Mina.

Christophe Hulé

Mina tu flottes, entre algues et coquillages.

Tes doigts caressent les eaux bleues, ta chevelure s'épanche sur les rochers.

Tes reins creusent des vaguelettes sans conséquence,

Qui n'iront pas perturber les étals des écumes.

Elles jouent l'indifférence pour flatter les clients

Qui n'ont d'yeux que pour toi.


Mina tu sors de l'eau, fière et timide, on ne sait trop.

Tes pas dans le sable mouillé s'effacent à l'instant.

Ton corps emplit l'horizon déjà vaincu.

Ta pudeur sauvage, tes yeux de nacre et de bleu,

Frappent la foule bigarrée que le soleil assomme.

Mina, tu marches, d'un pas superbe,

La mer est jalouse, et pour cause !


Mina puis-je croire que c'est vers moi que tu t'approches ?

Je ressens à la fois puissance et honte.

Tu te déhanches sans en faire trop, sans trop t'en faire,

Tu es parfaite et tu dois le savoir, même les mouettes semblent se taire.

Tu t'allonges sur le sable sans cérémonie, couverte de paillettes d'argent.

Des yeux par milliers te regardent, je n'ose en faire autant.

Tu prononces quelques mots que je n'ai pas entendus.


Mina tu scrutes l'horizon, avec un petit sourire, et que regardes-tu ?

Je fais semblant de m'intéresser à mon livre.

Comme j'aimerais être ailleurs, comme j'aimerais être ici, à jamais.

Je dois dire quelque chose d'intelligent ou de romance.

Tu t'approches encore plus, c'est trop pour moi.

Tu m'enlaces sans préavis, et je ferme les yeux pour croire qu'on est tout seul.

Ce qui suit restera à jamais gravé dans ma mémoire.

Comme le jour où tu es partie.

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