Mes fantastiques aventures: Partie 3

C’est l’agitation des Samoyèdes qui tira Judith de son sommeil. Les chiens, en plein échange de morsures amicales, semblaient avoir divinement récupéré : c’était nécessaire au vu de l’aventureuse journée qui leur ouvrait les bras. L’objectif était proche et Judith savait pertinemment que, malgré la tempête nocturne et son cortège de difficultés supplémentaires, elle pourrait certainement s’approcher de l’immense bâtisse qui surplombait la vallée. Tout semblait plus calme à l’extérieur. Les interstices des volets déroulaient un mince filet d’or sur le sol poussiéreux de la cabane. Le vent s’était tût.

Au prix d’un premier effort matinal elle ouvrit la porte encombrée par la poudreuse s’exposant ainsi à la beauté d’Imaginoria. Le calme était surprenant, presque assourdissant. Une onctueuse Chantilly cristallisée avait recouvert le ventre de la plaine livrant la toundra à la surexposition lumineuse des trois soleils d’Imaginoria. Les bouleaux semblaient s’éjecter du sol et levaient victorieusement leurs bras comme de vaillants résistants cotonneux. Au loin, barrant l’horizon, se dressait un pic rocheux sombre et abrupte sur lequel semblait clouée la riche architecture d’une façade sculptée : le bâtiment était là !

« Je n’avais donc pas fantasmé cette vision lors de ma dernière visite, entre deux nimbus orageux, il était enfin visible, net et j’allais enfin pouvoir m’en approcher »   Judith resta quelques minutes à contempler  sa trouvaille, ses compagnons de route, quant à eux, batifolaient déjà comme des bambins dans l’épaisse couche de cristaux immaculés.

Elle alluma le poêle à l’aide d’essence de térébenthine, fit fondre un peu de neige, une rapide toilette, un peu d’ordre dans ses cheveux d’ébène, quelques rations de viande séchée qu’elle partagea avec les chiens et l’aventure pouvait se poursuivre. Aujourd’hui le programme plongeait vers l’inconnu. Elle n’avait jamais pu s’aventurer plus loin que ce refuge. Judith allait enfin pouvoir compléter sa cartographie d’Imaginoria et même, visiblement, pouvoir se délecter des traces d’une quelconque civilisation : cette pensée l’électrisait, ce type de découvertes était le sel, la sève de son existence.

Après quelques notes à la lecture de sa boussole la demoiselle prépara son attelage et s’élança sur le livide océan ne laissant derrière elle que les deux griffures parallèles de sa modeste embarcation.  

-« Je l’ai vu j’te dis.. Tout s’est passé comme dans cette vieille légende : c’est une étrange petite créature avec une longue crinière noire. Elle a passé la nuit dans le refuge et aujourd’hui elle est partie en direction de l’ancien temple… »

A Suivre...

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