Mon gamin

Une amie a posté ceci sur son Facebook 48 heures après les attentas : "J'avoue que je suis un peu...dérangée par tous ces drapeaux français qui surgissent sur vos photos de profil. Non que je n'aime pas mon pays, hein...mais il me semble qu'il ne s'agit pas aujourd'hui d'être nationaliste mais... HUMAIN."

J'ai hésité moi aussi à mettre le drapeau Français sur mon avatar pour ne pas être otage de nationalistes récupérateurs mais l'instant d'après j'étais dans une certitude : ce drapeau là est celui qui pleure ses morts et n'a aucune connotation politique ! C'est la bougie qui doucement reste allumée sur le rebord de la fenêtre du virtuel ; c'est la compassion d'une part et la peur intense d'autre part que ce soir là mon meilleur ami soit au Bataclan, que ma soeur soit à une terrasse de café, que ce conflit ne dégénère en haine de l'Autre, celui qui n'est pas considéré de la même citoyenneté parce que ne pratiquant pas la même religion. Alors je dis oui à ces visages en bleu blanc rouge parce que lorsque je reçois des messages de soutien de ma famille aux Etats-Unis, quand les capitales se drapent de bleu blanc rouge je ne vois pas là de nationalisme, je vois une appartenance à un groupe qui dépasse largement 66 millions d'individus pour grossir et devenir des centaines de millions de soutiens. Donc non cela ne me dérange pas parce que c'est moi qui peux me regarder dans une glace, relever la tête en disant à ces saloperies d'inhumains assassins : je suis universellement bleu blanc rouge et je vous emmerde !!!

Ceci étant dit et totalement assumé, pouvions-nous anticiper une guerre de religion déclarée depuis au moins quarante ans au monde pour imposer un univers relevant d'un fanatisme qui n'est pas sans rappeler le fondamentalisme tel qu'à connu l'Europe au siècle dernier avec deux guerres mondiales ? Oui ! Les groupes terroristes d'un islam radical ne sont pas nés hier, en l'an 2000 qui n'a que quinze ans mais dans les années 1980 voire avant avec entre autre l'entrée des soviétiques en Afghanistan, le G.I.A en 1990, l'attentat contre les tours du World Trade Center en 2001... Est-il besoin d'énumérer l'historique de la mémoire immédiate et d'oublier la mémoire à moyen terme ? Comment ne pas  se remémorer les pires horreurs du nazisme ou du stalisnisme, totalitarismes créés par des décérébrés qui massacraient aux nom de lois reposant sur la pureté d'une race, d'une religion, d'un système politique qui ne pouvaient pas envisager et souffrir l'idée d'un monde basé sur les différences qui font la richesse de populations, de nations, d'une planète où l'utopie absolue serait de vivre dans une unité reposant sur et avec les concepts pourtant simples du respect et de la tolérance.

«Nous ne gagnerons pas contre l'idéologie de Médine [de l'Islam radical] en arrêtant le kamikaze juste avant qu'il se fasse sauter. Où qu'il soit, un autre ou une autre prendra rapidement sa place. Nous ne gagnerons pas en rayant de la carte l'Etat islamique ou al-Qaida ou Boko Haram: un nouveau groupe radical apparaitra ailleurs. Nous ne gagnerons que si nous sommes capables de combattre l'idéologie de l'Islam radical, de contrer son message de mort, d'intolérance et de promesse dans l'au-delà avec notre propre message de vie, de liberté et de poursuite du bonheur ici et maintenant». C'est ce qu'écrit pour Foreign Policy Ayaan Hirsi Ali, femme politique et écrivain néerlandaise d'origine somalienne menacée de mort par les islamistes. 
http://www.slate.fr/story/109981/daech-vraie-nature

Y a t-il un lien entre la couverture de cet article et les attentats à Paris ? Inutile de dire que le Fhaine s'est emparé d'un message qu'ils ont détourné immédiatement (voir l'édifiant édito du Lab politique d'Europe1 http://lelab.europe1.fr/edito-lindecence-des-reactions-politiciennes-a-chaud-2620311) mais dommage, les terroristes sont français, ne portent pas de barbe ni de djellaba ni aucun signe pour un "délit de sale gueule". Il leur reste alors des discours haineux stigmatisant sans aucun scrupule, sans aucune réflexion tangible, l'autre, le croyant, le fidèle mais non chrétien ! Tout cela est_axé sur la peur, l'appréhension d'un étouffement, d'un changement de civilisation que veulent imposer des fanatiques utilisant l'ultra violence pour déboulonner des valeurs de respect, de cultures, de pensées bien relayés à contrario par ces discours politiques basés sur l'ostracisme, la fermeture des frontières, en détournant une question essentielle : peut-on accueillir ce flux de migrants terrorisés par doit-on accueillir ces terroristes potentiels de Daesh ou autre !! Et ce détournement basé sur les origines est pourri et malsain.

Nous sommes dans une culture où les femmes, les homosexuels, les fous, les artistes, les profs, les soignants, les écrivains, les poètes et les autres, tous les autres quels qu'ils soient ont une fonction commune : acquérir et sauvegarder leurs droits nommés également Liberté Egalité Fraternité pour tous ! Tous englobant les enfants, les femmes les hommes qui au péril de leurs vies essaient de sauver leurs existences et cherchent d'autres valeurs que celles dictées par la peur atroce, l'analphabétisme, l'esclavagisme avec entre autre celle des esclaves sexuelles, la torture, tout cela imposé car le châtiment suprême est la mort, l'égorgement, la crucifition de corps décapités par des cinglés déhumanisés prônant une société où l'humain est décimé sous prétexte d'un texte religieux lu à l'envers et encore : est-il lu ? Inutile de rappeller que tout cela se vit sous les bombes, les attentas des kamikazes, les tortures des gouvernements en place...

Alors oui je pense à ce gamin qui fuit cet état de fait et je pleure moi aussi nos morts bleus blancs rouges ou d'autres drapeaux avec d'autres couleurs, d'autres cultures. Oui je pleure aussi pour la culture quand des kalashnikov arrivent dans le dos du public et tirent dans le tas, quand boire un verre en terrasse devient un cercueil collectif. Oui je pleure parce que je ne sais pas étouffer mes émotions mais je ne veux pas être dans la manipulation de ma pensée qui serait gouvernée par des autocrates auto-censeurs qui sont bien implantés sur notre sol.

Oui je comprends que des milliers de canaux pneumatiques accostent sur les berges de la survie quand ils n'ont pas coulé. Oui j'ouvre ma main pour aider un enfant, une femme, un homme à mettre un pied sur la terre ferme, celle de l'intelligence du coeur.

Vidéo : texte de Stéphan Mary interprété par le Zèbre (La ligue Slam 37) le 13 octobre 2015