Mon héros

lafaille

Nouvelle inspirée du tableau de Félix Vallotton : Dîner. Effets de lampe.

Je me souviens de ce soir où mes parents avaient invité mon oncle d’Amérique. J’étais fasciné par cet homme, revenant du continent Américain. Sous la lumière chaude de la cheminée, il nous racontait les gens qu’il avait rencontrés au cours de ce long voyage, de ses embuscades à travers la forêt canadienne, traquant l’animal pour se nourrir. Il me regardait attentivement, et persuadé de sa puissance il déclara :

_ Tu n’es pas encore couchée ? Oups j’étais trop sous le charme de cet homme pour pouvoir lui répondre.

_ Vera n’a pas école demain elle est en vacances.

_ Tu as de la chance Vera, tu as des parents en or. Je ne dis rien mais je fus surprise de cette affirmation, qu’est-ce qu’il en savait lui qui était parti en Amérique, il ne savait rien. Ma fascination pour cet homme se transforma en interrogation, puis en dégoût. Pour qui se prenait-il monsieur je sais tout ? De la chance ? Il me scruta de nouveau et me fila un billet de 10, c’était énorme pour l’époque. C’était énorme pour moi. Mais cet argent, je savais bien qu’il allait disparaitre dans les poches trouées de papa. Pourtant cet argent représentait pour moi le saint Graal, m’emmenant rien qu’en le touchant vers d’autres continents bien plus accueillants que cette maison.

_ Regarde comme il est gentil ton oncle.

Mon oncle ? Ni ma mère ni mon père n’avaient de frère, qu’est-ce qu’ils me voulaient ? Se débarrasser de moi, j’y étais, mes parents ne voulaient pas de moi. Cet homme était venu pour me ramener chez lui, mes parents avaient-ils reçu de l’argent pour ça ? Je me demande combien je valais ? J’étais si surprise que je ne dis rien mais je sus que cet homme ne me voulait pas que du bien, j’avais besoin d’être sauvée mais personne n’était là.

Seules les ombres félines griffaient le mur d'une réalité rassurante, et j'avais beau regardé autour de moi, tentant de trouver une échappatoire, personne à part cette lampe éblouissante. 7ans seulement et je me sentais piégée par cet interrogatoire injuste.

_ Dis- moi Vera, tu veux faire quoi plus tard ? Mon petit doigt me dit que tu as de bonnes notes à l'école.

_ Je veux travailler dans la police.

_ Quel beau métier que celui de policier ! Tu sais que je travaille pour le FBI ?

_ Au FBI ? Ouah ! C'est quoi ?









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