Mes fantastiques aventures: Partie 6

J. M

Dehors, juste là. Elle entendait des pas. Un frisson lui parcourut l'échine. Quelque chose n'allait pas. Les chiens n'avaient pas bougés et étaient toujours profondément endormis.

            Sans faire le moindre bruit, elle empoigna le fusil qu'elle avait posé près de sa couchette. Les bruits se rapprochaient. Et le nombre important de craquements dans la neige laissaient penser qu'ils étaient nombreux. Paniquées, Judith respirait bien plus fort qu'elle ne le voulait. Des brides de vapeurs blanches s'échappaient de ses lèvres tirées. Elle se leva en silence, genoux à terre et vérifia d'une main tremblante qu'il restait des cartouches dans son arme à feu.

            La peur maintenant l'envahissait. Cette fois-ci, elle était seule, Ayashé n'était pas là, le clan du Faucon n'était pas. Il n'y avait plus qu'elle, et elle n'était pas sûre d'être assez forte pour le supporter.

            Le bruit se rapprochait encore, moins de 100 mètres. Une goutte perla de son visage moite. Ses mains tremblaient. Elle ne savait plus quoi faire, la jeune femme était totalement tétanisée par la peur. Comme des tambours graves, les battements de son cœur résonnaient dans sa tête, à cadence répétée, rythmée, oppressante. Derrière le souffle du blizzard, Judith percevait des brides de paroles et des cris. Un langage épais, guttural, que Judith ne connaissait pas. 

            C'est alors qu'un hurlement de victoire retentit. Les pas s'accélérèrent en se rapprochant dangereusement. Ils avaient repéré sa cachette et s'apprêtaient surement à attaquer.

            Judith avait envie de vomir, une main d'acier tordait son estomac jusqu'à la faire gémir. Elle aurait dû camoufler son abri, par prudence, bien qu'elle se doutait que les pillards l'avaient déjà repérée bien avant son arrivé ici. Peut-être même l'avaient-ils suivie depuis déjà plusieurs jours à travers les plaines glacées. Elle se doutait bien que son traîneau n'était pas le moyen de locomotion le plus discret. Mais le fait qu'ils aient pu la pister ne faisait que renforcer son état de panique. Elles savaient qu'ils étaient près à tout pour l'avoir.

            D'un geste tremblant, elle brandit son arme face à elle, juste sur l'ouverture de l'abri. Derrière la tenture, une grande ombre s'approcha. Tenant ce qui semblait être une masse, la créature agrippa violemment le tissu et déchira une ouverture. Judith ne pu retenir un hoquet de stupeur. Elle s'attendait presque à tout, mais surtout pas à ça. La jeune fille savait que de nombreuse espèces de peuplaient les larges plaines d'Imaginoria, mais aucun manuscrit ne l'avait préparé à ça. Un Pillard.

            Dans son épais manteau de fourrure blanche, le Pillard la fixait avec avidité. Ces dents noires brillaient, mises en évidence par un monstrueux sourire. Tenant une imposante masse cloutée, il s'approcha doucement. A sa ceinture, des scalps séchés se balançaient d'avant en arrière au rythme de ses pas.

            Judith ne pouvait réprimer son envie de vomir. Une odeur fétide de chaire pourrie et de sang séché envahit l'habitacle. Des traces encore évidentes des précédents massacres éclaboussaient les vêtements du monstre. Son souffle rauque masquait presque la panique des chiens qui s'étaient réveillés peu après l'arrivée du Pillard. Ce mélange de loup et d'hommes, elle l'avait déjà vu dans de vieux grimoires, des Wolfars.

            Le monstre poussa alors un cri bestial avant de se jeter sur la jeune fille terrorisé. Dans un cri de terreur, celle-ci pressa la détente. La détonation explosa à ses oreilles tendit que les éclaboussures de sang lui aspergeaient le visage. Le pillard fut propulsé à l'autre bout de l'abri.  Dans un dernier gargouillis, la créature s'effondra tout en gardant sa main griffue posée sur son poitrail déchiré.

            Alerté, le reste de la troupe pénétra alors un à un dans la cachette. Judith ferma les yeux, elle ne voulait pas assister au spectacle qui allait se produire. Une à une, elle vida ses cartouches sur les créatures hostiles qui l'assaillaient. L'odeur fétide du sang emplissait dorénavant l'habitacle. Derrière elle, les chiens jappaient de terreur tendit que les monstres tombaient dans des râles d'agonie. Puis plus rien.

