Métropolitain

Hervé Lénervé

Un matin, tôt dans le métro. (Ça va, c’est assez court, comme « Courte description du texte. »)

Les gens sont ternes, esseulés dans leur pensée maussades, cloitrés dans leurs jeux vidéo abêtissant, séquestrés dans leurs musiques abrutissante. Dès que j'arrivai sur le quai, je la vis, je ne vis quelle, je ne vis plus qu'elle. Elle était plutôt grande, sa tête émergeait du commun. L'expression de son triste masque renvoyait à une nostalgie douloureuse. Ses traits étaient mélancoliques, Dieu qu'elle était belle dans sa détresse, cette femme-là ! Cette femme, dont j'ignorais jusqu'à l'existence une minute plus tôt, m'émouvait profondément, elle réveillait, en moi, une résonnance poétique. Elle donnait envie d'être réchauffer dans des bras, les miens de préférence, qui sont bien chauds. J'observais à la dérobée sa beauté, son manège aussi m'intriguait. Je la voyais hésiter, avancer puis reculer, comment voulait-elle que je… non rien.

A chaque rame nouvelle, je la sentais dans un état de fébrilité. Elle allait faire une bêtise… elle allait faire une connerie !

Trois trains étaient passés, les personnes, sur le quai, étaient montées, d'autres, dans le wagon, descendues, toutes, dans une indifférence totale, automatisme routinier du quotidien, colonne cohorte de fourmis décérébrées, mécanisme mécanique de machines, seul la femme et moi, étions restés immobiles, isolés dans un autre temps, un autre Monde. Plus je l'observais, plus je l'admirais, plus je l'aimais. Faisant fi de ma timidité, j'osais me rapprocher d'elle, à sentir la tête me tourner par la fragrance envoutante de son parfum.

Du coin de l'œil, j'entrevis la nouvelle rame qui débouchait en grondant de son antre, bête immonde à la faim insatiable de chaires fraiches. La femme s'était avancée d'un pas, ses pieds à la limite  du basculement, à la limite du vide d'une vie. Je la sentais trembler de tout son être, de toute son âme, sa fébrilité me pénétrait. Je vivais ce moment comme une complicité qui ne devait exister que chez moi, certainement. Quand la tête du monstre de métal ne fut plus qu'à une portée de gueule, j'osais poser ma main réconfortante sur son épaule. Elle tourna la tête vers moi et chose impensable, incroyable… elle me sourit.

Juste une légère pression de ma main dans son dos et l'ogre infâme l'avala.

Heureusement que j'étais là, ce matin-là ! Elle se serait encore ratée !

 

PS. Je ne suis pas toujours très fier de mon cynisme. Allez, c'est pas moi, j'l'ai pas fait exprès, c'est venu tout seul, je ne le referais plus ! La prochaine, promis,  je la sauverai ! Puis, nous aurons de nombreux enfants.

  • Parfum de rame.

    · Il y a presque 7 ans ·
    30ansagathe orig

    yl5

  • c'est le ton (le votre il me semble, hein ?) que j'aime le plus... Au fait en 2018 on se tutoie ? ou bien si on attend 2019 ?

    · Il y a presque 7 ans ·
    Autoportrait(small carr%c3%a9)

    Gabriel Meunier

    • Je ne m’embête plus avec ces subtilités, je tutoie tout le monde, enfin les gens que j’aime bien, les autres je ne leur écris pas. Donc, bien sûr qu’on se tutoie maintenant, on ne va pas attendre l’année des saints bling-bling.

      · Il y a presque 7 ans ·
      Photo rv livre

      Hervé Lénervé

  • Les fragrances ne sont que des effluves...

    · Il y a presque 7 ans ·
    Philippe effect betty

    effect

    • M’en fous, j’ai pas de nez ! :o]

      · Il y a presque 7 ans ·
      Photo rv livre

      Hervé Lénervé

    • T'as d'la chance, t'as pas d'chien :)

      · Il y a presque 7 ans ·
      Philippe effect betty

      effect

    • Si, mais pour les yeux, un chien d'aveugle! :o))

      · Il y a presque 7 ans ·
      Photo rv livre

      Hervé Lénervé

Signaler ce texte