nous était un appel au dépaysement, à la sérénité, à la simplicité. On dit souvent que la mer invite au calme, il ne pouvait pas y avoir meilleur exemple qu'ici. Le plus fou était de constater l'homogénéité qu'avaient pu créer ensemble l'homme et la nature. C'était le tout qui rendait Manarola si exceptionnelle. Ce village de pêcheur avait une harmonie parfaite : les maisons de toutes les couleurs au premier plan, révélaient d'immenses montagnes où l'on pouvait admirer les diverses cultures. Du vert, du rose, de l'orange, du jaune, du bleu, c'était un véritable arc en ciel pour les yeux. En face de ce tableau parfait, se dressait la mer, aucunes côtes à l'horizon, on pouvait se perdre dans son immensité. 

Pour la première fois, depuis longtemps, Vincent me regarda d'un air complice, nos mains se touchèrent, nos lèvres se rencontrèrent… Il ne fallait pas plus que cette douceur pour que lui et moi retrouvions notre complicité, égarée il y a bien longtemps par notre travail acharné. 

Nous rentrâmes à notre suite quand un jeune homme nous interpella! « Bonjour, je suis Fabio, le fils de Marco! ». Nous discutâmes un temps, nous buvâmes encore ce fameux breuvage qu'est le limoncino et nous restâmes diner avec la famille. Nous avions l'impression de faire partit d'eux. Nous rigolâmes, buvâmes, mangeâmes, on expliqua à la famille notre vie de citadin en France, c'est à cet instant que nous eûmes l'impression d'être des extraterrestres pour eux tant notre vie tourné autour du labeur qu'est le travail. Une fois le repas terminé, les bonnes odeurs de ce qu'avait cuisiné la «  Mama » emplissaient encore les murs. Fabio nous proposa une promenade digestive à bord de sa « barcasse » dont j'appréciais la sobriété. Fabio mis en marche le moteur et la barque s'éloigna doucement du rivage. Spectacle extraordinaire, nous pouvions voir les cinq villages éclairés en un seul plan. Fabio fit même entrer le bateau dans de petites grottes très reconnu par les touristes la journée, c'était magique.

Arrivés à Aix en Provence, nous reprenions notre vie quotidienne. Travail, soirée mondaine, shopping quotidien… Un jour, Vincent rentra et ne trouva qu'un mot sur la table « Deux billets sans retour, pour Manarola, le ferry part dans une heure ». 

Bien entendu, je parti seule. Je ne vous dis pas que ce fut facile. Arrivé là bas j'ai du trouver un logement, un travail et tout recommencer. Je ne regretta jamais mon choix, Manarola fut un coup de foudre pour moi. Mais quelle ne fut pas ma surprise lorsque, quelques mois plus tard, attendait devant ma porte le jeune homme aux yeux vert émeraude…

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