Maux passant

Les mots sont miens

entre vos seins

et dans mes reins

je les séduis

je les réduis

La nuit le jour

avec bravoure

les mots accourent

Toi dans ta tour

tu les savoures

je les laboure

je les chatouille

je les mâchouille

je les barbouille

et les épouille

les tripatouille

les écrabouille

je les émaille

je les fouaille

avec tenaille

les éventaille

et ils défaillent

Quelle pagaille

Je les salive

dans la chair vive

de tes gencives

Très offensive

tu les dérives

les invectives

En tyrannie

dans le cambouis

j'ai éconduit

leurs gribouillis

leurs cafouillis

leurs bredouillis

Moi le dompteur

eux les erreurs

de jamais d'heure

mes débiteurs

mes serviteurs

et mes skippers

Mes mots sont siens

entre ses seins

et dans ses reins

je les séduis

je les réduis

Mais voilà que

sous sa couette

en queue leu leu

ils pirouettent

soudain grincheux

brouillent sa tête

En catastrophe

veulent l'étoffe

d'alexandrins

et de quatrains

des pieds d'airain

J'ai mal aux reins

Quoi des jambages

quel bachotage

tournons la page

Quoi l'hémistiche

et l'acrostiche

ça fait godiche

Ils sont rigides

je suis livide

ils sont avides

de régicide

et intrépides

me dilapident

ils me conduisent

me tyrannisent

me dépaysent

ils m'érotisent

Est-elle éprise ?

Fut-elle conquise ?

Terre promise

les mots la grisent

par mon entremise

elle voulait être soumise

à ses envies exquises