Mémoire

Hervé Lénervé

Eh, vous n'avez jamais eu de trous de mémoire, vous ?

Tiens, c'est là. Je reconnais l'allée, le portail, les arbres, la piscine, c'est ici, c'est ma maison.

Tu ne sais plus où tu habites ?

Si, puisque je te dis, que c'est là.

Admettons. Ouvre le portail alors.

Regarde, j'ai les clés, j'ouvre. Tu vois bien, que c'est là.

Admettons. Et le gros chien, tu le reconnais aussi.

Non. Mais lui, peut être ? Regarde il remue la queue.

En montrant les dents aussi.

C'n'est rien, c'est parce qu'il est content de me voir.

Admettons, passe devant, alors.

Couché Médor. Tu vois il s'assoit, car il ne comprend pas bien le français. Faut lui parler en allemand.

Tu parles allemand.

Non. Je vais essayer l'espagnol, c'est pareil.

Admettons.

Putain quel con ce chien, il ne comprend pas l'espagnol non plus. Il m'a mordu, l'inculte.

Et là, c'est ta femme avec le fusil.

Fait voir. Ah, oui, c'est Yvone, je vais lui parler en anglais.

Putain, elle nous a raté de peu.

Elle l'a fait exprès, c'est pour plaisanter, elle est très caustique.

Bon, moi, je m'en vais.

Tu ne veux pas venir boire un dernier verre.

Non merci, je vais vous laissez entre vous, je crois que vous avez un tas de choses à vous dire.

Darling, c'est moi ! Tu ne me reconnais pas ?

Partez tout de suite, j'ai appelé la Police.

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