Miou sous les toits
W
1.
Ça avait commencé comme ça :
Il pleuviotait sur le pavage et j'étais en vadrouille, comme à mon habitude. L'automne approchait à pas de loup, cela faisait quelques heures que le Soleil avait entamé sa descente vers l'autre versant de la planète et je traversais le pont qui lui-même enjambait le fleuve, sillon d'eau sur le paysage urbain. Le ciel ressemblait à une crème glacée aux multiples parfums fondant sous la nuance. L'orange solaire se fondait dans le gris nuageux, un bleu profond et nocturne les enveloppait. Profond. C'était le mot idéal pour qualifier le ciel ce soir. J'aime ce mot, « profond », me dis-je. En latin, il signifie « en avant du fond ». Aller en avant du fond, ça a quelque chose d'absurdement courageux. Comme un vertige qui n'en finit pas et dont on ne se rassasie jamais. C'est prendre de l'avance sur l'irrémédiable chute à laquelle nous sommes tous destinés.
Je descendis de vélo une fois arrivé devant la Mie Câline. J'y achetai un pain aux raisins et un pain de campagne, en profitai pour tamponner ma carte de fidélité et repartit avec un croissant offert. Certaines bonnes surprises du hasard suffisent à vous décrocher un sourire. En sortant, je m'aperçus que la bruine s'était faite pluie. Les dernières lueurs du couchant se mélangeaient alors aux cordelettes d'eau qui s'enfuyaient du ciel. Un spectacle mélancolique comme j'aime en voir lors de mes virées solitaires. Un fumet délicat s'échappait encore de la boulangerie afin que j'en hume chaque note. Dans le vacarme des sens, je me sentais comme un pétale de cerisier qui tombe parmi d'autres pétales de cerisier. Cette impression de n'être qu'un tout petit élément dans un univers insondable m'emplissait toujours d'une joie particulière. J'aurais pu vivre ainsi encore longtemps. Mes ballades à vélo, mes rencards improvisés avec le destin, une fille qui avait un appartement perché au-dessus des trains, la danse des saisons et la régularité des cours. Une vie qui oscillait entre la discipline et l'enfantillage. Évidemment, cela ne pouvait pas durer.
J'adore : Le ciel ressemblait à une crème glacée ...Je me sentais comme un pétale de cerisier ...Les cordelettes d'eau qui s'enfuyaient du ciel.Je suis sous le cerisier et la pluie me frôle.
· Il y a environ 9 ans ·Louve
C'est beau, ce que vous dites. Merci.
· Il y a environ 9 ans ·W
c'est très beau cela me plait beaucoup et toutes les sensations que tu décris je les ais aussi vécu.
· Il y a environ 9 ans ·elisabetha
Si ce que j'écris fais écho à ton vécu, c'est d'autant plus appréciable. Merci.
· Il y a environ 9 ans ·W
J'aime bien ces images là. Ça me plait !
· Il y a environ 9 ans ·effect
Merci!
· Il y a environ 9 ans ·W