Mental désordre, l'expo.

Christophe Paris

Une exposition sur les cases qui manquent, araignées au plafond et voix d’ailleurs. Une déambulation claire, immersive, profondément humaine. Du flippé pas flippant, à prescrire d’urgence.


Des ilots thématiques disposés comme des boîtes, vous accueillent dans un univers chaleureux, à tonalités boisées. La plongée dans les méandres de la pensée débute par un pourcentage. 10% de la population souffre de troubles variés. Une personne sur  10. Enorme….
Le voyage dans les neurones peut commencer, dans une exposition où vous ferez également face à vous-même via les dispositifs interactifs.

Je passe à des alcôves, sorte d'aquariums qui résument en maquettes et témoignages en voix off, la vie au temps jadis des malades du bocal. Celui de la lobotomisée est plus qu'édifiant sur la philosophie médicale de l'époque et sur le ressenti du malade.
Pas folichon la vie de cintré, une vie au placard ou au mitard selon les époques.
 Asile, cellule ou cour commune, saleté, manque de nourriture, maltraitance. Un quotidien insupportable et à vie. Des traitements médicaux à l'avenant avec sangsues, saignées et laxatifs, le mal c'est bien connu, s'évacuant par voies naturels. On y ajoutait du coup en guise d'ignorance médicale les voix spirituelles en se disant que ça pouvait toujours aider… Vous réalisez alors que tout provient du regard négatif de la médecine sur ces troubles, d'une prise en compte erronée des phénomènes.

                                                                                                                      Allez à moi de jouer au docteur.                                                          Assis derrière un bureau de cabinet médical, j'y découvre une tablette en bois où sont rétro projetées commandes virtuelles et sujets  à cliquer. Chouette la scénographie, drôle un Ipad en bois ! On clique sur l'époque de son choix, de 100 ans après le type à barbe et cheveux longs, jusqu'aux années 50 en passant du côté de chez Freud. On y remarque deux choses. Plus on avance dans le temps, moins les médecins sont couillons et plus le sujet est respecté, en revanche ça a mis du temps pour en arriver là... Mais aussi la définition du mal qui paraît tellement obsolète de nos jours.
La mélancolie ou la morosité, en fonction des époques. La mélancolie qui n'est que de la ferveur retombée écrivait Gide. Encore faut-il savoir où, et à quelle profondeur.

 
Séquence émotions.
Il faut les reconnaître via un proche qui glisse son visage dans l'espace prévu,  le tout après avoir fixé une spirale hypnotique qui embrouille les pupilles. Un exercice qui risque fort de vous rappeler quelques soirées arrosées. Les teenagers adorent, jouent, et se frottent les yeux après ! Identifier une émotion pour moins en souffrir…

Le cri.
Je le pousse muet, en incrustant mon visage dans celui du tableau de Munch ici sous forme digitale. Impressionnant. Les ados grimacent, se traitent de psychopathes. Illustration du regard que l'on peut porter sur l'autre suivant ce qu'il dégage.

Après le cri, le dancefloor de Danse comme des fous.
Quatre énormes chapeaux sous lesquels il faut secouer ses hanches sous peine d'arrêter la musique. Les jeunes délirent, les adultes pas du tout qui veulent éviter de passer pour des fous, on ne sait jamais.

Blanche neige.
J'en ai pas la tête, mais c'est pourtant comme ça que je me sens devant cet énorme miroir de l'image de soi. Trop génial, une manivelle à actionner élargit ou rétrécit le reflet de votre silhouette correspondant à votre propre vision de vous-même. Ne cherchez pas à savoir si vous êtes la plus belle ou le plus musclé, le miroir se contentera de vous dire si vous vous percevez trop enveloppé ou trop sec.   

Il est temps de devenir schizophrène en deux leçons.
D'abord le schizophone avec lequel se promener dans l'expo, qui vous transforme en tête de Télétubbies et filtre les sons comme peut les entendre un malade typique. Là vaut mieux être sourd c'est sûr. La deuxième immersion dans le même symptôme est redoutable. Un salon de coiffure, on s'assoie,  commence alors tout un cirque de sons, d'étranges lumières, de voix que personne d'autre n'entend, excepté le malade qui part dans une parano crescendo. Très prenant, de se rendre compte de cette souffrance et des délires qu'elle engendre.

