Mes parents

liso

Mes parents sont une source d inspiration.

Au début, c était un peu des dieux, très grands. Ils avaient les réponses à toutes mes questions. Ils agitaient des oranges pour m expliquer l univers, et venaient dans ma chambre manger les fantômes qui me faisaient peur.

Puis un peu avant l adolescence, c est la découverte du subterfuge. Mes parents ne sont pas des dieux. Je vois leur déguisement divin se faire la malle. Ils deviennent incohérents, absurdes, ils ne comprennent rien, ils sont lourds et ils ont tort. Leur image passait au rouleau compresseur de mon évolution. Mes blessures me rendaient impitoyable envers leurs faiblesses. J attendais trop.  Je trouve que souvent on demande beaucoup à nos parents. On reproche, on attend plus, on trouve toujours plus d importance à ce qu il manque, qu à ce qu il y a. J ai arrêté d attendre. Alors, j ai vu que mes parents étaient des gens ordinaires. Comme les autres gens que je connais, que j apprécie pour leurs défauts et leurs qualités. J ai compris que mes manques étaient les miens, comme eux avaient les leurs, et les autres autour. Mes parents étaient finalement des êtres humains comme les autres.

Comme les autres, mais quand meme un petit peu plus extraordinaires. J ai observé plus attentivement les parties de leur personnalités qui avaient résisté au rouleau compresseur. Et j ai retrouvé des éclats de leur divinité passée. Des petits fragments de perfection, de force et d insolence, qui font qu on admire et qu on se tait.

Ma mère, c est sa liberté et sa présence à elle même. Peu importe comment on la jugera, peu importe les codes, les règles ou l environnement apparent, si elle pense qu il faut faire quelque chose, elle va le faire. Pas par opposition, ou provocation, mais juste par respect de son intuition, de sa liberté qui s élève et envahit la chair, comme la résonance du big bang dans l univers. Elle fait se plier la matière à sa conviction profonde, se frayant un chemin, petit à petit, vers le bonheur. Ma mère, a une voix intérieure comme un bouillonnement, qui gronde ou ronronne, mais qui jamais ne se tait.

Mon père, c est sa ténacité. De ne jamais lâcher. De tenir jusqu au bout, malgré les contraintes, malgré les obstacles, puisssent ils être importants, puissent ils être nombreux, toujours il va revenir, un petit peu plus fort que l obstacle, un petit peu plus malin que la contrainte. Il n arrêtera pas d inventer des solutions, jusqu à ce qu il ait réussi. Ça, c est impressionnant. Aucune complaisance avec l échec. Mon père, a la force d un titan déguisé en une petite vague, qui inlassablement travaille jusqu à ce que la falaise se fasse grain de sable.

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