Marché aux mots, y piocher en cas d'ennui

Psychose- L'art de se prendre la tête. L'esthétisme de la folie, propre à nos jours. Je tu il nous vous elles. Ils c'est la guerre, et Elle c'est la manipulation, donc on les zappe. Soyons fous. Psychose, la tête de la maman momifiée dans la cave. Syndrome. Nevrose avec cause physiologique. Prononçons avec déléctation. Je suis réac. Parlez moi sans ommettre les h, les y, les ï, les ç, et autres belles lettres.
 Paupiette- Le goût, ça passe mal en déscription. De toute façon, je ne suis pas sure d'aimer les paupiettes, et puis les description c'est la littérature qui s'ennuit. Mais j'aime bien le double "p", et le mouvement de la bouche qui accompagne ce mot dit à haute voix.

Exquis- Autant qu'un glace au citron en espagne sous 50 degrés après un long trajet en voiture. "Monsieur, vous êtes absolument exquis". Il faut y mettre des italiques pour se rendre compte de savaleure. Comme il faut mettre une majuscule à mon prénom pour qu'il soit agréable. ékssski. Le premier k a du mal à passer. Le x demande toujours un effort particulier, une petite pause. Il se fait désirer, attendre, il se fait beau. Le x est très imbu de lui même. On a du mal à accéder à sa compagnie, et quand on doit le citer on dit toujours "Xylophone". Une valeure sure, xylophone. Un jeu pour ceux qui apprenent le language, l'alphabet.

Alinéa- C'est la respiration de l'impatience. L'attente du spectaculaire. Et l'ordre dans un texte. Le paragraphe commencera par du vide ou ne commencera pas. A-li-né-a. Très musical. On commence par le A imposant, on descend dans les graves, et on remonte au A final. La boucle est joliement bouclée. La composition est aussi stricte que la mort, mais ça reste plaisant. Court--long-long--court. L'alinéa, c'est la base solide qui nous permet de dériver, et c'est la marque de la respiration de tout lecteur.

Désir- Ou comment résumer en un mot tout un enchaînement de sensations. Prendre l'odeur, la respiration coupée, la peau tendue, l'imagination exitée, et tout compacter en 5 lettres et un accent aigu. Le s joue les z, déformé comme tout ce qui touche aux sentiments. Mot tout chaud, comme sortit du four. Le croissant des littéraires, l'abstraction des ennuis. Qui résume des frissons et qui en crée d'autres.

Extase- Le prolongement. Celui qui vient logiquement après le désir. Le plaisir renforcé par l'attente. L'apogée. Le mot le plus important du vocabulaire des émotions. Celui qu'on emploit rarement, et qu'on ressent encore moins souvent. La solution recherchée, et le problème à tout. Les multiples moyens mis en oeuvre pour l'attendre. Paradis artificiels, drogues, armes, recherche de la débauche, sexe, gourmandise, meurtre.

Florilège- Danse folle du surplus, ronde du superflus. Tout est flou mais tout est beau. ça tourne, c'est coloré. Un marché débordant de produits, de vendeurs, de cris et de clients. On ne peut qu'être submergé. Mais qu'est-ce que c'est doux. Grâce aux L et au g, sans doute, qui sonnent comme on murmure. Une promesse dans l'oreille, et tout qui s'offre à nous dans un souflle.

Volage- Encore la dominance du g. Encore la douceur, mais une triste douceur. Une mélancolie anticipée par la peur de l'éphémère. Le chamboulement de nos systèmes de valeurs. On ne peut même plus compter sur le temps. Une aile qui se déploit, un ange (ou une poule) qui s'envole. Fiou, et c'est fini. Volatille.

Becassine- C'est assez ridicule de finir là-dessus. Becassine ou la simplicité. Naïveté paysanne. Beret, vélo, pain, robe affreuse. Bande dessinée sans un interêt. Mais l'honneur est sauve car on peut y trouver une utilité: ça fait une très jolie insulte.