Miroir. Mon beau miroir.

mamselle-bulle

Lou observe son reflet.

Ce corps et ce visage. C'Est fou ce qu' ils ne semblent pas lui appartenir.

C'Est comme une double observation. Les yeux reflètent l'émotion. Le miroir, sa manifestation par le corps.

Elle voit son ventre grossir puis maigrir.

Alternance de diet et de bouffe grasse. Tantôt pour se remplir, tantôt pour se punir. De quoi ? Ça elle l'ignore.

L'étau se resserre. Lou suffoque. Elle a lancé un pavé dans la mare. Il faut qu' elle aille jusqu'au bout. Elle n'a plus le choix. Ne peut plus reculer. Pour ne pas perdre pieds. Pour ne pas perdre la raison.

La voici en route pour obtenir les réponses qui lui manquent. Morceaux de puzzle incomplet.

Sa vie est un point d'interrogation. Immense, flou,flippant.

Sa mère est là, l'écoute. Lui coupe la parole. Alterne les doubles messages. Suggère qu' un drame a pu se produire, là, là, ou là. Et puis se ravise, explique à Lou qu' elle ne sait pas, qu' elle n'a pas les réponses qu' elle cherche.

Comment tu veux t'y retrouver toi, dans tout ce bordel ?

Dans cette succession de contradictions à la con ?

Lou ne sait pas. Ne sait plus. Elle a perdu toute identité.

Et ce visage familier dans le miroir, semble soudain inconnu, déformé. Elle voudrait l'arracher. Un peu comme un masque.

Se reconstruire un nouveau visage. Et pourquoi pas une nouvelle vie.

Il est 10h et ses mains tremblent. Elle a envie de boire.

Envie de bouffer à exploser de tout ce gras qui se répendrait en elle.

Envie de remplir le vide. Elle est seule. L'être aimé est parti au sport. Un peu comme chaque jour.

Elle sent que l'être aimé finira par partir. Loin, loin de toute cette merde. Loin de cette Lou cassée qui voudrait qu' on la recolle.

Lou en est prisonnière. à sa merci. Prisonnière entre ses mains expertes.

Marionnette qui subit l'alternance d'amour et de rejet.

Tout est contradiction. Double message. Montagnes russes. Après tout à quoi bon ?

Lou se lève, ses yeux, miroirs de l'âme, observe ce corps et ce visage. C'Est fou ce qu' ils ne semblent pas lui appartenir.

Elle  touche sa tronche difforme, grossière, moche. Ne s'y reconnaît pas. Voudrait l'arracher. Un peu comme un masque.

Et ce corps, qui tient debout sans trop savoir comment.

Il est 10h15. Lou attrape une bouteille. Boit une gorgée. Puis la balance dans le miroir.

Lou elle aimerait bien exploser comme ça parfois.

Mais au lieu de ça. Lou ne pleure pas, s'empêche de rire quand l'être aimé est là.

Lou est tributaire du désir de l'autre. Sa vie ne lui appartient pas...

"Miroir, mon beau miroir. Je n'aime pas le portrait que tu fais de moi. Miroir, mon beau miroir. Ma vie ne m'appartient pas..."

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