Mensonge

Ta main, souple et immobile, reposant sur les draps. Ton front, immense et lisse. L'écho régulier de ta respiration. Tes paupières closes, agrandies par les cils couchés sous tes yeux. Le frémissement imperceptible de tes lèvres. Ton cou, abandonné à la douce courbure de l'oreiller. Ton corps, tout entier remplit de sommeil, prisonnier des rêves qu'il cache. La lumière aveuglante des premiers rayons, écorchant ta peau hâlée, la parsemant de reflets rouges.

L'atmosphère vaporeuse, floue. La poussière baignée de soleil. La chambre sommeillant, elle aussi, derrière ce masque de soie, léger, trompeur, se mouvant dans un souffle d'air, se refermant sur nous, comme un carcan d'amertume aux contours indéfinis.

Tout se mêle, s'efface, s'enfuit puis reviens me hanter. Je m'agite, mais rien ne trouble ton sommeil : Insouciant et lâche. La solitude est toujours cruelle au côté de l'être endormi.

Et ton pied, comme un dernier soupire, égaré contre ma cheville nue, sous les couvertures. Comme l'ombre d'un amour déchu. Le geste involontaire et mécanique d'une conscience hypocrite. L'antidote prescrit à la douleur qui me ronge, mais qui, au lieu de faire son office, m'achève d'un dernier mensonge.