Mode d'emploi de la Perfection

Dans la vie, il faut être le meilleur partout.

Il faut tout réussir.

Dans la vie, on se doit d'être parfait, et ne pas laisser un seul contexte de côté, non : il faut avoir un boulot qui paie très bien et si possible enrichissant sur le plan intellectuel (le mieux est encore d‘avoir fait de grandes et loyales études avant tout, pour le prestige, vous comprenez...), il faut se sacrifier pour obtenir un corps de « rêve », donc musclé et bronzé pour ces messieurs, squelettique et osseux pour ces mesdames, il faut, je crois, prétendre à la culture, savoir placer ça et là quelques petites phrases gonflées d'orgueil mais surtout vantant votre intelligence.

Notons qu'être bénévole dans quelque association est également bénéfique pour votre image. Après, même si les animaux maltraités c'est pas votre truc, faites semblant : c'est pour votre bien.

Rajoutons à cela les vêtements adaptés (de marque de préférence), les enfants adaptés (bien élevés et si possible, mignons), le logement adapté (grand, spacieux, lumineux, blabla), la voiture adaptée (le genre sportive, au diable l'aspect pratique de la chose !) , sans parler du conjoint adapté. (à comprendre, aussi brillant que vous, mais pas au point de vous faire de la concurrence )

Tout doit étinceler, tout doit être parfait.

Un peu comme les vampires végétariens à la Twilight, vous devez briller au soleil.

Bien évidemment, la santé rime avec la perfection : ne soyez pas malades, encore moins mentalement, où vous serez rayés de la liste des vainqueurs, de ceux qui peuvent et ont le droit de dire : moi, j'y suis arrivé.

Parfois, je me dis, pour mener à bien cette quête de l'idéal, il faut se la jouer Marilyn Monroe, et mourir jeune.

Ainsi, en plus d'avoir tout réussi, le fantasme règne, et puis, en quelque sorte, cela vous rendra immortels.

Mourir en pleine gloire, c'est le meilleur moyen de pas chuter plus bas, donc garder à sa jamais sa place dorée dans le souvenir.

Je dis ça, je dis rien.

Mais dans mon cas - dans la vie - je prône mon imperfection et je préfère encore devenir compteuse de brins d'herbes dans les champs, ou encore mangeuse de balles de golf à temps partiel.

Oui, je crois que je préfère.