Mon logement parfait - ScoreVisit

max-cr-m

Texte écrit pour participer au concours lancé par Score Visit qui encourage à imaginer le logement parfait. Ce texte est une auto-fiction.

Oubliez un instant la pièce dans laquelle vous êtes. Faites un bond en arrière, au réveil de ce matin, et re-levez vous, comme je me lève maintenant. Alors qu'il pleut dehors, bien au chaud dans mon lit, je n'entends plus le lourd bruit des gouttes tombant par packs entier sur le store : le store s'est ouvert, et la pièce s'est emplie de la faible, presque grésillante lumière d'un ciel couvert, qui descend en puit de la fenêtre circulaire en double-vitrage isolé, au plafond. Tout est réglé depuis mon Smartphone : l'heure du réveil commande l'ouverture du Store, mais ce n'est que la première option que je j'utilise de la journée ; il y en a bien d'autres dans l'appartement. La programmation se synchronise en Wi-Fi, puis est stockée dans le système central : je peux ainsi dormir en coupant mon téléphone et les autres appareils. Je n'ai plus qu'à me lever. 


L'ÉTAGE DU HAUT


J'aime l'étage du haut. 4 chambres, 2 salles de bain. Ça n'est pas pour cela que j'aime l'étage du haut. J'aime l'étage du haut parce qu'il est organisé comme un couloir d'hotel : les chambres se font face dans le couloir et les salles de bain avec toilettes se trouvent en bout, de chaque côté de l'étage. Il y a de la place pour 8, ou pour 4, ou en tout cas assez d'espace pour 2. S'il fallait y vivre seul, je pense, chacune de ces pièces pourrait être une extension de mon univers. Un studio de musique là, dans l'autre pièce une salle pour faire de l'exercice. Mais ce serait dommage que la deuxième salle de bain ne soit pas utilisée, d'autant que l'étage du haut est l'étage de la nuit. Je préfère vivre selon ce trajet : descendre sur terre le jour, retourner dormir sous le ciel la nuit. J'emprunte l'escalier hélicoïdal en fer forgé (certifié conforme cette année encore) et descends à l'étage du Bas, l'étage du jour. 


L'ÉTAGE DU BAS


Faire une série de pompes le midi pendant que mon repas cuit, en écoutant les informations : voilà quelque chose qui pourrait me mener loin, si j'en crois TOTAL RECALL, l'autobiographie d'Arnold Schwarzenegger posée sur la tablette vide-poches aux pieds de l'escalier. Je vais commencer par traverser le grand espace aménagé à différents niveaux d'altitude (sur ma gauche est la Véranda, en hauteur telle un podium, car le sol du jardin suspendu est plus haut de ce côté-là de la tour) au bout duquel il y a la cuisine, près de l'entrée. Sur ma droite, plus bas dans le sol, une zone de parquet où j'ai mis mon bureau qui, bien qu'immense et majestueux, n'occupe qu'un quart de la place disponible. Des baies vitrées, dont les stores s'ouvrent à ma venue - alors que j'entends le BIP de la machine à café qui se met en route toute seule, font entrer plus de lumières que les ouvertures de l'étage du haut et chaque détail de mes trésors apparait peu à peu dans l'obscurité. 

Il fait bon, au point qu'une fois mon café coulé je ne suis même pas pressé de le boire. Un dilemme me saisit : prendre mon petit déjeuner dans le prolongement de la cuisine, au Bar, ou amener le service jusqu'à la Véranda ? Profiter de sa taille, de sa table à manger avec dans le salon, étendu dans le même espace, un amplificateur et des baffles. Manger mes gaufres sur un air de musique. Savourer cet autre type de moment sous le vert du MVO ; Mur Végétal Optimisé, sorte d'écosystème qui court le long des habitations, serpentant entre les panneaux solaires comme sur le toit de ma chambre. Les enfants ne sont pas encore réveillés - l'ouverture de leur store n'est pas programmée du tout - je mangerai plutôt sur le bar, seul.


Maintenant, revenez à votre pièce. 


Vous venez de ressentir ce que ça fait de se réveiller un dimanche dans mes chaussons. Certains ont pu penser que je suis fou de mettre mon réveil le Dimanche. Aussi je vous promets qu'il y a bien un autre jour dans la semaine où je ne mets pas le réveil. Mon chez-moi, il m'a été inspiré par ces nouvelles résidences qu'on voit fleurir ça et là, bien souvent l'oeuvre de filiales immobilières des banques. Puisqu'aujourd'hui on nous fait rêver de plus en plus à une habitation délirante - en devant souvent se contenter d'une réalité bien moins éclatante, mais qu'on saura toujours, avec des efforts, rehausser d'une touche d'âme et de chaleur - mon chez moi de rêve est à la fois populaire et luxueux. En définitive, n'avons nous tous pas droit à un tel luxe ?

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