J'entends des cris vers la chambre des phobies.
 Ici on vous teste encore, arrive l'obscurité, j'entends deux filles qui parlent « C'est toi qui m'touches ? », « Non, non j'te jure »… Bah c'est pas moi non plus mais suis certain qu'elles pensent le contraire. La lumière revient et tout le monde comprend mieux… Ouf j'ai failli passer pour un pervers pépère !

J'enchaîne avec les témoignages, présentés comme si vous étiez installés dans un confortable salon avec télé. Des gens qui parlent ouvertement simplement de leurs difficultés quotidiennes. On comprend que tout ça n'est pas facile à identifier, qu'on a parfois des points communs mais sans commune mesure avec les effets qu'ils ressentent. Une tête qui tourne pas rond et la vie bascule, job, famille, amis, amours, beaucoup ont tout perdu. Mais dès que la maladie est diagnostiquée on apprend que la  victime reprend espoir, qu'un traitement est possible, souvent chimique et doublé d'une thérapie.

Je passe à la boîte à tests.
Capacités et dépendances, abordées sous formes de questions ou de micros tests. C'est la révélation, la dépendance est la même pour le sexe, la drogue, l'alcool, et le sport ! Les mêmes questions en crescendo pour des produits différents, aux effets psy similaires et aux rituels de pensées quasi identiques.
Etonnantes comparaisons.

Un courant d'air passe et je pense dépression, la salle est devant moi. Ici j'y laisse des plumes, une mini scénette avec un père en profonde dépression, son môme, sa femme. Des mannequins installés dans un salon et des dialogues à l'avenant qui éclairent sur les douleurs vécues par chacun. Dur quand on l'a vécu ou qu'on le vit. Brut de vérité, une mise en abîme qui peut en bouleverser plus d'un.

Je libère mon corps en guise de fin.
De gros masques blancs, avec chacun une émotion sur le visage à retranscrire dans un miroir via votre corps. Rigolo comme tout à regarder, faire, tout le monde s'y met y compris les adultes.
Sortie, mais pas tout à fait il y a ce point info avec adresses de toutes sortes pour venir en aide aux démunis des neurones. Très judicieux, utile dans une exposition qui permettra peut-être à certains de voir plus clair sur eux-mêmes ou de consulter d'urgence !

A la cité des sciences.

  • Génial, j'adore, ça a l'air super bien fait, c'est trop intéressant!

    · Il y a presque 8 ans ·
    Cat

    dreamcatcher

    • Yep mais la scéno est assez simple faut prendre le temps de bien lire avant de tester et là ça marche

      · Il y a presque 8 ans ·
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      Christophe Paris

  • tu visites vraiment de drôles d'endroits !.... moi travaillant en pédopsychiatrie, inutile de visiter de telles expo, j'aurais l'impression d'être au boulot !... :-))

    · Il y a presque 8 ans ·
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    Maud Garnier

    • Oh pedopsy, great job courageux genéreux utile humain m'étonnes pas de toi bravo maud ! Et merci d'avoir lu malgré tout, et pis je l'ai visité pour savoir à quelle catégorie j'appartenais ! Chui rassuré chui juste dépressif.... Ouf. :) bises ainormes

      · Il y a presque 8 ans ·
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      Christophe Paris

    • on a tous un côté un peu "dépressif" de temps à autres ! l'écriture est là pour nous "décharger" des poids trop lourds à porter.....
      bisous....

      · Il y a presque 8 ans ·
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      Maud Garnier

    • Oui excellente thérapie docteur :)

      · Il y a presque 8 ans ·
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      Christophe Paris

    • Chuis pas docteur !................ ;-)) et toi tu fais koa ?? réponds en MP si tu veux..;

      · Il y a presque 8 ans ·
      12804620 457105317821526 4543995067844604319 n chantal

      Maud Garnier

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