Mémoire différée

Si, si ! Les informations sont correctement stockées, mais mon problème c'est de retrouver où j'ai bien pu les ranger.

Les mots, par exemple, j'ai un vocabulaire suffisant pour être à l'aise dans n'importe quelle situation, pourtant je passe pour un débile, car je m'arrête tout le temps pour chercher mes mots, quand je ne me trompe pas carrément de terme.

C'est la restitution à la conscience qui merde et elle merde d'autant plus dans l'urgence et le stress. Par exemple, je suis incapable de jouer « Aux mots et aux lettres ». J'ai la bonne réponse, mais je vous la donnerai demain quand mon cerveau aura refroidi.

Avec les noms propres de personnes, de pays, c'est pire. Une vraie catastrophe !  

La dernière fois, j'étais incapable de me rappeler les prénoms de mes enfants, heureusement que je n'en ai qu'un. Je savais que c'était un garçon. Ouf, ça élimine toutes les Gertrude, les Cunégonde et les Ginette. Je m'en suis tiré en l'appelant « machin », ça passe partout et c'est plus masculin que « machine ».

Une autre fois, alors qu'on me cramait les pieds à la lampe à souder, pour connaître mon code de carte bancaire. J'ai eu beau leur crier. «  Attendez une minute, que ça me revienne, vous n'êtes pas aux pièces, quand même ! » Les cons, ils m'ont calciné jusqu'aux genoux, aucune patience ces plombiers !           

Si j'avais été résistant au lieu de collabo, les camarades n'auraient rien eu à craindre, si je m'étais fait prendre par la gestapo.

Etant psychologue diplômé, moi-même, mention antisèches, je connais les mécanismes de perturbation qui empêchent une information de remonter à la surface. Il faut respirer calmement, ne pas se focaliser sur le mot, il faut oublier l'oubli et hop il revient par magie quand on a plus besoin de lui.

Donc, tout ceci pour dire que j'ai une très bonne mémoire qui ne me sert strictement à rien.