Moins de préjugés ?

- Il nous a aussi dit, ajoutai-je sans relever, qu'il était persuadé qu'il descendait du dieu Zeus par sa mère, qui s'appelait...

-Olympias, princesse d'Epire.

- Et, que très tôt, il rêva de conquêtes, s'identifiant même au héros de la guerre de Troie, Achille.

- Ses rêves d'enfant se sont réalisés : devenu roi à l'âge de vingt ans, il part à la conquête du monde. Il étend d'abord sa domination sur toute la Grèce.

- Je crois me souvenir que l'une des cités se révolta particulièrement...

- C'est exact : il s'agit de Thèbes. Alexandre a ravagé la ville, signifiant à toutes les autres cités grecques qu'il était le maître.

- Et ensuite ?

- Sur les traces d'Achille, il occupe l'Asie mineure en 334.

- Nous avons lu un historien nommé Quinte-Curce.

- Je le connais bien ...

Là, ça m'en bouche un coin ! Il plaisante là ou... Après tout, pour quelqu'un qui maîtrise aussi bien les voyages dans le temps et l'espace... J'ajoutai cependant, sans oser l'interroger sur ses relations avec l'auteur des Histoires :

-  Orsus a Macedonia, imperium Graeciae teneo, Thraciam et Illyrios subegi, Triballis Maedisque imperito ; Asiam (…) possideo.

- Bravo pour ta mémoire ! Excellente citation et quel accent parfait ! A croire que tu es déjà venu à Rome.

Mince ! Que raconte-t-il là avec ce petit sourire en coin ? Je m'en souviendrais quand même ! Je ne suis pas dingue !  Quoique... Ne suis-je pas en train de discuter avec un sosie de mon prof, habillé avec une tenue... Non ! Je ne veux même pas le décrire ! Tellement il a l'air ridicule... De toute façon, c'est comme en cours ! Il continue sur sa lancée :

- Effectivement, Alexandre n'a jamais faibli. Notre éminent historien lui fait aussi dire : « Ego vero non deero et, ubicumque pugnabo, in theatro terrarum orbis esse me credam. »

 - Certes, je ne me déroberai pas, traduisis-je en prenant la position d'un Cicéron que j'avais vu dans un manuel, et, partout où je combattrai, je penserai que je suis sur le théâtre du monde. C'est ensuite qu'il partira conquérir l'empire perse, n'est-ce pas ?

- En effet. En 334, Alexandre regroupe une armée de 37000 soldats, pour aller combattre les Perses. Première bataille et première victoire pour Alexandre au Granique un fleuve d'Asie mineure, contre les Satrapes. Un an plus tard, il combat le roi Darius III à la bataille d'Issos. Alexandre est victorieux et Darius s'enfuit en laissant sa famille aux mains d'Alexandre. Et c'est en 332 qu'Alexandre arrive en Egypte, alors sous la domination Perse. Il est accueilli en libérateur et est sacré Pharaon.

- Il fonde alors Alexandrie...

- Absolument ! Et, Alexandrie est un symbole : construite par un étranger, enrichie par d'autres selon leurs conceptions architecturales et leurs besoins - gymnases et palestres - , capitale d'un pays passé sous une domination étrangère, objet de toute la sollicitude des souverains, grand port commercial, Alexandrie est une ville cosmopolite : on croise dans ses rues des Égyptiens, des Grecs, des Juifs, des Phéniciens, des Nabatéens, des Arabes, des Indiens...

- Mais, alors, tous les peuples de la terre s'y croisent ?

- D'une certaine façon, oui.

- Pourtant, ils parviennent à s'entendre ? Je veux dire, ajoutai-je, ils ont une culture différente, des religions différentes...

    Je pensai en disant cela, à toutes ces communautés qui, dans notre monde, ne cessent de s'entre tuer pour des raisons religieuses, pour des différences qu'ils semblent juger insurmontables. Était-il possible qu'à cette époque, les hommes aient eu moins de préjugés ?