            Tremblante, recouverte de sang, Judith rouvrit doucement les yeux. Nauséeuse, elle fixa avec dégoût le carnage qu'elle avait perpétré. Bien qu'elle se soit déjà battue contre des créatures hostiles, elle n'avait jamais eu à affronter des humanoïdes auparavant. Elle se releva doucement, prête à tomber à la renverse. De la chaire sanglante recouvrait le sol et les cadavres encore palpitants s'étalaient de ci et de là.

            La jeune fille fixa quelques instants le carnage avant d'être prise de convulsion. Dans un haut-le-cœur, elle vomit le long de la paroi de glace.

            Le froid se faisait mordant, et le seul bruit qui animait ce lieu de mort était le doux sifflement de la bise dans les lambeaux de tentures empourprées de rouge. Judith se rhabilla complètement avant de faire sortir les chiens qui étaient toujours tétanisés par l'attaque des Wolfars. Tout en essayant d'ignorer les cadavres fumants, elle rassembla toutes ses affaires dans un grand baluchon. Elle avait toujours la chair de poule et son corps tout entier était parcouru de frissons glacés. Une image lui venait à l'esprit, elle revoyait Ayashé. Il lui apprenait à chasser dans les grandes plaines verdoyantes de l'Akeshetan, au centre des terres d'Imaginoria. Une larme tiède coula le long de sa joue. Le passé la tenaillait, mais elle devait tout de même avancer.

            La jeune fille sortit de l’abri, portant sur son dos la totalité de son paquetage. Ses bottes laissaient des empreintes rouges dans la neige épaisse. Les chiens attendaient près du traineau, leurs grandes oreilles grises rabattues sur leur nuque. Ils semblaient comprendre le sentiment de leur maîtresse, comme un soutien illusoire tentant de porter le poids de la mort.

            La nuit glacée balayait impitoyablement le campement détruit. Judith n’avait même pas pris la peine de fouiller les cadavres, l’horreur était encore trop présente. L’atmosphère autour d’elle était froide, aussi vide que ces terres maintenant désolés. Le désespoir l’envahissait, elle n’était plus sûre d’être assez forte.

            C’est alors qu’un léger vrombissement retentit, puis devint plus fort. Les chiens jappèrent doucement. La jeune fille remarqua qu’une lumière bleutée s’échappait de sa poche. La boussole. Elle sortit en vitesse le petit objet qui n’arrêtait de vibrer. Une fois dans sa paume, celui-ci éclaira tous les environs dans un flash luminescent. Un peu éblouie, Judith cligna plusieurs fois des yeux, se demandant ce qui pouvait bien se passer.

            Soudain, un craquement dans les arbres attira son attention. Dans la lumière bleue, une ombre menaçante se dessinait dans la cime des arbres…

Signé Lézard Génial © 2010

  • Rebondissements, actions. Il y a sur la dune du Lézard génial de très belles idées. Bravo. Bravo. A+

    · Il y a plus de 13 ans ·
    Extraterrestre noir et blanc orig

    bibine-poivron

  • Classe... Que d'action! Bravo Lézard, nous sommes définitivement entrés en zone hostile. Les cimes s'éclairent et lèveront l'énigme de la lumière bleue dans quelques jours...
    Quel suspens insoutenable!!...

    · Il y a plus de 13 ans ·
    1414702 10208250168314812 750322091 n

    Grégory Parreira

  • Judith nous révèle à chaque fois ses talents, quelle idée des Wolfarts, c'est Génial ! A toi Ghregg de nous inventer une suite...

    · Il y a plus de 13 ans ·
    Images 6  orig

    Jeanne S.

  • Voilà la fin de la phrase: "...dans la cime des arbres...". Bonne lecture !

    · Il y a plus de 13 ans ·
    Dargon d absinthe orig

    Lézard Des Dunes

  • Christine à raison, ça se corse ! Mon seul souci c'est qu'il me manque la fin de la dernière phrase "Soudain, un craquement dans les arbres attira son attention. Dans la...", donc double suspense, mais j'adore, on y est vraiment quand on te lit... Chapeau Lézard !

    · Il y a plus de 13 ans ·
    Dsj 3 orig

    denis-saint-jean

  • Voilà voilà, désolé pour le gros retard (gros gros problème technique avec le vieux PC). Mais pas d'inquiétude, je suis fin prête pour reprendre l'aventure ! (C'est le lézard hein !)

    · Il y a plus de 13 ans ·
    Wmmorriswallpaper 1  orig

    J. M

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